L'ancien chef du Parti libéral Michael Ignatieff a créé une petite commotion au Canada en parlant librement de la souveraineté prochaine du Québec et de l'Écosse dans une entrevue à la BBC Scotland. Il avait probablement oublié qu'aujourd'hui, l'information circule à la vitesse de la lumière.
Ce qu'a dit l'ancien politicien redevenu universitaire n'est pourtant pas si extraordinaire. Ce sont plutôt des évidences pour qui veut bien voir la réalité. Beaucoup de Québécois et de Canadiens pensent que le Québec et le reste du Canada ont de moins en moins en commun, au point où ils forment presque deux pays séparés. Pour reprendre son expression, ils entretiennent une relation de « mutuelle indifférence ».
On peut prétendre au nom du dogme de l'unité canadienne qu'un lien unit toujours francophones et anglophones. Toutefois, personne ne peut contester qu'il est plus faible que jamais depuis un certain 17 avril 1982, jour du rapatriement unilatéral de la Constitution qui a engendré la série de désaccords fondamentaux que l'on sait. Depuis, les deux communautés suivent des voies qui s'éloignent. Est-ce irrémédiable ? Peut-être pas, sauf que l'éloignement se creuse avec le temps. Pour qui croit au Canada, il y a là un feu orange.
L'autonomie partielle dont jouit le Québec par les pouvoirs qui lui ont été dévolus dans les actes constitutionnels ou par le gouvernement fédéral contribue à cet éloignement. Dans les questions intérieures, le Québec se comporte « presque » en pays souverain, de faire valoir l'ancien chef libéral. À son avis, la décentralisation n'est qu'une étape vers la pleine souveraineté.
Comment sur ce point ne pas être d'accord avec lui lorsqu'il soutient qu'il y a là une logique de système ? N'est-ce pas pour repousser cette échéance que les premiers ministres libéraux Pierre Elliott Trudeau et Jean Chrétien ont toujours refusé d'accorder plus de pouvoirs au Québec ? Qu'ils se sont opposés avec force à l'accord du lac Meech ? On lui rétorque qu'il est décroché de la réalité. C'est vrai. N'étant plus de la planète politicienne, il a décroché de cette réalité qui fait tout voir par le prisme étroit des dogmes fédéralistes. Il a osé un regard détaché et lucide sur la réalité canadienne qui ne pouvait plaire à ses anciens amis. Ils ont vite fait de l'inviter à se taire.
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