C'est le monde à l'envers. Le Parti québécois impose une charte qui remet en question des droits fondamentaux et augmente les tensions sociales, mais c'est le Parti libéral qui est sur la défensive depuis deux bons mois...
Cette désolante situation, les libéraux en sont les seuls responsables. Incapables de donner une réplique solide, cohérente et articulée au ministre Drainville, ils laissent à ce dernier le soin de décocher les flèches alors qu'il devrait en être la cible.
Déjà évidente le mois dernier, l'incompétence des troupes de Philippe Couillard sur cette question est encore plus manifeste depuis le début de la commission parlementaire, alors que plusieurs intervenants livrent une réplique bien sentie au gouvernement Marois, en relevant ses contradictions, ses contrevérités et son opportunisme électoral.
Pendant ce temps, le Parti libéral s'empêtre dans des questions secondaires comme le port du tchador à l'Assemblée nationale! Pour un parti qui promettait de s'en tenir aux grands principes qui ont mené à sa fondation, c'est raté...
Disons-le, Marc Tanguay est un piètre critique en matière de laïcité, ce qu'il a prouvé à maintes reprises depuis sa sortie malheureuse sur le tchador à la mi-novembre, une bourde qui s'étire depuis. Il semble continuellement déstabilisé, ayant de la difficulté à approfondir, se contentant trop souvent d'attaques partisanes en lieu et place d'un questionnement méthodique du gouvernement.
Qu'arrivera-t-il aux fonctionnaires qui décident de garder le voile? Pourquoi cet entêtement à vouloir bannir les signes religieux? Pourquoi refuser d'en faire une question distincte des accommodements raisonnables? Des questions autrement plus importantes que l'hypothétique élection d'une femme portant le tchador et auxquelles le ministre Drainville doit répondre.
Si M. Tanguay est incapable d'acculer son vis-à-vis au pied du mur, que le chef libéral le fasse. Où est-il, d'ailleurs? Ne s'aperçoit-il pas que les talents de communicateur du ministre Drainville sont mis en valeur par la faiblesse de son critique?
Bien que la chose soit rarissime, M. Couillard devrait songer à participer lui-même aux séances de la commission, étant donné l'importance de l'enjeu. Ce serait l'occasion de rappeler qu'il est le capitaine de ce bateau qui, pour l'instant, vogue au gré des questions posées par les journalistes. Ne disait-il pas l'automne dernier qu'il faudrait lui «passer sur le corps» pour adopter la Charte?
Pour l'instant, c'est plutôt dans les mémoires qu'on retrouve ce nécessaire questionnement de la Charte. Dans celui de Sam Haroun, qui met en garde le gouvernement contre «le zèle et l'impatience de la tentation idéologique». Dans celui de Michel Seymour, qui rappelle qu'«il n'existe pas de droit à ne pas être exposé au particularisme identitaire des autres». Dans celui du Barreau, qui estime que l'interdiction des signes religieux n'est pas conciliable avec la Charte québécoise des droits et libertés.
Évidemment qu'il est épineux de s'opposer à la Charte sans s'aliéner le vote francophone. Mais aux yeux de l'électorat, l'absence de position pourrait être jugée encore plus durement que l'opposition à la Charte.
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