Menace de grève chez les diplomates

Le service extérieur entame une première ronde de moyens de pression

Un pas de plus vers le chaos


Ottawa — Les diplomates canadiens se préparent à un débrayage. Demandes de visas, négociations de libre-échange et développement économique font partie des secteurs d’activité qui seront touchés par les moyens de pression entamés à l’échelle mondiale cette semaine, et qui pourraient bien mener à une grève générale, prévient leur syndicat.
Mécontents de leur échelle salariale, qu’ils affirment en deçà de celle d’autres fonctionnaires aux tâches similaires, les agents des services extérieurs ont voté à 82 % pour une grève à la mi-mars. Mardi, ils ont entrepris une première étape : un « piquetage virtuel ».
Tous les diplomates sont ainsi appelés à mettre en place une réponse automatique aux courriels qui leur sont envoyés, expliquant à leurs contacts que, « à la suite d’une rupture de la négociation collective avec le gouvernement du Canada, les membres de l’Association professionnelle des agents du service extérieur [APASE] sont en position de grève légale. En conséquence, il peut y avoir un retard à répondre à votre demande ». Le message renvoie au site Web du syndicat, où l’on expose le litige. L’APASE prévoit aussi des pauses-café coordonnées de 15 minutes, une fois par semaine, dans tous les bureaux.
Mais ce n’est qu’un début, a averti le président du syndicat, Tim Edwards. « Nous allons intensifier les niveaux de sévérité [des moyens de pression] dans les semaines à venir. Cela pourrait se solder par un arrêt de services. »
L’APASE réclame « une paie égale pour un travail égal ». L’échelle salariale des agents du service extérieur prévoit une rémunération annuelle de 58 000 $ à 112 500 $. D’autres fonctionnaires, aux tâches similaires ou identiques, gagneraient de 3000 $ à 14 000 $ de plus, selon M. Edwards. « On essaie seulement de rattraper ces autres groupes », a-t-il expliqué, dénonçant une situation « très démoralisante, extrêmement injuste ».

Prisé et bien payé
Au Conseil du trésor, on a semblé peu enclin à négocier, rétorquant que le service extérieur « est très prisé et bien payé. Le gouvernement continuera de négocier de bonne foi avec l’APASE pour atteindre une entente raisonnable qui est équitable pour les employés et les contribuables ». Une porte-parole du ministre responsable, Tony Clement, a en outre souligné que les diplomates profitent d’indemnités lorsqu’ils sont déployés à l’étranger. Il y a justement de moins en moins de ces postes offerts, a rétorqué M. Edwards.
Le corps diplomatique canadien pourrait donc se retrouver d’ici peu en grève partout sur la planète. À l’exception d’un contingent de hauts dirigeants assurant les « services essentiels » - 15 % des 1350 membres.
D’ici là, diverses mesures seront mises en oeuvre : suivre les descriptions de tâches à la lettre, refuser de faire des heures supplémentaires ou faire du piquetage. La politique de langues officielles pourrait aussi être « rigoureusement appliquée », permettant aux agents de rédiger leurs documents « dans la langue de leur choix » - ce qui n’est pas toujours le cas, a reconnu M. Edwards.
La convention collective des diplomates est échue depuis juin 2011, et les négociations n’ont pas progressé depuis l’automne 2012.


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