Marco Bélair-Cirino - Les troupes américaines ont officiellement achevé leur mission de combat en Irak, a affirmé solennellement hier soir le président des États-Unis, Barack Obama, sept ans et quatre mois après que son prédécesseur, George W. Bush, eut déclaré «mission accomplie», ce qu'a toutefois refusé de faire le chef d'État actuel.
Barack Obama a appelé hier ses compatriotes à «tourner la page» malgré des inquiétudes lancinantes quant à la stabilité politique à Bagdad. «L'opération Liberté en Irak est terminée, et les Irakiens sont désormais responsables de la sécurité de leur pays», a-t-il déclaré depuis le Bureau ovale de la Maison-Blanche, où il s'est adressé à la population américaine pour une deuxième fois depuis son assermentation. «Nous avons retiré près de 100 000 soldats américains d'Irak. Nous avons fermé des centaines de bases ou les avons transférées aux Irakiens. Et nous avons retiré des millions d'équipements [militaires] d'Irak», a-t-il ajouté.
M. Obama a souligné que les Américains ont selon lui payé «un prix énorme» en Irak. Plus de 4400 soldats américains sont morts, alors que 32 000 autres ont été blessés dans ce pays depuis l'invasion de mars 2003, lancée par George W. Bush, afin de renverser le régime de Saddam Hussein, soupçonné, sur la base de renseignements qui se sont révélés faux, de fourbir un arsenal d'armes de destruction massive. Et c'est sans compter les 150 000 à plus d'un million d'Irakiens qui ont perdu la vie durant les sept dernières années.
Le président des États-Unis a d'ailleurs qualifié la guerre en Irak de «mauvaise guerre», de conflit fondé sur une erreur qui a enflammé le sentiment antiaméricain.
D'autres soldats sont susceptibles de mourir en Irak, a-t-il averti, puisque le Pentagone maintiendra jusqu'à 50 000 soldats en Irak afin de soutenir et de former les forces locales. Donc, les derniers soldats américains ne quitteront pas l'Irak avant 12 mois. Néanmoins, le chef d'État a voulu faire de la date du 31 août 2010 un point de repère dans l'un des plus importants chapitres de l'histoire américaine récente. «Mettre fin à cette guerre n'est pas seulement dans l'intérêt de l'Irak, c'est aussi dans notre intérêt. [...] Les États-Unis ont payé le prix fort pour mettre l'avenir de l'Irak entre les mains de son peuple», a-t-il affirmé.
Barack Obama a pressé les dirigeants irakiens à former «rapidement» un gouvernement, et ce, près de six mois après les élections législatives. «Notre mission de combat prend fin, mais pas notre engagement pour l'avenir de l'Irak», a assuré le chef de la Maison-Blanche.
Par ailleurs, M. Obama a rappelé que l'invasion de l'Irak avait «conduit à dépenser de vastes ressources à l'étranger en période de budgets serrés» aux États-Unis, faisant valoir que «notre tâche la plus urgente est aujourd'hui de rétablir notre économie et de remettre au travail les millions d'Américains qui ont perdu leur emploi» du fait de la crise. «Cela doit être notre mission centrale en tant que peuple et ma responsabilité centrale en tant que président», a-t-il promis.
La relance de l'économie «sera difficile», a reconnu le président, à deux mois d'élections à la Chambre des représentants et au Sénat des États-Unis, qui s'annoncent périlleuses pour le Parti démocrate.
Le front afghan
Le retrait des troupes américaines d'Afghanistan s'amorcera pour sa part à l'été 2011, a réaffirmé hier le président des États-Unis, qui a toutefois souligné que le rythme du départ des GI dépendrait de la situation sur le terrain. «En août prochain, nous entamerons une période de transmission des responsabilités en direction des Afghans», a affirmé M. Obama, qui avait annoncé en décembre 2009 un renfort de 30 000 hommes en Afghanistan, suivi d'un début de retrait 18 mois plus tard.
«Le rythme de retrait de nos troupes sera déterminé par la situation sur le terrain et notre soutien à l'Afghanistan continuera», a ajouté M. Obama. «Mais qu'on ne s'y trompe pas: cette transition s'engagera, car la perspective d'une guerre sans fin ne servirait pas nos intérêts ni ceux du peuple afghan», a-t-il souligné, au moment où les morts s'additionnent dans les rangs de l'armée américaine comme jamais depuis l'invasion de 2001.
La mise au point de la Maison-Blanche survient alors que le commandant des forces américaines et internationales en Afghanistan, le général David Petraeus, a déclaré, mi-août, qu'il se réservait le droit de juger prématuré un retrait à l'été 2011, ajoutant qu'il «ne considérait pas [cette date] contraignante». Le secrétaire à la Défense, Robert Gates, avait toutefois répété que ce calendrier était fixé dans le marbre.
«Comme en Irak, nos forces resteront sur place pendant une période limitée pour permettre aux Afghans de bâtir leurs capacités [militaires] et d'assurer leur avenir», a répété M. Obama. «Mais comme cela a été le cas en Irak, nous ne pourrons pas faire pour les Afghans ce qu'ils devront faire au bout du compte pour eux-mêmes», a averti le chef de l'État américain, qui a rappelé l'objectif ultime de l'intervention en terre afghane: «vaincre al-Qaïda».
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D'après l'AFP et AP
Obama tourne la page en Irak
La «mauvaise guerre» prend fin, mais celle d'Afghanistan s'intensifiera
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