Après Telus, c’est Molson qui a dû s’excuser hier pour une traduction de mauvais goût dans laquelle le tirage d’un camion en anglais, « Black Label pickup truck sweeps », devenait en français un concours de... « Balayeuses de camionnettes Black Label ».
Dans un tirage de Molson traduit en français, on pouvait lire les mots suivants : « Balayeuses de camionnettes Black Label » plutôt que « Concours promotionnel de camionnettes Black Label ».
« Dès que nous avons pris connaissance de cette erreur de traduction sur le site internet, nous avons rapidement apporté les changements nécessaires. Nous nous excusons de toute confusion que cela peut avoir créée », s’est défendu la porte-parole de Molson Maria Henriquez par courriel quelques heures après que Le Journal lui a fait part de la méprise.
Pour minimiser la bévue, Mme Henriquez a rappelé l’identité francophone du brasseur. « Nos racines sont profondément ancrées à Montréal depuis 1786, alors évidemment que le français est important pour Molson », a-t-elle ajouté, piquée au vif.
Ces excuses n’ont pas suffi au président d’Impératif français, Jean-Paul Perreault. « C’est évident que pour Molson, le Québec ne vaut pas plus qu’une traduction, de surcroît de mauvais goût, réalisée par un logiciel de traduction automatique ! » a-t-il dit.
M. Perreault a qualifié de « pas fort » ce geste de Molson qui prétend être « profondément ancrée à Montréal ». Selon lui, le brasseur doit de toute urgence mieux s’adapter à notre marché francophone.
Excuses en série
Le vice-président de Telus et président Solution d’affaires Est du Canada et Telus Québec, François Gratton, a par ailleurs tenu à s’excuser de nouveau hier pour sa série de publicités boiteuses publiées sur le compte Twitter du Fonds Telus révélée par Le Journal.
L’une d’entre elles aux allures particulièrement inquiétantes a déclenché une vague d’indignation au Québec hier. « Prenez une profonde respiration, broyez-vous. Va le tuer », pouvait-on lire.
M. Gratton a justifié ces erreurs en indiquant que le compte Twitter en question était géré par une firme externe. « Cette agence ne travaille plus pour TELUS », a-t-il pu confirmer.
Fromage gruyère
Ces cas répétés de manque de respect envers la langue des Québécois ont irrité le président général de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJB), Maxime Laporte, qui regrette que ces compagnies ne daignent même pas faire appel à des traducteurs professionnels.
« Si la Charte de la langue française n’avait pas perdu ses dents, si elle ne ressemblait pas à un fromage gruyère, on assisterait moins à de tels cas », a-t-il lancé.
Le lieutenant de la langue française au Parti québécois Maka Kotto est allé jusqu’à regretter l’époque où les Québécois appelaient plus facilement... au boycottage. « Où sont-ils donc passés tous ces guerriers ? Je me pose la question », a-t-il conclu.
— Avec la collaboration de Catherine Montambault et Antoine Lacroix