Mauvais gagnants

La nation québécoise vue par les fédéralistes québécois



Il a fallu 48 heures de tractations; l'Assemblée nationale a finalement souligné hier "le caractère positif" de la reconnaissance de la nation québécoise par le Parlement fédéral. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le libellé de la motion votée à Québec ne dégage pas beaucoup d'enthousiasme. Les péquistes ne voulaient surtout pas se "réjouir" comme le proposait Jean Charest du geste fait par les députés fédéraux.
Il s'agit d'un trait permanent de l'histoire du Québec: nous nous sommes bien davantage attardés sur nos malheurs au sein de la fédération que réjouis des progrès que nous y avons réalisés. Les défaites provoquent non seulement chez nos élus une déception et une colère légitimes; elles sont interminablement ressassées. Les gains, par ailleurs, sont tout de suite oubliés; prochaine revendication!
Le chef de l'Action démocratique, Mario Dumont, l'a fait remarquer hier: "Quand le Québec a été attaqué dans ses droits, cette Assemblée nationale a eu la force et le courage de se lever pour dire non. Cette même assemblée doit avoir la dignité, la noblesse, de se lever pour accueillir positivement et solennellement cette grande avancée pour le Québec." Les députés y sont arrivés de peine et de misère.
Il y a quelques années, alors que le Canada se remettait du référendum de 1995, les premiers ministres des neuf provinces majoritairement anglophones avaient adopté la "Déclaration de Calgary", déclaration qui reconnaissait "le caractère unique de la société québécoise". Une forte majorité de Canadiens, y compris au Québec, se sont montrés favorables à cette manifestation d'ouverture. Les parlements des neuf provinces ont adopté une motion en ce sens. À cette main tendue, le premier ministre Lucien Bouchard a répondu par une gifle: "Les premiers ministres du Canada anglais ont fouillé dans tous les dictionnaires pour trouver les mots les plus anodins, les plus vides pour nous nommer. Refusant de nous reconnaître comme peuple ou comme une nation, ils sont descendus au soubassement (...)" Et on s'étonne que les Canadiens anglais en aient marre de nos revendications?
Les élus du pays entier viennent une nouvelle fois, cette semaine, d'offrir aux Québécois une branche d'olivier. À entendre les réactions au Canada anglais, on comprend bien que cela aurait dû être fait avec moins de précipitation. Si l'on souhaite que le vote des Communes soit le fondement d'une évolution fructueuse du fédéralisme, il faudra faire beaucoup de pédagogie à rebours. Le premier ministre Charest avait raison d'inviter "les leaders de partout au Canada, qu'ils soient dans les milieux politique, journalistique, académique, juridique, de s'inspirer davantage de cet esprit de respect, d'ouverture, de pragmatisme, d'innovation qui définit le système fédéral." Mais les Québécois doivent eux aussi faire leur part, comme l'a bien souligné M. Dumont: "Il ne faut pas arriver avec une liste à prendre ou à laisser, il faut être prêts à une ronde de discussion ouverte." Il s'agit de se mettre à l'écoute sincère... des autres nations du pays.

Featured e9ce29e1df8a56a11b26e68ffd733781

André Pratte878 articles

  • 317 149

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé