Nuit d'horreur au Vieux-Port de Québec

Oui à un débat national sur la santé mentale

Pourquoi attendre la tragédie avant d’agir?

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Tribune libre

Les derniers points de presse qu’a accordés le maire de Québec, Régis Labeaume, eu égard au drame qui s’est déroulé dans le Vieux-Port et qui a fait deux morts et cinq blessés nous ont démontré hors de tout doute que le maire est très affecté par cette tragédie.


Or nonobstant l’accroissement de cas liés à la santé mentale dû aux mesures de confinement mises en place en raison du coronavirus, force st de constater que la santé mentale a toujours été, bien avant la pandémie, l’enfant pauvre du ministère de la Santé et des Services sociaux, le budget y étant consacré ne totalisant que 6% des dépenses totales du MSSS.


De son côté, le ministre délégué à la Santé, Lionel Carmant, persiste à nier l’existence d’une crise reliée à la santé mentale mais plaide qu’au contraire, la situation est sous contrôle quoique 16 000 noms sont inscrits sur la liste d’attente pour de l’aide psychologique en lien avec un problème de santé mentale.


Par ailleurs, le suspect de la tragédie du Vieux-Port, Carl Girouard, 24 ans, selon certaines sources fiables, avait déjà détaillé son projet de passer à l'action, vêtu d’un costume médiéval et portant une épée, à des spécialistes qui le suivaient pour des problématiques en santé mentale en 2014. Six ans plus tard, il est passé à l’acte.

Carl Girouard est demeuré en liberté pendant toute cette période malgré ces idées démoniaques qui le hantaient depuis six ans. Depuis son escapade meurtrière, le cachet historique et festif du Vieux-Québec s’est transformé en scène de crime odieuse. La population ambiante est consternée et sous le choc.


Conséquemment, la proposition du maire de Québec d’ouvrir un débat national sur la santé mentale m’apparaît fort judicieuse. La population a besoin d’un exutoire. Il est plus que temps que tous les intervenants se mobilisent pour contrer en amont les problèmes de santé mentale qui ne cessent de s’accroître.

Pourquoi attendre la tragédie avant d’agir?


L’horrible drame qui s’est produit dans le Vieux Québec le soir de l’Halloween revient relancer, pour une énième fois, le débat sur les problèmes de santé mentale. Et pourtant, d’autres tueries réalisées par un meurtrier ayant un problème de santé mentale se sont déroulées bien avant cette soirée sanguinaire du 31 octobre.


Or ce n’est pas d’hier que la santé mentale se retrouve dans la position de parent pauvre du système de santé québécois. À titre d’illustration, le budget consacré à la santé mentale ne totalise que 6% des dépenses de programme du Ministère de la Santé et des Services sociaux alors que, selon l’OCDE, les problèmes de santé mentale représentent près du quart de l’ensemble des problèmes de santé d’une population.


Il est quand même étonnant d’entendre les réactions des principaux acteurs politiques, notamment le premier ministre François Legault et la vice-première ministre Geneviève Guilbault condamnant les actes barbares du suspect un peu comme si un comportement aussi désaxé sortait de nulle part…


« De tels gestes ignobles ne doivent plus se produire au Québec, Il faut que ça change », a-t-on entendu lors des points de presse ayant suivi le drame. Personne n’est contre la vertu mais elle doit être accompagnée d’actions concrètes.


Et, à mon avis, les efforts doivent être concentrés en amont et, pour ce faire, les argents nécessaires à l’embauche de personnel compétent doivent être au rendez-vous à défaut de quoi les politiciens reviendront encore déplorer une autre tragédie liée à un suspect souffrant de maladie mentale…


...


Défendre la liberté d'expression mais... 


Le premier ministre Justin Trudeau s’est finalement distancé de la position du président français Manuel Macron eu égard aux caricatures de Mahomet en affirmantqu’il allait « toujours défendre la liberté d’expression » mais que « dans une société pluraliste, diverse et respectueuse comme la nôtre, nous devons être conscients de l’impact de nos mots, de nos gestes sur les autres, particulièrement ces communautés et populations qui vivent énormément de discrimination encore. »



Par ailleurs, dans un scénario fictif mais plausible, M. Trudeau trouverait-il inappropriée une caricature le représentant en train de faire une allocution devant une salle bondée venue l’entendre faire les louanges de We Charity, accompagné sur la scène par sa mère Margareth Trudeau et son épouse Sophie Grégoire?



Aux dires du premier ministre, la liberté d’expression doit s’exercer dans le « respect pour les autres » et avec le souci de « ne pas blesser de façon arbitraire ou inutile », l’intention du caricaturiste, sans malice soit-elle, n’étant pas nécessairement pertinente dans le débat.



Revenons-en à notre caricature de M. Trudeau en lien avec l’organisme We Charity. Dans un tel cas, Justin Trudeau invoquerait-il le fait que l’intention du caricaturiste « n’était pas nécessairement pertinente dans le « débat » et qu’elle « dépassait les limites du respect pour les autres »?



À toutes fins pratiques, monsieur Trudeau, la décision de l’enseignant français Samuel Paty de montrer des caricatures de Mahomet à ses élèves dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression était-elle condamnable en vertu de vos balises? Et si oui, quelle sanction M. Paty aurait-il dû recevoir?



Le gouvernement Legault doit justifier ses mesures sanitaires



Le bras-de-fer qui a opposé récemment une coalition formée de plus de 250 gymnases, centres de yoga, de danse, d’arts martiaux et de CrossFit au gouvernement incarne, selon moi, le résultat de mesures sanitaires coercitives pour lesquelles les propriétaires ne voient pas la nécessité eu égard à l’entreprise qu’ils gèrent.



À cet effet, plus la période d’arrêt des activités de ces centres se prolongera, plus il deviendra essentiel que le gouvernement justifie auprès des propriétaires et des utilisateurs les motifs inhérents à la prolongation de l’application des mesures sanitaires mises en place.



À mon avis, le simple fait de dire que le nombre de cas quotidiens de contaminations au coronavirus au Québec est encore trop élevé pour atténuer les règles régissant les mesures sanitaires n’est pas suffisant pour convaincre ces propriétaires qui, de leur côté, sont convaincus que leurs centres répondent aux normes de sécurité sanitaires exigées par le gouvernement.



De surcroît, je crois que le gouvernement se doit de se montrer sensible à un des arguments de ces propriétaires, à savoir le bien-être physique et psychologique que procurent à leur clientèle ces séances d’entrainement, et par ricochet, les effets négatifs d’en être privée.



Enfin, je suis d’avis que le dialogue entre les parties est encore le meilleur moyen d’en venir à une entente… pour autant que les deux parties se plient à cet exercice de bonne foi et s’entendent sur un modus vivendi acceptable pour tous.



Henri Marineau, Québec


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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