Quand j’ai vu les premières images de l’incendie de Notre-Dame de Paris, j’ai immédiatement pensé que c’est ce qui aurait dû se passer en août 1944. La veille de la libération de la ville, Hitler, qui avait donné à la Wehrmacht l’ordre de raser Paris, avait demandé au téléphone : «Paris brûle-t-il ?» La question d’Hitler fut reprise par les journalistes, Larry Collins et Dominique Lapierre dans leur célèbre livre et le film qui en a été tiré. Heureusement le commandant allemand, général Dietrich von Choltitz, refusa d’obéir.
Choltitz affirmera dans ses mémoires que sa décision de défier Hitler venait de son évidente futilité militaire, de son affection pour l'histoire et la culture la capitale française et de sa conviction qu’Hitler était devenu fou.
Alors que les trésors historiques de Paris avaient été, en grande partie, épargnés, Londres et Berlin, comme d’autres capitales européennes étaient des amoncèlements fumants de débris.
Lorsque Choltitz a pris le commandement de la place de Paris le 8 août 1944, Hitler lui avait donné instruction de se préparer à la destruction de tous les monuments religieux et historiques de la ville. Dans le Telegraph de Londres en 1964, son fils, Timo, avait affirmé : « S'il ne sauvait que Notre-Dame, ce serait une raison suffisante pour que les Français soient reconnaissants». Plusieurs historiens mettent en doute que Choltitz ait encore eu en août 1944 les moyens de réduire Paris en cendres. Mais, il avait encore la capacité opérationnelle de détruire Notre-Dame de Paris, la Tour Eiffel et d’autres emblèmes iconiques de la ville.
Quoi qu’il en soit, le refus du général allemand de détruire Paris est tellement enraciné dans la culture populaire que des Parisiens ont déjà proposé l’érection d’une plaque à sa mémoire.
C’était la seconde fois au XXe siècle que les Allemands avaient failli détruire Notre-Dame de Paris. Le 23 mars 1918, à 7h17 du matin avec un fracas qui est entendu dans tout le centre de Paris, un obus tombe sur la place de la République. Cachés dans la forêt de Saint-Gobain, près de Crépy-en-Laon, au nord-est de Paris, trois canons géants allemands commencent à pilonner la capitale française d’une distance phénoménale de 121 km. J’ai consacré une bonne partie du 6e épisode de ma série de balados sur les super-canons de Gérald Bull à la question.
Les canonniers du Kaiser avaient réglé leurs « Pariser kanonen» sur l'Île de la Cité au centre de Paris où est située Notre-Dame de Paris. Le bombardement s’est poursuivi pendant plus de quatre mois jusqu’au 9 août 1918. Au cours de cette période, les super-canons allemands auront tiré 351 obus sur la ville, causant la mort de plus de 250 personnes et en blessant plus de 600 autres. Aucun obus ne touche Notre-Dame, mais la menace est bien réelle et immédiate. Le 29 mars 1918, pendant les Vêpres du Vendredi saint, un obus tiré par les «Pariser kanonen» s'est abattu sur l'église Saint-Gervais à proximité de l'Hôtel de Ville provoquant la mort de 91 fidèles, dont 52 femmes. L'église Saint-Gervais est située à 400 m de Notre-Dame de Paris.
L’épisode précédent où la célèbre cathédrale a été menacée de destruction est le fait des Français eux-mêmes. Durant la Commune de Paris (1871), la racaille des bas-fonds la pilla et voulut la détruire, comme elle tenta aussi de s’en prendre aux trésors du Louvre. Mais c’est là une autre histoire.
Notre-Dame de Paris sera reconstruite. Mais la civilisation occidentale, dont elle est parmi les symboles les plus illustres, le sera-t-elle ? Vu son état actuel de déliquescence et de décadence, on peut en douter.
D’ailleurs, faire cette constatation me rend certainement suspect d’infraction à diverses règles de la rectitude politique actuelle concernant la diversité culturelle et l’«inclusivisme» universel englobant.
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