Le 1er août 1996, six magistrats, spécialisés dans la lutte contre le crime organisé, lançaient l'appel de Genève. Dénonçant la complicité, plus ou moins passive, dont bénéficiait la grande criminalité de la part des États européens, il en appelaient à une action vigoureuse destinée à faciliter le démantèlement des circuits financiers qu'emprunte l'argent sale en Europe: développement de l'entraide judiciaire, levée du secret bancaire, développement de l'assistance administrative mutuelle en matière fiscale, etc.
Cet ouvrage, préfacé par Laurence Vichnievsky et Eva Joly, s'inscrit dans le lignée de cet appel. Les trois premiers chapitres sont rédigés par Jean de Maillard: le premier replace le développement du crime international et le blanchiment dans le mouvement général de libéralisation de la finance internationale depuis les années 1980; le second décrit les rouages de l'économie criminelle et le troisième, les différentes stratégies de blanchiment.
La quatrième partie est constituée d'articles rédigés par les signataires de l'appel de Genève qui mettent en lumière à la fois le manque de volonté des États et leur impuissance à combattre le blanchiment, et le danger que représente l'impunité dont jouit l'économie du crime et qui corrompt le jeu démocratique.
À la fois militant et pédagogique, l'ouvrage vaut par la clarté à la fois de son exposé et de ses prises de positions, Il perd toutefois parfois en rigueur ce qu'il gagne en vigueur. Ainsi, plutôt que de donner des chiffres, certes impressionnants, mais dont les sources et les méthodes d'élaboration ne sont jamais précisées, on eût apprécié que fût plus précisément analysée l'importance financière, en volume, du blanchiment et plus globalement, de l'économie criminelle.
Le Banquet, n°12, 1998.
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