Il est légitime pour les partis d'opposition de faire valoir leurs exigences à la veille du discours du Trône d'un gouvernement minoritaire. Ça l'est aussi de tenter de renverser ce gouvernement.
Ce n'est donc pas cela qui étonne dans le discours tonitruant prononcé samedi, à Rimouski, par le chef du Bloc québécois. C'est plutôt que, en haussant le ton comme il l'a fait, Gilles Duceppe semble avoir perdu de vue la rigueur qui, selon lui, est la «marque de commerce» de la formation souverainiste.
D'abord, ces conditions «non négociables» (l'expression est revenue sept fois dans le discours). En politique comme en relations du travail, il doit toujours y avoir place à la négociation, sans quoi on se retrouve constamment dans l'impasse. Lui-même ancien syndicaliste, M. Duceppe sait cela mieux que quiconque.
Certaines des demandes du Bloc sont parfaitement défendables, notamment celles relatives au retrait des troupes de Kandahar et à l'aide à l'industrie forestière. D'autres sont carrément déraisonnables. C'est le cas, en particulier, de l'abolition du pouvoir fédéral de dépenser. En réclamant l'«élimination» plutôt que l'«encadrement» du pouvoir de dépenser, M. Duceppe va plus loin que Robert Bourassa (Meech) et même que Lucien Bouchard (entente de Saskatoon, 1999).
D'autres propos de M. Duceppe sont dénués de sens. Par exemple, lorsqu'il déclare: «Alors que le pétrole albertain dope le dollar canadien en jetant par terre des pans entiers de notre économie, on a l'obligation de préparer l'avenir de notre nation.» Doit-on rappeler à M. Duceppe que les souverainistes ont depuis longtemps décidé qu'un Québec indépendant conserverait le dollar canadien? Le Québec pays ne serait donc pas davantage à l'abri des effets de la hausse du huard que le Québec province. La seule différence à cet égard, c'est qu'il ne profiterait plus de l'enrichissement de l'Alberta grâce aux transferts fédéraux.
Autre nouveauté dans le discours bloquiste, encore plus loufoque: voici que M. Duceppe rend le fédéral responsable de la controverse des accommodements raisonnables et du problème identitaire qu'elle révèle! C'est bien la seule chose qui, jusqu'ici, n'avait pas été mise sur le dos d'Ottawa! «La loi de Trudeau sur le multiculturalisme va à l'encontre de notre modèle d'intégration, a soutenu Gilles Duceppe. Tout cela menace l'identité québécoise. D'ailleurs, je crois que le Québec devrait être soustrait de la loi canadienne sur le multiculturalisme. (...) Ce qui menace notre identité, ce n'est pas la diversité québécoise, c'est Ottawa.»
Il faudrait que M. Duceppe nous explique comment celle loi (adoptée en fait sous Mulroney), qui ne s'applique qu'aux institutions fédérales, menace le modèle d'intégration québécois. N'est-ce pas le gouvernement du Québec qui choisit les immigrants? N'est-ce pas Québec qui est responsable de leur intégration? Si celle-ci ne se fait pas au goût de M. Duceppe, c'est à Québec qu'il devrait adresser ses reproches, pas à Ottawa!
Le chef du Bloc a décidé de charger le gouvernement conservateur à bride abattue. Cependant en tirant sur tout ce qui bouge comme il l'a fait samedi, il risque de faire une victime inattendue: sa crédibilité.
Non raisonnable
Le BQ à Ottawa
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]
[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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