La première ministre Pauline Marois a profité lundi de la cérémonie d’ouverture du premier Sommet international des coopératives pour réitérer sa volonté de s’assurer que, sur le plan fiscal, tous les contribuables contribuent en fonction de leurs revenus, une allusion à son projet critiqué de hausser les impôts payés par les citoyens québécois les mieux nantis. La chef péquiste a aussi tenu à associer les valeurs défendues par le modèle coopératif à celles de son gouvernement.
« Nous avons le devoir de garder le contrôle de nos budgets pour faire face à nos responsabilités sociales. Mais cette obligation de rigueur serait privée de sens sans l’objectif de bâtir une société plus équitable, plus respectueuse de ses citoyens. Ainsi, nous devons nous montrer justes, demander à chacun de faire sa part en proportion de ses moyens, tout en nous montrant disciplinés dans notre gestion budgétaire et en contrôlant rigoureusement nos dépenses », a fait valoir Mme Marois devant un parterre de délégués issus du mouvement coopératif réunis au Centre des congrès de Québec.
La première ministre, qui a refusé de répondre aux questions des journalistes après son allocution, a subi des attaques répétées au cours des dernières semaines en raison de sa volonté d’augmenter les contributions fiscales des Québécois qui gagnent chaque année plus de 130 000 $. Sur le plateau de l’émission Tout le monde en parle, l’ex-ministre des Finances Raymond Bachand a de nouveau attaqué le projet du Parti québécois dimanche. « Depuis quelques semaines, diviser la classe moyenne contre la classe des plus aisés, diviser les Anglais des Français, c’est une politique, actuellement, qui nous mène à un désastre économique », a dit M. Bachand, qui souhaite succéder à Jean Charest à la tête du Parti libéral du Québec.
Fait à noter, au Québec, les mieux nantis ont eu droit à des baisses d’impôt totalisant plusieurs milliers de dollars au cours de la dernière décennie. La mesure du nouveau gouvernement signifierait une augmentation, en moyenne, de quelques centaines de dollars. Les impôts des entreprises ont également reculé depuis dix ans au Québec.
Pauline Marois a par ailleurs profité de sa tribune lundi pour associer les valeurs de son parti à celles du mouvement coopératif. « Dans le même esprit que [le Mouvement] Desjardins, nous devons contrôler et dépenser et scrupuleusement chaque dollar qui nous est confié par les contribuables. Justice, solidarité, rigueur. Ce sont les valeurs du mouvement coopératif et ce sont celles de mon gouvernement. »
Elle a aussi rappelé que le Québec compte un bassin important de coopératives et que celles-ci permettent de « faire grandir notre prospérité de manière durable ». Il existe plus de 2000 coopératives au Québec. Dans la seule Capitale-Nationale, elles sont plus de 350, a rappelé le maire Régis Labeaume lundi. Leur chiffre d’affaires total avoisine les 350 millions. Au Canada, on compte plus de 10 000 coopératives qui emploient 155 000 personnes et produisent un chiffre d’affaires de plus de 200 milliards.
Mais malgré leur importance économique, les coopératives ne bénéficieraient pas de toute la reconnaissance nécessaire, selon Monique Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins. « Nous voulons que les gouvernements reconnaissent la pleine valeur du modèle coopératif, notamment en adoptant des lois en ce sens. » Elle a par la même occasion invité Québec et Ottawa à prendre acte des recommandations qui seront formulées en conclusion du sommet.
Mme Leroux espère que cette première rencontre internationale, qui réunit 2800 délégués provenant de 91 pays, sera suivie d’autres sommets du même genre. Elle estime en fait qu’il serait souhaitable d’en faire un rendez-vous annuel, à l’image du Forum économique mondial de Davos.
Sortir de l’économie des marchés
Ce sommet, qui se poursuit jusqu’à jeudi, accueille plusieurs personnalités bien connues, dont l’ex-secrétaire d’État des États-Unis, Madeleine Albright, le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt, Michael Sabia, ou encore l’économiste et altermondialiste Riccardo Petrella. C’est ce dernier qui a prononcé la première conférence, lundi, en soirée. Il a invité le secteur coopératif à contribuer à sortir le monde de « l’économie capitaliste des marchés ». « C’est possible, a-t-il affirmé, parce que l’économie capitaliste de marché n’est pas définitive. Ce n’est pas une création divine, c’est nous qui l’avons créée. »
« Plus de gens ont accès aux téléphones mobiles qu’à l’eau et les installations sanitaires de base, a-t-il illustré. Mais on ne peut pas accepter la pauvreté. C’est ça la coopération. C’est dire : “ton avenir est aussi le mien”. Trois milliards de citoyens sont pauvres dans une économie qui se dit globale, performante et efficace. Que veut-on faire pour lutter contre la pauvreté extrême et l’exclusion ?
Sommet international des coopératives
Marois plaide pour plus d’équité fiscale
Riccardo Petrella invite le secteur coopératif à contribuer à sortir le monde de l’économie capitaliste des marchés
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