Elle retape, tricote, coud, sculpte.

Elle confectionne des bijoux

des savonnettes, des abat-jour, des mosaïques

des aimants et des sous-verre en céramique

des courtepointes, des chapeaux.

Elle peint sur le bois, la toile, les tissus

elle touche à tout

elle a des doigts de fée.

Il y a un an, Marie-Hélène Prétôt

occupait à temps plein un emploi

dans la fonction publique québécoise.

« Un jour j’ai pété les plombs.

J’en pouvais plus. J’étais pleine de colère.

J’y croyais plus. Il fallait que je m’arrête.

J’ai obtenu un congé de maladie.

J’ai mis fin à une relation amoureuse

qui n’en était plus une

et pendant des mois

je suis restée chez moi cloîtrée

sans voir personne

à m’abrutir de télé.

Puis, je me suis remise à bricoler.

Je l’avais toujours fait mais à petites doses.

Là, j’ai mis les bouchées doubles.

J’ai pris des cours. J’ai commencé à en donner.

J’ai fait le tour des magasins pour vendre mes créations

et ça a marché. »
Le bonheur

c’est faire ce que l’on aime.

Faire quelque chose qui ait un sens.

Mais combien de personnes

se rendent au travail en comptant les jours

jusqu’au vendredi ?

Jusqu’aux prochaines vacances ?
Autrefois, tout était plus clair.

les Laforest bûchaient le bois

les Boulanger faisaient le pain

les Desjardins cultivaient

les Breton venaient de France

les Langlais étaient les patrons.
Les Anglais demeurent les patrons.

Les gens se sont éloignés de la terre

de ses saisons

ils ont fait carrière

dans le béton.
Insatisfaits de leur sort,

ils compensent

dépensent

tombent en dépression.
Marie-Hélène prépare une exposition.

Elle est radieuse.

La semaine prochaine, elle se met à l’escrime.
Elle sait où donner de la tête.

Elle n’a plus de temps à perdre.