Ottawa assimilera les Québécois avec l’immigration

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L’application accélérée du programme de Lord Durham

Le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, a annoncé récemment les futures cibles d’immigration du Canada, 500 000 immigrants par année dès 2025, un record historique que rien ne justifie.


L’immigration n’augmente pas notre niveau de vie et n’a aucun impact sur la pénurie de main-d’œuvre. Les immigrants occupent parfois des emplois qui ne trouvaient pas preneurs. Sauf qu’ils consomment des biens et services dont la production exige plus de travailleurs. Il faut donc faire venir à nouveau des immigrants dont la présence entraîne un plus grand besoin de main-d’œuvre, et ainsi de suite.


Cette situation permet en revanche au patronat d’avoir accès à une main-d’œuvre bon marché. Elle provoque aussi une hausse du prix de l’habitation. Le rythme de la construction de logements ne peut suivre celui de l’arrivée d’immigrants. L’offre ne suffit pas à la demande, et les prix montent.


Natalité


L’immigration a donc des impacts positifs pour les patrons et les propriétaires, et négatifs pour les pauvres. Mais elle affecte aussi les jeunes couples. La journaliste australienne Claire Lehmann s’est penchée sur cette question dans le quotidien The Australian. Publié en avril dernier et intitulé No home, no kids, and nothing left to lose (Pas de maison, pas d’enfants et plus rien à perdre), son texte parle d’études en Grande-Bretagne et aux États-Unis qui démontrent que la hausse du prix des maisons entraînerait une baisse de la natalité.


Une étude australienne faite sur une décennie est aussi citée. Ce pays a reçu beaucoup d’immigrants au cours des dernières années, et les prix de l’immobilier ont explosé. Le taux de natalité, lui, a chuté de 1,95 à 1,58 enfant par femme entre 2010 et 2020. Pendant cette période, des chercheurs ont interrogé les mêmes hommes et femmes à partir de leur trentaine jusqu’à ce qu’ils atteignent la quarantaine. À ce stade, plus de la moitié ont déclaré ne pas avoir eu autant d’enfants qu’ils le désiraient.


Des sondages montrent qu’ici aussi plusieurs couples n’ont pas autant d’enfants qu’ils le souhaitent. Cela constitue un malheur personnel pour eux. Avec un taux de natalité de 1,6 au Québec, cette situation s’avère aussi un problème collectif. Le taux de renouvellement des générations est de 2,1, et une plus grande natalité est le meilleur moyen de rajeunir notre population.


Disparaître


Même s’il souhaitait réduire les seuils d’immigration avec les pouvoirs qu’il détient dans ce domaine, ce qui n’est pas le cas, le gouvernement caquiste en serait incapable. Ottawa fait entrer des dizaines de milliers de migrants illégalement par Roxham. Les fédéraux multiplient aussi les permis de travailleurs temporaires et d’étudiants, sauf s’ils sont francophones; dans ce cas, ils sont systémiquement refusés car leur présence au Québec aiderait à renforcer notre langue. Ces temporaires finissent souvent par rester chez nous. De fait, le Québec sélectionne moins de 10% de ses immigrants.


La vraie raison qui pousse Trudeau à accueillir autant de migrants tient au fait qu’il veut faire du Canada un pays soi-disant postnational. En fait, les immigrants finissent par s’assimiler massivement à la nation canadienne-anglaise, toujours plus nombreuse. Noyée dans une masse croissante de Canadiens anglais, la nation québécoise, elle, finira par disparaître.

 


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Frédéric Bastien167 articles

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Titulaire d'un doctorat en relations internationales de l'Institut universitaire des hautes études internationales de Genève, Frédéric Bastien se spécialise dans l'histoire et la politique internationale. Chargé de cours au département d'histoire de l'Université du Québec à Montréal, il est l'auteur de Relations particulières, la France face au Québec après de Gaulle et collabore avec plusieurs médias tels que l'Agence France Presse, L'actualité, Le Devoir et La Presse à titre de journaliste. Depuis 2004, il poursuit aussi des recherches sur le développement des relations internationales de la Ville de Montréal en plus d'être chercheur affilié à la Chaire Hector-Fabre en histoire du Québec.