Nominations partisanes - Le service public

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En somme, beaucoup de bruit pour rien

Deux nominations récentes faites par le gouvernement Marois, celles de l’ancien ministre Sylvain Simard et du conseiller politique Jean-Yves Duthel, ont été critiquées pour leur caractère partisan. Celle aussi de Pierre Karl Péladeau à la présidence d’Hydro-Québec pour, dans ce cas, de toutes autres raisons. Qu’en est-il ?
Le Parti québécois a été, lorsqu’il était dans l’opposition, très critique des nominations du gouvernement Charest, lui reprochant d’avoir fait de la filiation partisane le critère de sélection déterminant, surtout pour les juges. Aussi, on s’attendrait qu’il soit exemplaire maintenant qu’il est au pouvoir.
Dans sa situation minoritaire, le gouvernement Marois est tenu à la modération. Les cas qui ont suscité la critique ont été peu nombreux. Outre les cas de MM. Simard et Duthel, nommés l’un au conseil de la SAQ et l’autre comme représentant d’Investissement Québec en Allemagne, rappelons ceux, l’automne dernier, de l’ex-député Nicolas Girard nommé à tête de l’AMT et de l’ancien chef péquiste André Boisclair nommé délégué à New York.
Il est admis, lorsque des nominations sont faites à la tête de société d’État ou à des postes de délégués à l’étranger, de prendre en compte le facteur de confiance, car les titulaires seront la courroie de transmission des priorités gouvernementales. Cela va, pourvu que les personnes choisies soient compétentes. Or, il y aura ici toujours moyen pour l’opposition de soulever un doute. On peut toujours démontrer qu’il y aurait eu candidats plus compétents, ce qui a été prétendu dans le cas de M. Simard.
Dans le cas de M. Duthel, le doute existe bien. La nomination relève d’Investissement Québec. Il y avait des candidatures possibles à l’interne et, selon toute apparence, elles ont été court-circuitées par la filiation politique. Dans de tels cas, les intéressés ne doivent pas oublier que qui prend un ascenseur politique pour accéder à un poste pourra le reprendre le lendemain d’une élection.
La nomination du patron de Québecor à la présidence du conseil d’Hydro-Québec est d’un tout autre ordre. Pierre Karl Péladeau n’avait pas besoin d’un ascenseur. Les questions et réactions que suscite sa nomination sont légitimes en raison du poids de cette entreprise au plan économique et de l’influence qu’elle exerce par ses médias. Des conflits d’intérêts pourraient se poser, comme dans l’attribution des budgets de publicité. Il ne faut pas trop s’en inquiéter. M. Péladeau sera dans une maison de verre, soumis à l’oeil de ses concurrents.
La question que pose cette nomination porte moins sur les attentes de M. Péladeau que sur celles du gouvernement. Veut-on qu’il soit un président actif, présent à la fois sur les tribunes comme dans les affaires courantes pour en infléchir radicalement les orientations ? Veut-on qu’il fasse contrepoids à Thierry Vandal, l’actuel président-directeur général, dont plusieurs au gouvernement acceptent mal que son mandat ait été renouvelé juste avant les élections ? Veut-on qu’il réduise les effectifs ?
Le gouvernement québécois est en droit de charger le nouveau président du conseil d’un mandat de changement. Un coup de barre s’impose, ne serait-ce que pour accroître la productivité de la société d’État et utiliser les surplus d’électricité comme levier de développement économique. La forte personnalité du président de Québecor se prêterait à un tel mandat. Néanmoins, il faut rappeler que Hydro-Québec n’est pas une entreprise comme les autres. Elle appartient à tous les Québécois. Le mandat de son nouveau président est de la développer et de la protéger. C’est le sens même du service public qu’il doit remplir et qui vaut pour tous ceux à qui le gouvernement demande de servir.


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