Méfiez-vous du futur chef !

Soyons clairs ! On ne veut plus des tièdes et des mous à la tête du PQ.

Tribune libre - 2007

Il est tout à fait normal qu’un politicien mesure discrètement de temps à autres les appuis dont il dispose pour aller dans le sens de ses ambitions. Il n’y a rien de mal là-dedans ! De là à parler de magouillage, il n’y a, par contre, qu’un pas qu’André Boisclair a bêtement choisi de franchir.
Du temps où je militais au Parti québécois de Montmorency, occasionnellement, des gens de l’entourage du député fédéral Michel Guimont s’intéressaient à la disponibilité d’une éventuelle candidature au Pq. Ces personnes n’étaient pour ainsi dire que très rarement télégraphiées. Le plus souvent, elles agissaient de leur propre chef.
Bien sûr, certains dont j’étais s’en formalisaient parfois. Il est tout à fait normal de trouver les « hang arounds » agaçants. Mais même dans le comté de l’alouette en colère qui était réputé à l’époque pour être un véritable nid à chicanes, nous nous gardions bien d’y aller d’une fronde aussi directe envers nos frères bloquistes. Sauf peut-être dans quelques rares cas que nous avons tous regrettés par la suite… Le résultat est qu’avec le temps, les relations se sont grandement améliorées et c’est une chance aujourd’hui que le mouvement souverainiste de Montmorency puisse compter sur son allié bloquiste.
Ainsi donc, la crisette d’André Boisclair sur les ondes de la SRC avait indéniablement quelque chose d’enfantin. En plus de démontrer une immaturité politique flagrante a s’en arracher les cheveux, le chef du Pq a probablement flambé les dernières cartouches de sympathie qui lui restaient. Le caucus des députés, les instances, les militants, les médias, tous sont ahuris de la sortie du chef du Pq. Quant à ses appuis dans la population, cela vaut-il la peine qu’on en parle ?
Le cas d’André Boisclair est donc d'ors et déjà réglé. S’il se rend jusqu’à cette date, le 28 mai prochain lors de la prochaine conférence des présidents, on peut parier sans crainte de se tromper que le message sera passé sans équivoque… Aucun doute, André Boisclair est dorénavant bien seul… Par contre, s’accrochera-t-il ? Hélas on peut penser que oui ! Un de ses proches me confiait récemment qu’il a bien l’intention de faire boire la coupe aux militants et ce, jusqu’à la lie.
Soit ! Mais quel empressement y a-t-il à changer le chef si ce n’est que pour sauver une aile parlementaire tiède et plus attachée aux sièges de l’Assemblée nationale qu’à autre chose. Il y a d’ailleurs quelque chose de suspect dans la rapidité avec laquelle Louise Harel et d’autres députés ont soudainement décidé de jeter leur dévolu sur Gilles Duceppe. Et le fait de vouloir plébisciter ce dernier sans course à la chefferie est encore plus bizarre. De toute évidence, il semble pour l’aile parlementaire y avoir urgence de remplacer un étapiste par un autre afin de sauver les meubles. Je soupçonne d’ailleurs le changement de ton subit des députés d’être davantage motivé par la sauvegarde des sièges restant que par une véritable envie de renouveau. Bon nombre d’entre eux doivent d’ailleurs commencer à réaliser qu’avec le chef actuel, le prochain rendez-vous électoral pourrait être encore plus dévastateur.
La tactique « Duceppe » est donc de toute évidence, surtout une façon de calmer le jeu et d’éteindre le brasier allumé par la frange plus radicale du parti qui exige l’abandon de la stratégie référendaire entourant l’article # 1 du programme.
Incidemment, il y avait quelque chose de pathétique dans la réplique en ondes de Gilles Duceppe. Spécialement quand ce dernier s’est dit davantage préoccupé par des dossiers tels que l’Afghanistan ou même par… Shane Doan, plutôt que celui de la chefferie du Pq. Cela aurait provoqué un fou rire chez moi si ce n’avait été du cruel oubli de la souveraineté dans les dossiers qui l’occupe. J’aurais bien aimé être pour un instant, le journaliste qui l’interviewait. Ma question aurait été la suivante : « …et la souveraineté dans tous ça, Monsieur Duceppe ? »
Voilà pourquoi il est indispensable et bien plus pressant de faire le débat sur le programme que sur le chef. De toute façon, qu’avons-nous à craindre d’un André Boisclair qui ne contrôle plus ni le parti ni le débat qui fait rage en son sein. De toute façon, il serait bien mal aisé qu’on lui montre la porte lors du vote de confiance alors tant pis s’il décide de rester encore un peu d’ici là et de démissionner quelques jours avant. De plus, tant et aussi longtemps qu’il est en poste, il nuit bien plus aux étapistes qu’aux tenants d’une stratégie indépendantiste dure qui s’activent dans le Pq. Quant au programme, il est bien plus important que le futur chef du Pq sache à quoi s’en tenir et ce le plus tôt possible.
Il faut donc s’assurer en priorité que le Parti québécois ne soit plus la putain des électeurs mécontents des politiques du PLQ et de l’ADQ. Il faut éliminer définitivement la stratégie référendaire la plateforme politique provinciale. La population doit comprendre clairement que le Parti décrètera unilatéralement l’indépendance s’il forme un gouvernement, pluralité des voix ou pas. Bref, ce parti doit faire ce pour lequel il existe. Et finalement, il sera nécessaire de se donner un chef prêt à défendre bec et ongle le programme et surtout à faire la promotion acharnée de l’indépendance. Il serait intéressant que chaque intervention publique d’un député péquiste ou bloquiste débute par un paragraphe dans le genre de celui-ci :
« Mon nom est (par exemple Daniel Lévesque). Je suis Québécois et indépendantiste. Mes opinions et le mouvement dont je fais parti sont légitimes, justes, reconnues et conformes au droit international. Mon seul et véritable pays est le Québec que j’aime. Je protège ainsi mon pays, mes droits, ma langue, ma culture mon histoire et mes origines comme il est naturel de le faire et comme j’y suis moralement obligé et ce, pour le bien des nôtres et des générations à venir. Je le fais pour mon peuple et peu m’importe que cela soit en conformité ou non des règles établies par les adversaires de notre cause ».
Soyons clairs ! On ne veut plus des tièdes et des mous à la tête du PQ. Tenez-vous le pour dit ! Il est hors de question de se ranger derrière Gilles Duceppe s’il poursuit dans la même veine que celle empruntée par le Parti québécois au cours des dernières années et s’il veut encore entraîner le parti dans l’étapisme. Il doit y réfléchir très sérieusement avant de se lancer dans la course à la succession d’André Boisclair.

Daniel Lévesque
http://enyregardantdepres.blogspot.com/


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