Québec — Favorable à l’acheminement du pétrole des sables bitumineux par pipelines au Québec, la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, s’apprête à négocier avec les promoteurs de pipelines pour compenser les émissions de gaz à effet de serre issus des sables bitumineux.
« Nous avons une préoccupation concernant la provenance du pétrole des sables bitumineux, on sait qu’ils émettent plus de gaz à effet de serre », a soutenu la ministre Martine Ouellet en marge du congrès de l’Association des économistes québécois, qui se déroule cette semaine à Québec sur le thème des ressources naturelles.
« Nous sommes à réfléchir actuellement à quel genre de moyens on pourrait discuter avec les promoteurs pour avoir des moyens de compensation pour diminuer les gaz à effet de serre du Québec suite à ces projets-là. »
Bien qu’il n’y ait pas encore eu de discussions formelles à cet effet, elle dit avoir vu une « ouverture » chez les promoteurs - soit Enbridge et TransCanada - lors de rencontres préalables.
Les préoccupations de la ministre des Ressources naturelles sont en contradiction avec celles de son confrère de l’Environnement, Yves-François Blanchet, qui affirmait en entrevue au Devoir plus tôt cette semaine que l’opposition à l’arrivée du pétrole des sables bitumineux au Québec était davantage « philosophique ».
0,1% des émissions mondiales
La ministre des Ressources naturelles contredit également son homologue canadien, Joe Oliver, qui a répété à maintes reprises dans son discours que le pétrole issu des sables bitumineux n’était pas plus polluant qu’un autre. « Les sables bitumineux sont responsables de seulement 0,1 % de l’ensemble des émissions mondiales des gaz à effet de serre », a expliqué le ministre, ajoutant que les avancées technologiques ont permis des GES de 26 % par baril depuis 1990.
En mode séduction devant les économistes québécois, le représentant du gouvernement Harper a qualifié les sables bitumineux de « grand projet d’innovation », ajoutant que les sables bitumineux occupaient une superficie 17 fois moindre que la superficie totale occupée par les réserves et les installations du complexe hydroélectrique de la Baie-James.
Le ministre a réitéré les avantages du pétrole de l’Ouest canadien sur celui que le Québec importe de l’étranger, affirmant qu’il en coûterait en moyenne 25 $ de moins par baril pour du brut léger canadien.
« Dans les dernières années, jusqu’à 80 transporteurs de pétrole brut ont visité le fleuve Saint-Laurent chaque année. Cette situation est en partie due à notre incapacité d’acheminer notre propre pétrole canadien vers l’est du pays. Notre gouvernement croit qu’il est grand temps de renverser la vapeur. »
Il estime que les pipelines constituent un « moyen sûr et efficace » d’acheminer le pétrole. « Nous devons absolument continuer à augmenter la capacité de notre réseau de pipelines », a-t-il ajouté.
Évaluations environnementales
En point de presse, il a soutenu que les évaluations environnementales menées par l’Office national de l’énergie étaient plus que suffisantes, mais il reconnaît le droit du Québec à mener les siennes. Il s’inquiète néanmoins des retards et autres complications que ce dédoublement pourrait occasionner. « Oui, ça peut être une préoccupation, mais on espère que leurs études seront effectuées simultanément. »
Plus tôt dans la journée, le ministre des Finances, Nicolas Marceau, a pour sa part parlé du potentiel pétrolier québécois, se réjouissant des éventuels milliards que l’État pourrait percevoir sous forme de redevances. « À partir du moment où on prend les choses de front et on les fait correctement, je pense que c’est tout à fait envisageable, je pense que les Québécois seraient favorables à l’exploitation du pétrole sur l’île d’Anticosti. »
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