Mario Dumont (Photo Martin Chamberland, La Presse)
C'est d'abord comme parent que j'écris aujourd'hui ces lignes, comme un père qui se sent vivement interpellé par l'école que nous offrons à nos enfants. De réforme scolaire en réforme scolaire, il n'y a qu'une seule constante: au Québec, nous avons le sentiment de ne pas avoir notre mot à dire sur l'éducation donnée à nos enfants.
Pourtant, les parents sont les mieux placés pour déterminer ce qui convient le mieux à leurs enfants. Depuis plusieurs années, il y a un glissement important où la technocratie prend le pas sur la volonté des parents. Il faut renverser la vapeur.
Cette semaine, notre formation politique a soulevé à l'Assemblée nationale de sérieuses réserves sur le cours Éthique et culture religieuse que le ministère de l'Éducation a approuvé.
Si rien n'est fait, le gouvernement implantera ce programme dans nos écoles primaires dès septembre prochain. Ce cours banalise le patrimoine religieux du Québec en le plaçant sur un pied d'égalité avec d'autres religions. Dès l'âge de 6 ans, nos jeunes se verront enseigner Noël ou Pâques, tout comme les fêtes de l'Aïd el-Fitr, de l'Aïd el -Adha, du Wesak, de Divali ou la naissance de Guru Nanak.
Quoi qu'en dise le premier ministre Charest, le contenu du cours approuvé par le gouvernement n'accorde pas une place prépondérante à notre héritage collectif. Le gouvernement a concocté ce nouveau cours pour faire connaître 10 ou 11 religions aux enfants du Québec, et ce, dès l'âge de 6 ans. Pourtant, l'école doit être le reflet de notre société. L'enseignement doit préparer nos enfants à vivre et à s'épanouir au Québec. Notre patrimoine religieux fait partie intégrante de notre identité. Dans sa version actuelle, ce cours équivaut à nier la réalité de ce que nous sommes, en plus de favoriser l'acculturation de nos enfants.
Comme Québécois, il nous importe de ne pas confondre ouverture d'esprit et déracinement de nos enfants par rapport à notre patrimoine religieux. Les enfants d'ici doivent d'abord savoir d'où ils viennent et la source des valeurs que nous partageons. Après une analyse rigoureuse, il apparaît que le cours d'Éthique et culture religieuse approuvé pour le primaire constitue, sous sa forme actuelle, une application concrète du multiculturalisme, prôné par l'ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau.
C'est lui qui serait content. On tente de noyer notre identité dans une mosaïque sans repères. Il s'agit d'une vision d'un Québec sans racines, sans culture commune. Libéraux et péquistes s'apprêtent à faire ce que même le pire des gouvernements libéraux fédéraux n'aura jamais réussi: la «trudeauisation» de nos écoles dans chacun de nos villages et chacune de nos villes du Québec.
Pour toutes ces raisons, l'ADQ souhaite que le gouvernement impose un moratoire sur la mise en place de ce cours afin que son contenu soit révisé et qu'il reflète bien la réalité québécoise en assurant une claire prépondérance de notre patrimoine religieux. D'ailleurs, il est de notre devoir collectif de faire en sorte que les enfants des néo-Québécois connaissent et comprennent bien l'héritage religieux de la majorité. Ils ont le droit de bien comprendre pourquoi, au Québec, on a congé à Noël ou à l'Action de Grâce mais pas à la naissance de Guru Nanak.
En cette fin de l'année 2007, il est encore temps de freiner cette rupture que s'apprête à imposer le gouvernement à nos jeunes du primaire, mais le temps presse. Les parents doivent avoir voix au chapitre, particulièrement en se faisant entendre auprès des conseils d'établissement des écoles que fréquentent leurs enfants.
Le Québec est une nation avec des valeurs, une histoire et une langue communes. Devant cette réalité, il serait contraire à ce que nous sommes et à ce que nous défendons de renier nos racines. Pour se développer comme nation francophone en Amérique, le Québec a dû et doit défendre son identité. Notre héritage religieux en fait partie intégrante.
Nos enfants risquent d'être les premiers cobayes du plus grand accommodement déraisonnable qui soit. Pour être de grands citoyens du monde, on doit d'abord être de grands Québécois. Un arbre sans racines n'a jamais de grandes feuilles ouvertes sur l'extérieur.
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Mario Dumont
L'auteur est le chef de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale et chef de l'Action démocratique du Québec.
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