Quel échec pour Bombardier ! Sans verser une cenne, Airbus vient de prendre officiellement le contrôle du super avion C Series que Bombardier a développé au coût de 7 milliards de dollars.
Et, comble de bonasserie, non seulement Airbus a obtenu gratuitement la C Series, mais en plus la direction de Bombardier lui a fait cadeau d’un bloc de 100 millions de bons de souscription de Bombardier, dont la valeur marchande s’élève aujourd’hui à 291 millions de dollars. Ce bloc permet à Airbus d’acheter des actions de Bombardier à 2,29 $ alors que l’action se négocie actuellement à 5,20 $.
Non, mais quel deal pour Airbus qui détient maintenant une part majoritaire de 50,01 % dans la Société en commandite Avions C Series (SCACS).
Pendant ce temps-là, le gouvernement Couillard, avec son investissement de 1,3 milliard $ dans la survie de la C Series, paraît fort mal. Le gouvernement voit sa participation dans la SCACS fondre de 49,5 % à seulement 16 %. Et Bombardier voit sa part de 50,5 % reculer à 34 %.
ANGLADE S’EMBALLE
Pour nous consoler, la ministre de l’Économie et responsable du dossier de la C Series au sein du gouvernement, Dominique Anglade, tient à nous rappeler que Québec avait également obtenu un bloc de 100 millions de bons de souscription d’actions de Bombardier lors de son investissement. Ce bloc de bons de souscription permet d’acquérir des actions de Bombardier à 2,21 $ pièce alors que l’action se négocie à 5,20 $. Il vaut aujourd’hui quelque 299 millions $.
J’inviterais la ministre Anglade à se garder une petite gêne, et ce, pour trois raisons.
Premièrement, lorsque le gouvernement a annoncé en octobre 2015 son investissement de 1,3 milliard $ dans la C Series, Bombardier devait lui octroyer 200 millions de bons de souscription. Surprise ! Le gouvernement Couillard a finalement accepté de se faire couper de moitié lesdits bons de souscription, soit de 100 millions. Cela représente aujourd’hui un manque à gagner de 299 millions $.
Deuxièmement, quand Airbus s’est fait accorder en octobre 2017 son bloc de bons de souscription à 2,29 $, l’action de Bombardier se négociait tout près de ce prix-là. Mais quand Québec a annoncé son entente en octobre 2015, il s’est fait octroyer des bons de souscription à 2,21 $ alors que l’action de Bombardier s’échangeait autour de 1,60 $ seulement. Ainsi Bombardier lui a refilé des bons avec une surprime de 38 % !
Troisièmement, au lieu d’investir son 1,3 milliard $ directement dans la C Series, il aurait été plus approprié pour le gouvernement d’investir l’argent dans le capital-actions de la compagnie Bombardier.
En raison de la hausse du titre, qui est passé de 1,60 $ (octobre 2015) à 5,20 $ aujourd’hui, le placement du gouvernement vaudrait actuellement son pesant d’or, voire plus de 3 milliards $.
Malgré le fait que Québec ait vu sa participation dans la C Series chuter de 49,5 % à seulement 16 %, le gouvernement Couillard estime que son placement vaut toujours 1,3 milliard $.
L’évaluation du gouvernement laisse entendre que la C Series vaudrait aujourd’hui quatre fois plus qu’en octobre 2015.
Ça n’a pas d’allure !