C’est un cliché que de dire que le Parti Québécois est à la croisée des chemins. Et un tabou à la fois de parler des véritables raisons qui ont mené à la cuisante défaite du 7 avril dernier. Car une fois de plus, une partie importante de la députation tente de mettre la faute sur n’importe quoi sauf sur elle-même. L’aile parlementaire péquiste vit dans une tour d’ivoire et en vase clos d’où elle ne perçoit que les élucubrations médiatiques qui sont sans rapport avec la réalité et surtout très loin des préoccupations des gens ordinaires.
Première raison de la défaite : L’impopularité de sa chef.
On aura beau dire, Pauline Marois ne passait pas dans l’opinion publique. On ne peut pas lui reprocher de manquer de courage. Mais la réalité l’a rattrapée. Un style de vie assez cossue (ce qui ne pose pas de problème pour un libéral mais n’est pas permis à un péquiste) une façon malhabile de communiquer, et probablement un soupçon de misogynie ont plombé sa campagne électorale encore plus que n’importe quelle campagne de peur suite d’un poing levé.
Un chef moins populaire que son option aurait dû allumer quelques lanternes au PQ. La façon cavalière avec laquelle elle s’est débarrassée des dissidents a probablement aussi contribué à ce que ces derniers restent chez eux ou pire, aillent voter pour un tiers parti.
Mais il y a pire. Quand un parti arrive avec des projets de loi aussi controversés que la Charte des Valeurs pour laquelle aucun débat électoral préalable n’avait été fait, quand le PQ et sa chef parlent de virage énergétique, mais qu’à l’opposé, ils donnent le feu vert à l’exploration et éventuellement l’exploitation pétrolière de l’île d’Anticosti, on ne peut alors que conclure que les actions ne suivaient pas le discours. Et dans un monde où les questions environnementales sont d’une sensibilité à fleur de peau compte tenu des changements climatiques, les orientations gouvernementales étaient aussi déconcertantes qu’affligeantes.
La mise au banc de l’indépendance nationale.
Le PQ a remisé la question nationale sous le fallacieux prétexte de sa soi-disant impopularité, un concept véhiculé par les médias qui appliquent ce jugement de valeur sous la foi de sondages. Si ceux qui ont prôné la fin de l’apartheid ou le Civil Rights Act aux États-Unis avaient été des péquistes, les noirs seraient toujours discriminés. Car Dieu sait l’impopularité de ces mesures et le combat qu’ont dû mener pendant des années les militants en faveur de ces nouvelles politiques. Et comme on a pu le constater récemment, la lutte est loin d’être finie.
Ce n’est pas vrai qu’une idée est mauvaise parce qu’elle n’est pas entérinée par la majorité. Le Parti Québécois a rompu le combat pour l’indépendance nationale parce que son option ne rencontre soi-disant plus les réalités nouvelles selon les fédéralistes bien entendu... Comment peut-on affirmer une telle chose à l’endroit d’un produit que l’on a jamais essayé? Affirmer que l’idée de l’indépendance nationale est dépassée revient à envoyer à la ferraille une voiture dans laquelle on n’a jamais roulé.
Au contraire! Si il l’est une preuve de faite, c’est bien celle de l’inefficacité du fédéralisme et de sa ruine. Le fédéralisme est la minoune politique du Québec. Usée à la corde!
Le PQ doit reprendre le flambeau.
Les notions de souveraineté et d’indépendance doivent également être revues pour faire place à celle mieux comprise d’un pays libre et indépendant. C’est le manque de franchise et de courage sont en train de tuer le Parti Québécois. Sans l’idée de faire du Québec un pays, le PQ ne deviendra qu’un vulgaire parti de centre-droite et ce qu’il lui reste de souverainiste ira se faire voir ailleurs. Il continuera de n’être que le simple parti d’alternance qu’il est en ce moment tout en étant encore plus faible, car rien ne le distinguera des autres formations.
Le Parti Québécois doit se résoudre à foncer, et ce même si ses adversaires l’attaquent sur son option. N’oublions pas que ni le Parti Libéral et encore moins la Coalition Avenir Québec ne présentent de solutions viables à la question nationale. Les arguments sont donc du côté de celles et ceux qui désirent un pays, car les divergences d’intérêts entre le Canada et le Québec se multiplient.
Depuis maintenant presque vingt ans que le Parti Québécois flirte avec la droite.
On a cru à tort qu’un recentrage vers la droite serait favorable au Parti Québécois. Or, si l’on fait exception de Pierre-Karl Péladeau, le Québec inc. est largement réfractaire au PQ et à son option. Et force est de constater que le recentrage effectué n’a pas donné les résultats escomptés. Au contraire ! Il est à l’origine de la fuite d’une part importante de la base militante du parti vers Québec-Solidaire. L’ouverture du PQ sur sa droite a permis l’infiltration de cryptofédéralistes qui fuient de plus en plus les rangs pour joindre ceux des vainqueurs. On ne peut plus fonctionner de cette façon au PQ.
L’allégeance doit être totale et vérifiée. Si le PQ n’est pas une secte appliquant le principe du crois ou meurs, il n’est pas non plus un repaire d’arrivistes de tout acabit. La vilaine tendance à passer sur la tête des militants dans les comtés pour imposer des candidats vedettes a ouvert la porte à plusieurs souverainistes du dimanche. Ça suffit! Les ambitieux et les carriéristes ont amplement de place chez les libéraux.
La Parti Québécois doit également réaliser qu’il s'oppose à des forces qui ne ménagent aucune tactique pour parvenir à leurs fins. Il faut mettre fin à l’angélisme qui caractérise le discours. Le PQ a tablé sur une bonne foi qui n’existait pas nécessairement. Le PQ gagnera en étant dur et efficace non pas contre ses militants les plus convaincus, mais plutôt en étant sans pitié contre ses adversaires
Cela passe entre autres par le renforcement de la loi électorale et du pouvoir d’enquête du DGE. Les dépenses des partis doivent être comptabilisées en tout temps sur une base annuelle et non plus seulement durant les campagnes électorales. Les médias d’opinion doivent être comptabilisés comme dépenses s’ils choisissent de laisser de côté la neutralité. Finalement, une carte d’électeur doit voir le jour. Il faut mettre fin à la fraude à grande échelle des forces fédéralistes.
Le Parti Québécois doit en terminant conclure des alliances stratégiques avec des mouvements et d’autres partis. Il doit prendre le leadership d’une communauté d’intérêts. Depuis 20 ans que le PQ tente de faire l’indépendance tout seul. Il n’y parviendra pas.
Faites de la place à un jeune je vous en supplie pour l’amour du ciel!
En terminant, le Parti Québécois doit tourner la page sur le passé en reconnaissant ses erreurs. Il doit faire de la politique d’une autre façon. Revenir en arrière en élisant d’anciens chefs ou des souverainistes mous lui sera fatal. On parle beaucoup de la venue de Gilles Duceppe, mais on semble oublier que ce dernier a mené ses troupes à une défaite cuisante. Le PQ a besoin de renouveau. Laissez reposer les morts politiques au cimetière de l’histoire ! Il faut plutôt un jeune chef, fougueux, courageux, intelligent et bon communicateur. Je verrais d’un très bon œil la venue de Pascal Bérubé, d’Alexandre Cloutier ou même de Jean-Martin Aussant.
Le temps de l’étapisme est terminé. Cela fait des années que nous virons en rond. Cette stratégie a atteint ses limites. Le Parti Québécois doit revenir au jeu de base, celui qui lui a permis de rallier une majorité de Québécois à un projet de société mobilisateur, emballant et futuriste. Il doit partager de manière limpide sa vision d’une société québécoise écologique et innovatrice dans un pays libre du carcan coûteux que lui impose le Canada. Ce n’est pas une question d’antagonisme. C’est plutôt un peuple qui croit en lui-même et choisit légitimement de voler de ses propres ailes librement. C’est le début pour nous convaincre que nous sommes collectivement capables.
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7 commentaires
Grarlam Répondre
5 mai 2014Quand le PQ a été fondé dans les années 70, le citoyen ordinaire y trouvait son compte en ce sens que les portes aux emplois fédéraux se sont ouvertes, ses revendications contre les injustices pouvaient être entendues, son rôle de porteur d'eau allait changer, enfin, René Levesque , un homme du peuple, fervent syndicaliste lors de la grève des réalisateurs entrainait avec lui toute une population qui se sentait écrasée sous le joug de la domination des conquérants de 1760.
Ces conditions ont totalement changé. Le citoyen ordinaire n'y trouve plus son compte. Il faudrait démontrer , non pas aux politiciens entre eux autres, mais au citoyen ordinaire, les bienfaits qu' apporterait la souveraineté. Laissez les marottes" On prend nos décision nous-mêmes, on est maitres chez nous, etc".
Qu'on nous explique ce que la souveraineté va apporter de mieux pour le citoyen ordinaire pour que le risque de se départir de son présent confort vaille la peine de se séparer du Canada.
Si on ne peut pas faire cela, alors oublions la souveraineté, jamais elle n'arrivera, et le PQ ne reprendra plus jamais le pouvoir.
Daniel Lévesque Répondre
5 mai 2014Le milieu des affaires est génétiquement réfractaire à la souveraineté. Rappelons-nous Lucien Bouchard qui lui était sympathique... Le PQ était une camisole de force pour ce crypto-fédéraliste qui a fait mal au parti avec les fusions, le déficit zéro et d'autres projets de loi dont personne n'avait parlé avant l'élection. Les beaux jours du Parti Québécois ont été ceux où le parti était à gauche directe et franc. C'est depuis qu'il s'est recentré à droite et qu'il s'est mis à la politicaillerie qu'il éprouve des ennuis.
Affirmer qu'on ne peut pas se définir écologiste, qu'on ne peut pas proposer de projet parce que l'on désire demeurer centriste, c'est comme dire qu'on ne peut pas marcher et mâcher de la gomme.
Je ne parle pas dans mon texte de fusion avec les solidaires. Je parle plutôt d'alliances stratégiques. Est-il possible de conclure des alliances permettant de garantir la concentration du vote? Je pense que c'est possible.
Le vote d'option Nationale n'est pas un indicateur valable de l'appui à l'indépendance dans la mesure où ce parti pouvait compter sur un député sortant en 2012, ce qu'il n'avait pas cette fois-ci.
Je conviens que les médias ne rapportent que de la merde à propos du PQ et ignorent le message. Nous avons un énorme problème dans la région de Québec à ce chapitre. Je pense qu'un dialogue avec d'autres entités politiques, syndicales et progressistes pourrait déboucher sur des solutions intéressantes pour résoudre ce problème. Il faut apprendre à contrôler le message un peu à la manière des conservateurs à Ottawa.
Archives de Vigile Répondre
5 mai 2014Si Pauline Marois ne passait pas dans l’opinion publique, comment expliquez-vous que selon les sondages, le PQ rentrait majoritaire au déclenchement de cette élection? Enlevez la cassette du référendum de Couillard et la propagande anti-péquiste de tous les médias et vous aurez le PQ gagnant.
Je suis d'accord avec vous pour Alexandre Cloutier comme chef. Il est jeune, très articulé, crédible, a une tête sympa, de l'expérience, sans conflit d'intérêts ni de squelette dans le placard et n'est pas détesté par une partie de la population (syndiqués).
Archives de Vigile Répondre
5 mai 2014Si l'Indépendance du Québec est une idée dépassée. L'indépendance du Canada doit l'être aussi. Pourtant, on n'entend jamais dire par les médias que l'indépendance du Canada est dépassée. IL est clair que c'est une lutte entre la nation Québec et la nation Canada et les nations ont encore leur mot à dire en ce monde.
M. Haché a raison, l'indépendance peut faire fuir des électeurs et l'a peut-être fait. Alors on fait quoi? On recommence de la même façon. Cela me semble un non sens...
ou alors on abandonne l'idée de souveraineté pour une affirmation nationale à la P-M Johnson et plusieurs péquistes le souhaitent tout bas!
ou alors on redevient clair pour le meilleur ou pour le pire.
En étant clair(mais intelligent en même temps), que ce soit au PQ ou ailleurs, on se donne une chance de remettre l'idée sur rail et de remonter la côte.
Marcel Haché Répondre
5 mai 2014Daniel Lévesque.
Je ne viens pas défendre Pauline Marois. Je crois que nous serions du même avis que l’élection du 7 Avril dernier marque la fin d’un cycle. L’éventail des choix stratégiques du P.Q. se rapetisse, je crois que vous avez raison sur ce point.
Mais quant à l’élection elle-même, quand bien c’aurait été Rambo lui-même qui aurait dirigé les péquistes lors de la dernière élection, les rouges et les médias « ensemble » comptent déjà pour une force redoutable, si en plus leur stratégie était la bonne- toute dégueulasse qu’elle ait été effectivement- si en plus la stratégie péquiste était la pire qui pouvait être imaginée DEVANT le barrage médiatique, voilà qui explique en partie ( il y a bien plus) une très mauvaise performance qui n’est pas pour autant une déroute.
Ce qui est en cause, c’est la perte au P.Q. de 320,000 votes en 2014 par rapport à l’élection de 2012. Jacques Parizeau sait où ils sont ces 320,000 votes, lui qui a déjà été très fier de résultats semblables obtenus par le P.Q. lorsqu’il était devenu l’Opposition officielle dans les années 70…Il sait où ils sont ces votes, mais il se garde bien de le dire, parce que tout son combat, semblable au vôtre peut-être, consiste à poser qu’il vaudrait mieux parler d’Indépendance avant, pendant et après l’élection. C’est pourtant et précisément ce qui est arrivé à l’élection de 2014 par référendum interposé. Voyez-vous, O.N. dont l’indépendance est le cheval de bataille a reçu en 2014 moins, non pas plusse, MOINS de la moitié des votes que cette formation avait obtenu en 2012.
Pas assez parler d’indépendance, le P.Q., en 2014 ? N’a-t-il pas suffi plutôt que le West Island parle de référendum pour défoncer nos lignes et faire fuir 320,000 lecteurs ?
Jacques Parizeau ne dit pas tout parce qu’alors il serait obligé d’admettre que l’élection de 2014 est son plus monumental échec personnel, bien plus encore que le référendum de 1995.
Pierre Cloutier Répondre
4 mai 2014Je suis d'accord avec vous pour l'ensemble de votre texte et même si je suis un homme de gauche, j'ai tendance, à ce stade-ci à appuyer Pierre-Karl Péladeau pour plusieurs raisons :
1 - PKP vient de l'exérieur ;
2 - Il vient de l'entreprise privée où tout va très vite ;
3 - Il est un symbole de réussite ;
4 - Il connait très bien le monde des communications ;
5 - Il est encore relativement jeune ;
6 - Il est indépendant de fortune ;
7 - Il a du charisme ;
8 - C'est un indépendantiste convaincu ;
9 - Son rôle c'est d'amener le Québec à l'indépendance pas de gouverner la province.
En plus, sincèrement, je ne vois pas comment on peut faire l'indépendance sans la participation active des entrepreneurs, des créateurs et des gens d'affaires.
L'indépendance n'est ni à gauche ni à droite. Elle est en avant.
L'indépendance n'est pas une question de jeunes ou de vieux. Il y a des vieux qui sont jeunes et des jeunes qui sont vieux.
Mais il faut être en forme. Très en forme et surtout être déterminé à faire l'indépendance.
Pierre Cloutier