En septembre, j’ai proposé une nouvelle démarche, à la fois claire et transparente, pour mener le Québec à son indépendance dans le premier mandat d’un prochain gouvernement du Parti québécois. Une nouvelle approche qui repose essentiellement sur trois axes : se rassembler, se préparer et se mobiliser. Pour gagner, la prochaine fois.
Rassembler, parce qu’il sera impossible de rallier une majorité de Québécois derrière notre projet de pays si les convaincus eux-mêmes — les souverainistes — ne s’entendent pas d’abord entre eux. C’est pourquoi j’ai confié le mandat à ma collègue Véronique Hivon de rassembler l’ensemble des forces indépendantistes autour d’un espace neutre de dialogue. Les échanges sont d’ailleurs déjà entamés.
Se préparer, parce que 20 ans après le référendum de 1995, force est d’admettre que nous devons répondre plus précisément à de nombreuses questions des citoyens sur l’indépendance du Québec afin de leur démontrer, concrètement, les changements qu’elle apportera dans leur vie. C’est la raison pour laquelle je me suis engagé à investir la moitié des dons recueillis par le PQ, d’ici la prochaine élection, dans la préparation de notre projet de pays.
Et se mobiliser, parce qu’il y a urgence de refaire de l’indépendance du Québec un projet populaire, porté par les citoyens plutôt que seulement par nos élites politiques. C’est pourquoi j’ai proposé la création d’un registre national devant recueillir un million de signatures, avant la tenue d’une consultation populaire sur la souveraineté. Un million d’ambassadeurs qui créeront un mouvement citoyen, cet élan nécessaire à notre victoire.
Souvenirs d’une autre époque
Dans une surprenante lettre ouverte, vous affirmez que cette démarche citoyenne mène à un « cul-de-sac ». Votre argument ? « La chose a déjà été essayée, dans des conditions ultrafavorables […] et a pourtant été un échec. » Vous faites référence au Mouvement Québec 1992 qui, il y aura bientôt un quart de siècle, a tenté en vain de recueillir un million de signatures appuyant la tenue d’un référendum sur la souveraineté. Permettez-moi de mettre en perspective les « conditions ultrafavorables » auxquelles vous faites allusion.
Le Mouvement Québec 1992 a été créé au moment où le Parti libéral était au pouvoir et le Parti québécois dans l’opposition, à Québec. Il n’y avait aucune possibilité crédible de réaliser l’indépendance avant 1994 et aucun projet de pays sur la table. Les citoyens savaient qu’au-delà du geste symbolique, leur signature n’aurait aucune incidence sur l’action du gouvernement et le destin du Québec.
La démarche a quand même recueilli 700 000 appuis, à une époque où aucun ménage québécois n’était branché à Internet et où les réseaux sociaux relevaient de la science-fiction. Les militants de la première heure — pour qui j’éprouve une profonde admiration — devaient courir après chacun des citoyens, papier et crayon en main, pour obtenir leur signature. En plus, il n’y avait que 4,8 millions d’électeurs inscrits en 1992. Toutes proportions gardées, un million de personnes en 2020 équivalaient à quelque 775 000 électeurs il y a 23 ans. Vous n’étiez donc pas si loin du compte, Monsieur Bégin !
Le vrai défi
Les gens ne se mobilisent que lorsqu’ils ont la conviction profonde de pouvoir changer le cours des choses. C’est là toute la différence avec notre proposition. Nous ouvrirons un registre national une fois au pouvoir, lequel sera accessible en ligne via le site du Directeur général des élections. Nous le ferons après avoir déposé un projet de pays concret et pris l’engagement formel de tenir un référendum dans l’année suivant l’atteinte de notre objectif. Bref, nous placerons véritablement le projet entre les mains du peuple.
Certes, nous nous sommes fixé un objectif ambitieux. Jamais, dans l’histoire du Québec, une pétition, une cause ou un projet n’a suscité l’adhésion écrite d’un million de personnes. En revanche, jamais, non plus, une majorité de Québécois ne se sont prononcés en faveur de l’indépendance du Québec.
Mon projet, c’est de gagner et de réaliser, enfin, l’indépendance du Québec, et non simplement de tenir un troisième référendum sur la souveraineté. Et c’est parce que nous voulons créer une mobilisation qui, justement, soit sans précédent, que nous devons mettre la barre haut. En 2021, nous devrons rallier plus de trois millions de Québécois pour gagner. Pour y parvenir, nous devrons nécessairement nous retourner vers la population et nous rebrancher avec les préoccupations des Québécois et des Québécoises. Il faut sortir de nos cercles traditionnels. Nous ferons le pays avec le monde ou nous ne le ferons pas du tout.
Nos échecs passés ne doivent pas freiner nos ambitions, M. Bégin. Il faut regarder en avant. Je suis de ceux qui croient qu’il est possible, en 2015, d’ouvrir une nouvelle voie pour le mouvement souverainiste québécois. La bonne nouvelle, c’est que nous sommes de plus en plus nombreux à le souhaiter.
LA RÉPLIQUE › RÉFÉRENDUM
Mobiliser pour gagner, la prochaine fois
L'obsession «référendiste datiste»
Alexandre Cloutier6 articles
Député de Lac-Saint-Jean et porte-parole du Parti québécois en matière d'affaires intergouvernementales canadiennes
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