Même si elle répète qu’il faut tout mettre en oeuvre pour lutter contre le réchauffement climatique, la ministre de l’Environnement Catherine McKenna refuse de se prononcer sur la cohérence entre l’exploitation croissante des sables bitumineux et la nécessité de s’attaquer à cette crise environnementale sans précédent.
« Nous savons que nous sommes dans une transition et que nous devons avancer vers des énergies plus propres. Mais on ne peut pas le faire du jour au lendemain », a-t-elle plutôt fait valoir mardi, dans le cadre d’une conférence de presse téléphonique tenue en directe de la conférence de l’ONU sur le climat de Bonn, la COP23.
« On ne peut pas fermer » le secteur pétrolier et gazier « du jour au lendemain », a-t-elle ajouté, en réponse à un journaliste qui lui demandait quel était le « plan » pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de ce secteur, qui représente le principal émetteur au Canada.
Les plus récentes données fédérales indiquent en effet que le secteur pétrolier et gazier compte pour 26 % des émissions de GES du pays. Il devance donc les transports, qui se situent à 24 %. Qui plus est, depuis 1990, les émissions de l’exploitation de pétrole et de gaz ont augmenté de 76 %. Les émissions de GES provenant de l’extraction des sables bitumineux ont quant à elles « plus que quadruplé ».
Plan albertain
Mme McKenna a toutefois souligné l’importance de « reconnaître que le gouvernement de l’Alberta a pris des engagements très forts » en matière de lutte contre les changements climatiques. Concrètement, a-t-elle rappelé, le gouvernement albertain a décidé d’imposer un « plafond » d’émissions de GES au secteur des sables bitumineux, fixé à 100 millions de tonnes par année.
Cela signifie que l’industrie, qui émet actuellement environ 70 millions de tonnes, pourra poursuivre sa croissance au cours des prochaines années. Selon l’Association canadienne des producteurs pétroliers, la production des sables bitumineux pourrait augmenter de plus de 50 % d’ici 2030, pour atteindre 3,7 millions de barils par jour.
L’Alberta a aussi mise en place une taxe carbone, malgré les nombreuses réticences dans la province. « Nous devons soutenir ces gestes et nous travaillons ensemble, a fait valoir mardi la ministre de l’Environnement et du Changement climatique. Polluer n’est pas gratuit. Il y a un coût pour la santé et il y a un coût pour le climat. »
Leadership canadien
Catherine McKenna a par ailleurs vanté le « leadership canadien » en matière de lutte contre les changements climatiques dans le cadre de la COP23 de Bonn. Lundi, Ottawa a annoncé la mise sur pied d’un « Dialogue nord-américain » sur le climat, en compagnie du Mexique et de l’« Alliance climatique des États-Unis », qui comprend 15 gouverneurs américains.
Parmi les priorités de cette nouvelle organisation, mise en place dans le contexte d’une présidence américaine de plus en plus isolée sur le front climatique, on retrouve le développement du « transport propre », « l’appui à la production d’électricité propre »et « les initiatives de tarification du carbone ».
Dans un rapport publié lundi, le Global Carbon Project a en outre prévenu que les émissions mondiales de CO2 sont reparties à la hausse cette année, après trois années de relative stabilité.
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