En plein baptême politique, Alexandre Taillefer doit faire face à la grogne des chauffeurs de Téo Taxi après la mise à pied d’une trentaine d’entre eux en l’espace d’à peine un mois.
« C’est avec un pincement au cœur que nous avons été forcés ces dernières semaines de prendre action à l’encontre de certains de nos chauffeurs qui agissaient à l’encontre des intérêts de notre entreprise, et donc à l’encontre de nos intérêts à tous », a-t-il partagé avec ses employés dans une note le 25 avril dernier dont Le Journal a obtenu copie.
Joint par Le Journal, Alexandre Taillefer a confirmé avoir mis à la porte certains chauffeurs en raison de « vols d’heures et de comportements répréhensibles ». « On en a attrapé quelques-uns qui allaient dormir à Laval. Comme Laval ne fait pas partie de notre zone de couverture, ils ne recevaient jamais d’appel », a-t-il expliqué.
Ces dernières semaines, des chauffeurs de Téo Taxi ont contacté Le Journal pour dénoncer leurs horaires de travail difficiles à concilier avec la famille et le mauvais climat au sein de l’entreprise.
« Je dirais que c’est de l’exploitation. Peut-être inconsciente, mais c’est le cas », soutient un chauffeur préférant garder l’anonymat. Les horaires entrecoupés, le salaire de 15 $, qu’il juge insuffisant, et l’impression d’être épié par la caméra du taxi le choquent.
« Non seulement il y a un problème de transparence, mais il y en a aussi un de confiance. Ils sont méfiants », ajoute un ex-employé refusant d’être identifié.
Empêchés d’aller aux toilettes ?
Pire encore, les répartiteurs de Téo Taxi leur mettraient de la pression pour les empêcher... d’aller aux toilettes pour éviter de perdre des clients, disent-ils. « Avec la tablette, on ne peut pas refuser d’appels, même si tu as une urgence », déplore-t-il.
Cette critique, Alexandre Taillefer la balaie du revers de la main.
« On ne les chronomètre pas. Cela dit, si tu prends 18 minutes pour aller pisser, ça ne marche pas », indique-t-il.
Un autre ex-employé de Téo Taxi confie avoir claqué la porte parce que le montant de ses pourboires était « gardé secret ».
« Ce n’est pas vrai du tout. On remet des rapports avec toutes les courses incluant tous les pourboires. Ça balance à la cenne », s’empresse de corriger M. Taillefer.
Téo Taxi vit par ailleurs des moments difficiles depuis le début de l’année.
L’entreprise a perdu son directeur général et cofondateur, Patrick Gagné, son directeur des opérations, Thierry St-Cyr, et un autre de ses cofondateurs, Jeff Desruisseaux.
Poursuite
La maison-mère de Téo Taxi, Taxelco, est aussi poursuivie par l’ex-copropriétaire de l’entreprise Taxi Hochelaga, Dory Saliba, pour 435 000 $ pour des montants non payés lors de sa vente, confirme au Journal son avocat Jason Novak du cabinet De Grandpré Chait.
Rappelons qu’environ 50 millions $ d’argent public et privé ont été injectés dans XPNDCroissance, actionnaire de La Compagnie Électrique, MishMash Media, et de Taxelco qui possède Téo Taxi, Taxi Diamond et Taxi Hochelaga.
INVESTISSEMENTS PUBLICS ET PRIVÉS DANS XPNDCROISSANCE
Fonds de solidarité FTQ 10 M$ dont 7,25 M $ dans Taxelco
Investissement Québec 15 M$
Fondaction 5 M $
Caisse de dépôt et placement du Québec 10 à 30 M$.