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Après les attentats de Paris et la saga du niqab qui a monopolisé l'attention médiatique pendant la campagne électorale fédérale, les musulmans ont encore une fois eu mauvaise presse au pays cette année. Mais il faut savoir observer l'identité musulmane dans toute sa complexité sans la réduire à ses extrêmes, disent nos invitées Kenza Bennis, Asmaa Ibnouzahir et Dalila Awada.

Kenza Bennis est journaliste indépendante et a pris parole cette année quand elle a senti qu'on exigeait des musulmans québécois qu'ils se dissocient publiquement des actes de l'État Islamique auxquels ils n'ont absolument pas contribué. « Il n'y a pas de communauté musulmane unie sur un même front, dans un bloc monolithique, précise-t-elle. Il est temps de comprendre que les relations à l'islam varient d'une personne à l'autre et d'une communauté à l'autre. On ne peut donc pas demander aux musulmans de se regrouper pour condamner l'État islamique - c'est absurde comme demande dans les circonstances. »

« L'identité musulmane n'est pas un coffre-fort fermé, dit la militante Asmaa Ibnouzahir (auteure des Chroniques d'une musulmane indignée). Elle n'est pas un sarcophage qui empêcherait les musulmans de se composer une identité composite, faite d'islam mais aussi de bien d'autres choses. On est musulmans mais aussi fans des Canadiens de Montréal ou mélomane ou attaché à l'identité de sa ville de naissance, que ce soit Laval ou Rivière-du-Loup. Les musulmans ne choisissent pas l'identité musulmane au détriment de l'identité québécoise : ces deux identités ne sont pas antagonistes, elles cohabitent dans chacun des Musulmans ayant choisi de vivre ici ou étant né ici. »

« Il n'y a pas de contradiction entre l'islam et le féminisme », explique Dalila Awada, qui se dit féministe tout en portant le voile, ce qui apparaît comme une contradiction aux yeux de plusieurs Québécoises. « Les raisons de porter le voile sont multiples et il ne s'agit pas toujours de patriarcat ou de soumission à l'autorité des hommes. »