En point de presse mardi, la première ministre a justifié le traitement réservé à M. Boisclair, en invoquant sa «compétence».
Québec — Parce qu'il est compétent, André Boisclair mérite pleinement les largesses que lui a consenties le gouvernement, a soutenu mardi la première ministre Pauline Marois.
L'ancien chef péquiste a été nommé délégué général du Québec à New York par décret le 7 novembre. À cette fonction prestigieuse s'ajoute aussi un avantage inhabituel sinon inédit: il a été nommé du même coup sous-ministre adjoint au ministère des Relations internationales.
Cette dernière nomination n'est pas banale. Elle confère à M. Boisclair une permanence à vie dans la fonction publique.
En point de presse mardi, la première ministre a justifié le traitement réservé à M. Boisclair, en invoquant sa «compétence».
L'ancien chef péquiste a dirigé des milliers de fonctionnaires à la tête de nombreux ministères au cours de sa carrière politique, a mené des études supérieures aux États-Unis et a «failli» devenir premier ministre du Québec, a expliqué Mme Marois.
Personne ne peut remettre en doute les qualités et les compétences de M. Boisclair, a insisté la première ministre
«Il a failli être premier ministre du Québec, il aurait pu être premier ministre du Québec, a-t-elle dit. Il a recueilli plus d'un million d'appuis lors de l'élection de 2007 et de plus il a complété des études supérieures aux États-Unis, c'est un homme qui a beaucoup d'entregent et beaucoup de talent.»
En intégrant la fonction publique à titre de sous-ministre, M. Boisclair accède au régime de pension des administrateurs d'État. Il obtient aussi l'assurance d'un revenu annuel indexé d'environ 170 000 $ et le droit à sa pleine retraite, sans pénalité actuarielle, dès l'âge de 55 ans.
Québec solidaire a dénoncé sans réserve cette double nomination, y voyant un cas patent de traitement de faveur.
La double nomination aurait dû être annoncée, dit Lisée
Le cabinet de la première ministre Pauline Marois aurait dû publiciser la double nomination d'André Boisclair, a déclaré mardi le ministre des Relations internationales Jean-François Lisée.
M. Lisée a reconnu que l'accession de l'ancien chef péquiste à la haute fonction publique, en même temps que son affectation comme délégué général du Québec à New York, était une décision exceptionnelle.
Selon le ministre, M. Boisclair a exigé d'obtenir une permanence dans la fonction publique parce que sa nomination à New York l'obligeait à abandonner ses fonctions de consultant.
«Si on lui demandait de se retirer de son travail pendant deux, cinq ou huit ans, il est évident qu'après il recommencerait à zéro, a-t-il dit. Alors il nous a demandé s'il était possible d'avoir une sécurité. Nous avons pensé que dans ce cas, compte tenu de la qualité de la candidature, cela valait la peine.»
Lors d'un point de presse à l'entrée d'une réunion des députés péquistes, M. Lisée a affirmé que la double nomination de M. Boisclair avait fait l'objet d'un décret du conseil des ministres publié le 28 novembre.
Le ministre a reconnu que la nomination de M. Boisclair au poste de sous-ministre adjoint aurait dû être publicisée en même temps que son affectation à New York, annoncée dans un communiqué du bureau de Mme Marois.
«Je pensais d'ailleurs que ce serait dans le communiqué le jour même, ç'aurait été préférable à mon avis qu'on ait cette discussion-là d'un seul tenant plutôt qu'en deux pans, a-t-il dit. Mais le processus transparent a été suivi.»
M. Lisée a affirmé qu'il avait discuté de cet aspect avec la directrice des communications du cabinet de Mme Marois, Shirley Bishop, qui partage l'avis du ministre.
«Je ne pense pas qu'il y ait aucune volonté de camouflage puisque de toute façon ça allait sortir, a-t-il dit. Je pense qu'en communicateur ç'aurait été de la meilleure communication de le faire le même jour.»
François Gendron ne savait pas
Le vice premier ministre François Gendron a affirmé qu'il ignorait la double nomination de M. Boisclair, bien que cette décision ait été entérinée par le conseil des ministres.
«Je ne le savais pas et j'aimerais le savoir, a-t-il dit. Ça se peut qu'il y ait des choses dans les nouvelles que je n'écoute pas mais là je suis franc, je ne savais pas ce dont vous venez de m'informer. Moi j'aime mieux ne pas faire de commentaires tant que je n'aurai pas un peu plus d'informations sur l'affaire.»
M. Lisée a estimé que cette information était pourtant accessible à son collègue. «Il n'avait pas lu attentivement le cahier, oui c'était au conseil des ministres», a-t-il dit.
M. Lisée a affirmé que c'était la première fois qu'une double nomination était ainsi décidée pour un représentant du Québec à l'étranger, mais il a fait valoir que cette pratique s'est déjà vue au fédéral.
«La pratique de faire en sorte qu'un délégué général dans une position stratégique soit sous-ministre adjoint, c'est un précédent qu'on crée au Québec, ce n'est pas un précédent en diplomatie, a-t-il dit. C'est assez courant à Ottawa.»
M. Lisée a donné l'exemple de Lawrence Cannon, ambassadeur du Canada à Paris, en affirmant qu'il a en même temps accédé à la haute fonction publique.
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