Les zombies n’ont qu’un but et qu’un moyen pour y arriver. Notre gouvernement n’a qu’un but et qu’un moyen pour y arriver. Le dernier budget le montre clairement : couper (ce qui est le but) dans le maigre (ceux qui ont moins de moyens).
Comme un zombie, le gouvernement avance, le regard hagard, en ne voyant pas ce qui se passe autour de lui. Il fonce vers sa cible, se relevant, l’écume à la bouche, chaque fois qu’on tente de le ralentir. Ce qui est encore pire qu’avec un zombie, c’est qu’il n’est même pas possible de lui faire exploser la tête. Pas avant quelques années en tout cas : cette démocratie nous fournira peut-être une carabine, mais le pire c’est qu’elle pourrait tout aussi bien lui fournir un plateau d’argent pour continuer de nous essouffler.
Écoles privées versus écoles publiques
Trêve de métaphore, que l’on regarde le budget Leitao de tous les côtés, la tendance est de privilégier les mieux nantis. Regardons juste l’éducation. Le réseau des écoles publiques se voit coupé de 350 millions alors que le réseau privé de seulement 2 millions. Pour une mesure égalitaire, étant donné que la fréquentation des écoles privées avoisine les 12.5%, il aurait fallu que les écoles privées écopent de 44 millions. Certains diront avec raison que le gouvernement ne subventionne pas ces écoles à 100%, donc qu’il faut en tenir compte dans le calcul. Mais même si on enlève 25% (elles sont subventionnées à 75% et non à 60%, contrairement à la croyance populaire), nous sommes loin d’arriver à 2 millions…
Cadeaux aux entreprises
Une autre mesure qui va dans ce sens, c’est celle de la réduction des impôts des entreprises, soi-disant pour encourager l’économie (selon la théorie du ruissellement) :
Dans la foulée du rapport Godbout, le budget réduit graduellement le taux général d’imposition des sociétés de 11,9 % à 11,5 %. Les PME du secteur primaire voient leur taux abaisser de 8 % à 4 %. En outre, le budget diminue la taxe sur la masse salariale pour les PME. À terme dans cinq ans, il s’agit d’un allégement de 500 millions.
(Le Devoir, L’équilibre aux dépens de la santé et de l’éducation, 27 mars 2015)
111 milliards qui dorment dans les banques…
Le problème avec ça, à la base, c’est qu’il est prouvé que la tendance des entreprises n’est pas au réinvestissement, mais bien plutôt à l’accumulation, selon une étude récente de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), menée par l’économiste Éric Pineault qui disait, à propos des cadeaux fiscaux aux entreprises, que du « côté de l’État, [ce sont] des revenus en moins et du côté de l’économie privée, c’est de l’investissement qui ne se fait pas » :
Au Québec, cette surépargne représente près de 30 % du produit intérieur brut (PIB), atteignant un peu plus de 111 milliards de dollars, en 2013. […]
La part de cette surépargne a crû de façon spectaculaire. Au Canada, elle est passée de 11 % du PIB au milieu des années 90 à 32 %, en 2013.
(Radio-Canada, Une étude de l’IRIS montre que les entreprises québécoises surépargnent, 27 janvier 2015)
Le zombie n’a d’oreille que pour la vie qu’il désire prendre
Soit le ministre Leitao n’est pas au courant de cette tendance lourde, ce qui serait bien surprenant, soit il n’en a que faire, étant donné que son but était de couper plus amplement la classe moyenne et pauvre dans son exercice budgétaire et de faire écoper les services directs à la population, comme l’éducation et la santé, enfin les services pour cette grande majorité qui n’a pas les moyens de se payer des écoles privées et des soins dans des cliniques privées.
Je veux bien qu’on doive équilibrer un budget. Mais mon parti-pris va pour ceux et celles qui sont les plus directement touchés par ces décisions. Déjà que le poids des coupes globales fait plus de tort par définition aux gens avec des situations économiques précaires, s’il faut en plus que les plus nantis soient privilégiés dans l’exercice, il y a de quoi s’indigner.
Mais ce texte entrera par une oreille et sortira de l’autre pour le lecteur conquis aux chants du néolibéralisme. Le zombie n’a d’oreille que pour la vie qu’il désire prendre.
(Photo : Mark Kolbe/Getty Images)
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