Ottawa et Québec «ravis» du choix de Cano à l'OIF

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La directrice de la chaîne parlementaire canadienne nommée à la Francophonie


Le poste de numéro 2 de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) sera bel et bien occupé par une Canadienne : la Québécoise Catherine Cano a été nommée administratrice de l’organisation mardi, quelque trois mois après la fin du mandat de Michaëlle Jean comme secrétaire générale.


C’est la successeure de Mme Jean, Louise Mushikiwabo, qui a confirmé le choix de Mme Cano après une consultation avec le Conseil permanent de la Francophonie. Le nom de celle qui était jusqu’ici p.-d.g. de la chaîne parlementaire CPAC avait été soumis par les gouvernements canadien et québécois.


« Nous sommes ravies » de cette décision, ont d’ailleurs célébré conjointement les ministres Mélanie Joly et Nadine Girault, responsables des dossiers de la francophonie à Ottawa et à Québec.


« Ravies » parce que cela marque le dénouement de nombreuses tractations diplomatiques pour les deux ordres de gouvernement. Au coeur du dossier : la volonté de Michaëlle Jean — secrétaire générale de l’OIF de janvier 2015 à janvier 2019 — de briguer un renouvellement de mandat l’an dernier.


Alors que la France et les pays africains faisaient bloc derrière la candidature de la Rwandaise Mushikiwabo, Québec et Ottawa avaient pour leur part choisi d’appuyer Mme Jean. Cela, avec des réserves toutefois : le mandat de Mme Jean a été ponctué de différentes controverses liées à des dépenses jugées exagérées.


La candidature de Mme Mushikiwabo soulevait par ailleurs elle aussi des questions. Le bilan controversé du Rwanda en matière de droits de la personne, de même que la décision du pays d’adopter l’anglais comme langue d’enseignement et d’administration (depuis 2008) portaient ombrage à son dossier.


Mais la tradition veut que les membres de la Francophonie désignent le secrétaire général par consensus, et non par vote. La décision de Michaëlle Jean de poursuivre jusqu’au bout sa campagne pour une réélection annonçait ainsi un choc inédit au Sommet de la Francophonie d’Erevan, en octobre dernier.


Constatant l’échec annoncé de la candidature de l’ancienne gouverneure générale, Ottawa et Québec ont finalement décidé de se rallier autour de Louise Mushikiwabo. « Il était clair que les chiffres voulaient dire que nous devions nous rallier à ce consensus africain », avait résumé le premier ministre Trudeau.


Conseil de sécurité


Mais en coulisses, cet appui s’est accompagné de demandes, notamment que le poste de numéro 2 de l’OIF soit pourvu par un Canadien. « Traditionnellement, un équilibre Nord-Sud doit régner entre les fonctions de secrétaire général et d’administrateur pour refléter la composition des membres de l’OIF », rappelaient d’ailleurs mardi les ministres Girault et Joly. De 2006 à 2014, le Québécois Clément Duhaime fut administrateur durant les mandats du Sénégalais Abdou Diouf.


Le Canada espère aussi que sa décision d’éviter un affrontement diplomatique avec les pays africains aura des retombées positives dans sa quête pour obtenir un siège au Conseil de sécurité de l’ONU (pour 2021-2022). Le vote doit avoir lieu en septembre 2020, et plusieurs observateurs estiment qu’Ottawa est à la traîne dans cette course.


Jointe mardi, la ministre Joly disait qu’il est « sûr qu’il y a eu plusieurs discussions et efforts déployés pour avoir des gains en matière de francophonie et, de façon générale, au niveau diplomatique » avec le dossier de l’OIF. Suivant l’échec de la candidature de Mme Jean, il fallait « aller chercher le plus possible » pour maintenir l’influence canadienne au sein de l’OIF, a-t-elle soutenu. « D’où ce poste, mais d’où aussi l’appui de plusieurs pays à notre candidature au Conseil de sécurité. »


Catherine Cano assurera notamment la gestion quotidienne des affaires administratives et financières de l’OIF.




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