Gilles McMillan et Jacques Pelletier, Montréal - Lucien Bouchard, à titre de représentant et de défenseur des intérêts de l'industrie pétrolière et gazière (président de l'Association pétrolière et gazière du Québec), s'est montré outré, offusqué, des questions posées par Amir Khadir dans le cadre de la commission parlementaire sur le projet de loi 18 protégeant le lit et l'estuaire du Saint-Laurent. Or, Amir Khadir est un parlementaire élu selon les règles de l'institution démocratique du Québec et son rôle est de poser des questions.
Au président de ladite association venu menacer le gouvernement du Québec de poursuites judiciaires par son association, Amir Kadhir a fait remarquer qu'à titre d'ancien premier ministre du Québec, en défendant de la sorte les intérêts de multinationales cherchant d'abord à spolier les ressources naturelles du Québec, Lucien Bouchard «n'a pas été fidèle à cet engagement que nous devons avoir comme serviteur du bien public». Ce à quoi Lucien Bouchard rétorque sur le ton de l'autorité, vexé au plus haut point: «Où est-ce qu'on est? C'est la cour du roi Pétaud! [...] Vous n'avez aucun droit pour porter des jugements sur ma fidélité aux Québécois, aucun! Il est en dehors de ses pompes, là, lui.»
En réagissant comme il l'a fait aux critiques d'Amir Khadir, sur un ton offusqué et condescendant, en affirmant que le député n'a aucun droit de dire ce qu'il dit, l'ombrageux et irascible Lucien Bouchard témoigne d'un mépris inacceptable non seulement pour le député de Mercier et ses électeurs, mais aussi pour l'institution qu'est l'Assemblée nationale du Québec.
Il accuse notamment Amir Khadir de poser des jugements moraux sur sa conduite dans l'affaire des gaz de schiste, alors qu'il s'agit d'abord de jugements politiques et idéologiques sur un modèle de développement économique que défend mordicus Lucien Bouchard, comme s'il était le seul et qu'il allait de soi, alors que d'innombrables auteurs contestent ce modèle d'une part, et, d'autre part, la pertinence d'exploiter les gaz de schiste comme le souhaite l'industrie.
En agissant de la sorte en commission parlementaire, Lucien Bouchard, feignant l'outrage personnel, le crime de lèse-majesté, tente de se hisser moralement au-dessus de l'institution et du droit fondamental, du devoir même d'un député de poser des questions à un représentant d'une industrie qui défend a priori ses intérêts qui ne concordent pas forcément avec le bien commun, c'est le moins que l'on puisse dire.
Du haut d'une autorité qui repose sur le prestige associé à sa fonction antérieure de premier ministre, que révèrent avec dévotion de trop nombreux parlementaires obséquieux, il tente de retirer toute légitimité à la critique d'Amir Khadir.
Nous estimons pour notre part que si quelqu'un doit s'excuser dans cette affaire aux airs de Vaudeville, c'est bien le citoyen Lucien Bouchard qui devrait le faire auprès d'Amir Khadir et de l'Assemblée nationale du Québec. Si nous ne sommes pas à la cour du roi Pétaud, on ne devrait pas non plus y rencontrer un Ubu déguisé en ancien premier ministre chagrin et aigri.
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Gilles McMillan et Jacques Pelletier, Montréal
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