(Québec) Lorsque le gouvernement consent des millions de dollars à une entreprise privée, le public doit savoir quelles sont les véritables conditions exigées en contrepartie. Le gouvernement Charest n'a malheureusement pas donné l'heure juste dans l'entente le liant à Rio Tinto Alcan. C'est une bien mauvaise façon de défendre l'interventionnisme de l'État pourtant essentiel à l'économie de plusieurs régions.
L'erreur de Québec n'est pas d'avoir investi pour tenter de maintenir et de créer des emplois. Mais bien d'avoir prétendu que l'entente avec Rio Tinto Alcan était bétonnée et que les populations concernées n'avaient pas à s'inquiéter pour leur avenir. C'est une erreur de forme.
Elle est cependant difficile à pardonner du fait que ce n'est pas la première omission du ministre Raymond Bachand. Dans le dossier de la fermeture de l'usine d'AbitibiBowater, à Donnacona, son gouvernement et lui n'avaient pas tout dit aux travailleurs et aux élus de la ville. En période d'incertitude économique, ces oublis ne sont pas rassurants.
À Donnacona, le ministre Bachand a admis que le gouvernement «aurait dû être plus clair». Le même constat s'applique avec Rio Tinto Alcan. Il faut faire confiance à l'intelligence des gens plutôt que de tenter de les endormir pour se faire du capital politique.
Il y a pourtant fort à parier que l'entente convenue en 2006 aurait été acceptée par une bonne partie de la population et par l'opposition, même si la clause «catastrophe» avait été divulguée.
Le gouvernement accordait un bloc d'énergie hydroélectrique au tarif préférentiel et un prêt sans intérêts de 400 millions$ remboursable dans 30 ans. En contrepartie, Rio Tinto Alcan s'engageait à investir 2 milliards $ au Saguenay-Lac-Saint-Jean, à maintenir son siège social à Montréal et à préserver les niveaux d'emploi. La clause, voulant que l'entreprise puisse déroger à l'entente si le prix de l'aluminium chutait à un certain niveau, aurait tout probablement été jugée raisonnable.
Bien sûr, certains ont et continueront de soutenir que les emplois obtenus sont trop chèrement payés, que les deniers publics et l'hydroélectricité pourraient être mieux utilisés. Il est toujours plus facile de prôner la diversification économique à Québec et à Montréal que de la concrétiser au Saguenay-Lac-Saint-Jean ou sur la Côte-Nord.
Une autre entreprise, Alcoa, négocie toujours des tarifs d'électricité avec Québec, dans le but de doubler la production à son aluminerie de Deschambault. Le gouvernement Charest doit tenter de concrétiser ce projet, mais sans tromper la population.
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