« On a toujours un peu l'impression que Maurice Duplessis était contre la science, car c'était un personnage conservateur. Étonnamment, en 1936, il s'est entouré de scientifiques. » L'historien Jonathan Livernois raconte comment le premier ministre Maurice Duplessis a fait de la santé l'une de ses priorités, dans les années 1930, en créant, notamment, le ministère de la Santé.
Avant 1936, toutes les questions de santé étaient gérées par le Secrétariat de la province, au même titre que les questions d’éducation et de culture. Au fond, c’était un ministère des causes secondaires perdues
, souligne Jonathan Livernois.
Il n’y a donc pas à s’étonner que la santé des Canadiens français ait autant laissé à désirer à cette époque, particulièrement dans la métropole. Les conditions sanitaires de Montréal n’étaient certainement pas plus enviables que celles de Calcutta, en Inde
, affirme Jonathan Livernois.
Au début du 20e siècle, on a commencé à vouloir trouver des moyens de guérir plus efficacement la population et de prévenir les maladies. C’est dans cette optique que Maurice Duplessis a créé le ministère de la Santé, en 1936. Cela a été l’une de ses premières initiatives en tant que premier ministre du Québec.
Celui qu’il a nommé à la tête de ce ministère était un médecin globe-trotter du nom d’Albiny Paquette. L’homme a passé son enfance à Montréal, mais il a exercé la médecine à différents endroits dans le monde, notamment en France, au Proche-Orient et en Australie. À son retour au pays, c’est à Mont-Laurier qu’il a décidé de s’installer pour le restant de ses jours.
Albiny Paquette a été élu député sous la bannière de l’Union nationale en 1935 et il a conservé ce titre jusqu’en 1958. Il a été ministre de la Santé durant tout ce temps, hormis pendant la courte période où les libéraux ont pris le pouvoir.
Autre geste fort de Maurice Duplessis pour la santé : en 1938, il a octroyé 75 000 $ au Dr Armand Frappier pour qu’il mette sur pied l’Institut de microbiologie et d’hygiène de Montréal. Celui-ci va notamment produire des vaccins pour assurer l’autonomie de la province. Donc, les Québécois ne seront plus tributaires de Toronto ou des États-Unis, explique Jonathan Livernois. Déjà, en 1938, on voyait une espèce de volonté d’émancipation nationale qui passait par ça.
Cette préoccupation pour la santé publique a fini par porter ses fruits. Par exemple, le ministre Paquette annonçait, en 1956, que la mortalité infantile avait chuté de plus de 50 % dans la province depuis l’élection de l’Union nationale de Maurice Duplessis.