Mission inavouable: les cochons du Pentagone

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Il est tout de même préférable de tester les armes sur des animaux plutôt que sur des humains


La suspension des importations chinoises de porcs a mis les cochons au cœur de l’actualité québécoise. C’est le moment de mettre à jour une enquête que j’ai effectuée il y a une dizaine d’années sur des opérations militaires impliquant le sacrifice d’animaux, dont des porcs. Des activités qui se poursuivent toujours aujourd’hui.  


À l’instar du Pentagone, les forces armées de certains pays de l’OTAN, dont le Canada, forment leur personnel médical de zones de guerre en infligeant des traumatismes de combat à des animaux. Sous l’euphémisme «entraînement sur tissus vivants», un grand nombre d’animaux sont gravement blessés chaque année.    


Les documents du Pentagone qui traitent de la question sont généralement classés secrets afin de ne pas provoquer la colère et l’indignation des amis des bêtes, particulièrement des animalistes fanatiques qui, eux, vont jusqu’au terrorisme pour défendre les animaux.    


L’organisation animaliste People for the Ethical Treatment of Animals (PETA), qui a obtenu ses renseignements par des demandes d’accès à l’information , a estimé que plus de 100 000 animaux chaque année sont blessés et tués par des militaires à des fins de recherche et d’expérimentation, dont des singes, des chiens, des chèvres, des moutons, des lapins et des chats. Les porcs sont particulièrement appréciés comme victimes de traumatismes de guerre.    


Des soldats américains tirent sur des cochons avec des armes de guerre depuis 1957. Le but n’est pas de les tuer, mais de leur infliger de graves blessures pour entrainer les chirurgiens militaires et les équipes médicales d’urgence. En 2006, un Marine a confié au New York Times qu’il avait reçu l’ordre de s’en prendre à un cochon. Il lui a tiré une balle au visage avec un pistolet de 9 mm avant de le blesser d’une rafale de AK-47 et de l’atteindre de deux coups de fusil de calibre 12. Il s’est ensuite précipité avec son équipe pour stopper les hémorragies et donner des transfusions à la grosse bête agonisante qui, grâce aux soins intensifs, a survécu 15 heures à l’agression.    


Toute la panoplie des armes de guerre utilisées par les ennemis des États-Unis est testée: des fusils d’assaut aux armes radiologiques en passant par les armes chimiques et biologiques. PETA révèle qu’en 1946, dans une opération nommée «L’arche atomique», les Américains ont fait monter 4000 moutons et chèvres sur un bateau ancré près de l’atoll de Bikini dans le Pacifique lors d’une expérience atomique. On voulait étudier sur des mammifères les brûlures des radiations provoquées par une explosion nucléaire.    


Dans une expérience qui n’est pas sans rappeler le célèbre film de Stanley Kubrick Docteur Folamour, des rhésus, à qui on avait appris à singer les gestes de pilotes, ont été attachés aux sièges d’une cabine de pilotage simulant celle d’un B-52. Selon PETA, ils ont ensuite été irradiés aux rayons gamma pendant dix heures pour voir s’ils pouvaient tenir le temps qu’il faudrait pour se rendre bombarder Moscou. Les singes se sont mis à vomir violemment après seulement quelques heures de vol pour ensuite devenir complètement léthargiques et incapables de poursuivre leur mission.    


La manchette du journal était accrocheuse: «L’Université Texas A&M développe des cochons zombies pour le Pentagone» . En fait, les forces armées américaines voulaient que l’université développe une façon de mettre des porcs en état d’hibernation, première étape dans le développement de techniques pour faire la même chose avec des humains. Des soldats grièvement blessés pourraient être mis en hibernation pour allonger leur période de survie pendant leur évacuation vers un hôpital de campagne. Ça faciliterait aussi les expéditions humaines dans l’espace.    


Au Canada, nos services de santé militaires font aussi appel aux cochons. Dans un courriel, le major Vincent Bouchard du Groupe des Services de santé des FAC a reconnu que la défense nationale utilisait «des tissus vivants» pour fournir une formation médicale avancée tout en cherchant des solutions de rechange afin de minimiser et d’éliminer l’utilisation d'animaux. Il souligne que le MDN respecte rigoureusement les lignes directrices du Conseil canadien de protection des animaux.    


Le MDN affirme qu’en 2018, 882 animaux, dont des porcs vivants, ont été utilisés à des fins de formation et d’expérimentation. PETA estime que près de 80% des membres de l'OTAN n'utilisent aucun animal pour leur formation médicale militaire.