Par-delà la bien-pensance pédagogique

Livres - revues - 2010

Cliquer sur l'image pour accéder au premier chapitre du livre, l’introduction rédigée par Marc Chevrier, qui rend compte du débat engagé sur la réforme au Québec et offre une synthèse des sept contributions du livre, auquel ont aussi collaboré Rachel Bégin, Mathieu-Robert Sauvé, Normand Baillargeon, François Charbonneau, Éric Bédard et Jacques Dufresne.
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N’en déplaise au quotidien montréalais Le devoir, et en particulier au petit pape des essais québécois, [Louis Cornellier, qui aimerait en finir avec tout débat sur la réforme pédagogique imposée aux écoles du Québec->27690], le Collectif pour une éducation de qualité (CEQ) estime que les Québécois méritent un vrai débat sur les fondements, les visées et les effets de cette réforme bricolée dans des conditions peu conformes aux règles élémentaires de la prudence. Bien loin qu’il faille se ranger massivement derrière l’avis de technocrates et de pédagogues apprentis sorciers qui intiment aux enseignants, parents, élèves et citoyens de croire aux bienfaits de la réforme parce que ses concepteurs en ont décidé ainsi, ce débat encore naissant, encore mal abouti, que Le Devoir et autres censeurs du parti pédagogique aimeraient taire à tout prix pour ramener le Québec dans la droite obéissance scolaire, doit être continué.
Comme l’écrivait récemment la philosophe Angélique del Rey dans un livre percutant sur l’approche par compétences qui s’insinue dans le cursus scolaire comme dans la prose des organismes internationaux : « La notion de compétences s’est introduite et progresse dans l’école sans beaucoup de résistance active. […] [A]u Québec, beaucoup d’intellectuels critiquent la réforme, un syndicat est né pour se positionner contre. Ce ne sont cependant que des mouvements minoritaires : si résistance il y a, c’est plus sous la forme d’une certaine inertie. » (À l’école des compétences, Paris, La découverte, 2010, p. 107). Pour sortir de cette inertie ambiante, qu’ont encouragée Louis Cornellier et Josée Boileau en éditorial du Devoir, nous proposons donc la résistance active, par la voie de la réflexion critique qu’ont empruntée les sept auteurs de Par-delà l’école-machine. Pour avoir un avant-goût de l’ouvrage, qui ne prétend nullement explorer toutes les dimensions problématiques de la réforme, on pourra lire la présentation ci-bas de l’ouvrage, ainsi que l’introduction rédigée par Marc Chevrier, qui rend compte du débat engagé sur la réforme au Québec et offre une synthèse des sept contributions du livre, auquel ont aussi collaboré Rachel Bégin, Mathieu-Robert Sauvé, Normand Baillargeon, François Charbonneau, Éric Bédard et Jacques Dufresne.
Présentation de l’ouvrage Par-delà l’école-machine. Critiques humanistes et modernes de la réforme pédagogique au Québec, Québec, éditions Multimondes, 2010.
Un grand débat sur l’éducation fait rage au Québec depuis l’annonce en 1997 d’une réforme pédagogique d’une ampleur insoupçonnée. Bien loin de s’épuiser, ce débat a révélé le fossé grandissant qui sépare les tenants d’une vision de l’apprentissage fondée sur l’activité de l’apprenant-élève et les défenseurs d’un enseignement axé sur les savoirs et la pédagogie explicite de maîtres versés dans leur discipline. Or, c’est justement en vue de montrer au public les impasses où conduit cette réforme et la fragilité de ses fondements que des intellectuels ont fondé en janvier 2006 le Collectif pour une éducation de qualité (CEQ). Plusieurs d’entre eux, avec d’autres auteurs partageant les visées du CEQ, ont ainsi décidé de faire ce livre pour donner une voix à la perspective humaniste et moderne en éducation, souvent ignorée ou méprisée dans les milieux pédagogiques férus d’inventions parfois abracadabrantes.
Journaliste, universitaire, libre penseur ou chercheuse indépendante, les sept auteurs du présent ouvrage ont tenté d’esquisser ce que devient hélas l’école québécoise : une école dévorée par une administration censée la servir, aveuglée par une idéologie progressiste politisant à outrance l’école et conquise, au bout du compte, par une utopie technicienne n’assignant à l’Homme aucune finalité propre, sinon à s’adapter à aux normes du milieu et de la société productive. Or, cette école-machine qui a battu en brèche tout principe de « précaution pédagogique » ne se donne pas les moyens d’enseigner proprement les sciences aux plus jeunes et lie le succès scolaire à une vision de l’estime de soi bien peu convaincante. Ses assises idéologiques révèlent qu’au nom d’une certaine idée de la démocratie appliquée à l’école et d’une conception radicale de l’autonomie individuelle, ses promoteurs rêvent un monde sans hauteur ni médiation. En fait, cette pédagogie en apparence progressiste puise au catholicisme québécois imprégné de personnalisme dont l’un des clercs les plus éminents, Pierre Angers, a été aussi le chantre des méthodes actives en pédagogie, transposant à l’école sa critique de l’Église traditionnelle. Enfin, le relativisme radical dont cette pédagogie se réclame et dont le controversé cours d’éthique et de culture religieuse (ECR) est la troublante illustration promeut un Homme sans intériorité, augmenté de l’extérieur par la technique.
Par leurs contributions, les auteurs veulent ainsi tirer les leçons de ce gâchis et repérer des voies pour l’avenir, sans perdre de vue les intentions fondatrices du projet éducatif des Modernes.

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Marc Chevrier25 articles

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Professeur au département de science politique de l'UQAM - Docteur en science politique, Marc Chevrier collabore régulièrement à L'Agora depuis plusieurs années. Il a publié divers articles sur la justice, la culture politique au Québec et au Canada et sur la réforme de l'État.





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