Par Achille Hubert
La catastrophe de la mer noire dans le golfe du Mexique semble, à première vue, bien loin des Îles de la Madeleine et de nos préoccupations quotidiennes, surtout en cette période intense de la pêche au homard. Pourtant, à y regarder de près, les ressemblances sont nombreuses.
D’abord, l’écoulement du mazout s’effectue dans une zone très riche en poissons, crustacés, et mollusques de toutes sortes. Une grande majorité des habitants de cette zone sont des pêcheurs ou des cueilleurs. Parmi eux, on trouve des descendants des premiers Acadiens qui furent déportés par les Anglais dans le sud des États-Unis et qui ont conservé leur langue et leurs coutumes ancestrales.
Cette grande étendue d’eau du golfe du Mexique n’est pas comparable à notre golfe du Saint-Laurent. Louis-Gilles Francoeur, journaliste au journal Le Devoir écrivait dans l’édition des 1er et 2 mai, à propos de cette catastrophe : « Un accident pétrolier, qu’il s’agisse du bris d’un super pétrolier ou d’une fuite incontrôlée d’un puits de pétrole, aurait dans le golfe du Saint-Laurent des impacts potentiellement plus lourds que dans le golfe du Mexique, car on serait ici dans un milieu marin fermé de tous les côtés. »
Ce M. Michaud a participé au débat en 2004 qui portait sur la question : devions-nous, oui ou non, explorer le golfe du Saint-Laurent en vue d’y trouver des nappes de pétrole. Depuis ce temps, un moratoire sur l’exploration et l’exploitation des combustibles fossiles dans le golfe du Saint-Laurent est en vigueur.
Il est étrange de constater que la catastrophe écologique du golfe du Mexique a été provoquée, non pas par l’exploitation d’un site de pétrole, mais lors d’un essai exploratoire et qu’en plus la tragédie a été causée par une erreur humaine emportant dans la mort plus d’une dizaine de travailleurs.
Selon M. Michaud, « nous nous approchons rapidement du jour où des plateformes comme celle d’Hibernia vont apparaître dans le golfe et menacer la totalité de cet écosystème. Déjà, une société commerciale vient de demander à Terre-Neuve la permission de forer un premier puits dans le secteur d’Old Harry pour contourner le Québec et son moratoire sur le même secteur du golfe où les deux provinces ont des prétentions territoriales ».
Aux Îles, on sait ce que veut dire le mot « mazout ». Les plus âgés parmi nous se rappellent sans doute le naufrage du navire Irving Whale lors d’une tempête dans le golfe du Saint-Laurent alors qu’il transportait un chargement de mazout. Personnellement, je m’en souviens comme si c’était hier.
Cela est arrivé le 7 septembre 1970 alors qu’il se rendait d’Halifax, N.-É. à Bathurst, N.B. La barge, remplie de pétrole, s’est enfoncée dans les eaux, laissant échapper des quantités énormes de mazout lourd et des BPC. Deux cent mille sacs remplis de mazout furent enfouis dans les dunes des Îles et un grand nombre y gisent toujours. Des centaines d’oiseaux marins ont péri. La compagnie Irving n’a pas payé un seul sou pour ce désastre écologique qui fut causé par sa négligence en utilisant un navire fabriqué pour aller sur des rivières, mais nullement pour traverser le redoutable golfe du Saint-Laurent.
Conclusion : gardons propre notre golfe du Saint-Laurent pour aujourd’hui et pour les générations à venir!
Marée noire dans le golfe du Mexique
Marée noire dans le golfe du Saint-Laurent ?
Éditorial de l'hebdomadaire des Îles de la Madeleine - Le Radar
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5 commentaires
Frédéric Picard Répondre
17 mai 2010@Gauthieray: Un gisement comme le votre, j'en prends un N'IMPORTE QUAND, dans ma cour, à St-Jean ou en Mauricie. Dans ma région natale, j'en rêve, car je pourrai y retourner, ne serait-ce que pour tourner des boulettes au Burger King, payé à 22 $/h, comme à Ft. McMurray ...
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Monsieur Charbonneau, je ne dit pas que l'industrie pétrolière est 100 % sure. Il y a eu beaucoup d'accidents en mer du Nord. Mais les accidents y sont beaucoup moins graves que Deepwater Horizon. Les écologistes tentent de comparer des pommes avec des oranges et d'utiliser l'ampleur de la catastrophe du golfe du Mexique pour se faire du capital politique. C'est exploiter la misère des autres et l'ignorance et les peurs des gens. Golfe, 150 m de profond. Deepwater 1,5 km.
La comparaison est encore plus boiteuse, lorsqu'on compare une platte forme flottante, une sorte de bateau, et une platte forme qui repose sur le fond océanique. Nommez moi les catastrophes d'Hibernia ? Demandez aux Terre-Neuviens s'ils veulent fermer Hibernia ?
Des accidents, il y en a toujours. C'est thermodynamique. Toutefois, le degré de risque et l'impact dans le golfe sont beaucoup plus petits. On peut envoyer du monde à 150 m. À 1,5 km, faut un robot.
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Bref, continuez à essayer de vendre votre électricité éolienne "éole-québec" à 10,5 cents le kwh... On vous regarde !!! Allez-y. Propulsez le Québec, nos transports en commun, avec cette énergie.
Sans augmenter les tarifs d'hydro, bien évidemment, qui eux, sont à 6 cents le Kwh. Après tout, vous n'êtes pas un "vulgaire" lucide ...
Raymond Gauthier Répondre
16 mai 2010Permettez-vous, juste pour le fun, d'imaginer (image virtuelle à l'appui) l'ampleur d'un déversement tel celui du golfe du Mexique « dans votre cour à vous ». En allant sur le site ci-dessous, vous pourrez voir l'étendue de la tache noire dans votre propre environnement (votre lieu de résidence). Vous pouvez aussi taper îles de la Madeleine, juste pour le fun. Surtout si vous êtes sur le BS ou sur le chomedu comme la plupart des Gaspésiens et des Madelinots (!). Vous n'avez rien d'autre à faire.
C'est de la fiction, vous dira monsieur Picard. Oui, c'est de la fiction peu probable, puisque, dans la réalité ça n'arrive jamais.
Le mépris n'aura qu'un temps !
Serge Charbonneau Répondre
16 mai 2010Un excellent éditorial d'une personne du Golfe.
Le Radar des Îles fonctionne bien. Il nous avertit avec pertinence et précision du réel danger que nous courrons.
Monsieur Hubert a eu une excellente idée d'utiliser Vigile pour nous faire lire son éditorial des Îles-de-la-Madeleine qui autrement aurait pu passer inaperçu, pour nous, les gens de la grande terre.
Les puits de pétrole en mer ont un potentiel d'accidents désastreux élevé. Ils représentent un danger constant pour la vie marine et via la chaine alimentaire pour la vie humaine. Dans notre Golfe c'est même un danger pour la vie économique de tous ceux qui vivent de la mer.
Il y a un réel danger.
Comme le soulignait Louis-Gilles Francoeur, notre Golfe est beaucoup plus fermé que celui du Mexique. Le pétrole ravagerait beaucoup plus de côtes. En plus, cet espace assez fermé occasionne à certains endroits des marées bien supérieures à celles du Golfe du Mexique. Nos côtes où il y a parfois de très fortes marées seraient complètement dévastées.
Le commentaire de Monsieur Frédéric Picard est assez renversant.
Monsieur Picard nous asperge de BS (Bêtises Surprenantes).
L'insensibilité dont il fait preuve m'apparait tout aussi alarmante que le danger de l'exploration pétrolière. C'est cette insensibilité irresponsable qui entraîne le genre de catastrophe qui se vit présentement dans cette mer du Sud.
Il est aberrant de constater que certaines personnes sont incapables de profiter de la magistrale leçon que ce désastre écologique nous offre.
Monsieur Picard dit:
L’accident du golfe du Mexique, c’est par 1,5 km d’eau. Ça commence à être creux pour des casiers de homards, vous trouvez pas ?
Peut-être que M. Picard s'imagine que ce qui est loin ou profond n'a pas d'incidence en surface. De toute évidence, il ne s'est jamais aperçu que le pétrole est moins lourd que l'eau et que l'huile et l'eau ne se mélangent pas plus que le cliché classique et l'observation intelligente de la réalité.
Pour M. Picard, l'exploration pétrolière est sûre à cent dix pour cent.
Et pourtant, même un Hibernia qui repose sur le fond se dégrade et devient un danger. Bien entretenir un Hibernia, c'est comme creuser un second puits parallèle « au cas où ». Ça coute cher et ça ne rapporte pas.
C'est dans la nature du capitalisme humain de couper au maximum dans les dépenses. Tant que ça fonctionne... pourquoi entretenir ? Et lorsque ça lâche, on déguerpit, on fait faillite, on s'efface, on fait traîner devant les tribunaux internationaux. La compagnie qui paye... ouf ! C'est toujours bien en deçà des dégâts.
Non, qu'on soit sur le fond où en flottaison, le danger écologique est bien réel et c'est sans parler de la souillure inhérente à de telles opérations.
L'industrie pétrolière, c'est l'industrie la plus payante, mais aussi la plus sale et elle est de plus en plus sale (on nous cache la saleté quotidienne qui se fait dans le Nord de l'Alberta. Voir «on pourrait penser que la pollution incroyable causée par l’exploitation des sables bitumineux n’existe pas» http://www.vigile.net/Les-sables-bitumineux-de-l-Alberta ).
Monsieur Picard dit cependant une chose très intéressante:
« C’est aux Gaspésiens et aux Madelinots de décider ce qu’ils veulent. »
En effet, les Madelinots-es, les Gaspésiens-nes et tous les habitants des secteurs côtiers canadiens devraient faire un référendum. Le Canada devrait par la suite se plier à ce résultat. Je crois que ceux qui sont nés les deux pieds dans la belle eau du Golfe et qui vivent des fruits de la mer ont les yeux bien ouverts sur les dangers que représentent l'exploitation pétrolière. Je crois que les gens des Îles savent de quoi ils parlent et ne disent pas des BS.
Serge Charbonneau
Québec
Louis Horvath Répondre
15 mai 2010Qu'on se le dise. Monsieur Hubert a complètement raison. Pas besoin d'extraire du pétrole chez nous, sous aucune condition. La raison est doublement simple; pourquoi rouler sur l'or noir quand on peut rouler électrique? Si le Québec a vraiment envie d'indépendance, il doit également être indépendant énergétiquement. Rien de moins n'est acceptable.
Quand à la critique de monsieur Picard, je ne dirai qu'une chose; quand on est rendu à menacer les gens pour arriver a ses fins, on ne vaut pas cher la livre. D'autre part, céder au forage dans le St-Laurent viendrait à capituler, une fois de plus, pour le bénéfice d'étrangers ou de gens qui n'ont pas le Québec dans leur coeur. On ne cesse d'alléger les taxes, de saupoudrer la grande entreprise de subventions et de tarifs hydro-électriques réduits.
Ont-ils retourné la faveur en aidant à faire du Québec un pays où il fait bon vivre ou pressent-ils le citron sans préoccupation pour ceux qui en font les frais (vous et moi) ?
Poser la question ...
Frédéric Picard Répondre
15 mai 2010Conclusion, c'est aux Gaspésiens et aux Madelinots de décider ce qu'ils veulent. Si vous voulez continuer de voir vos village dépérir, d'appeller vos enfants ou vos frères et soeurs dans le 450, de rappeller à TOUT le Québec que vous êtes ceux qui ont le député le plus "accessible" (1 député pour 13,000 habitants), de voir l'industrie florissante du chomedu et du BS envahir les bars à chaque mois, entre septembre et mars, c'est vos affaires.
Quoique ... c'est un peu de nos affaires aussi, car, le chèque de chomedu, il vient de quelquepart. C'est toutefois un autre débat.
Faites votre référendum, choisissez votre destin, après on va vous écouter.
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Depuis des décénnies, il y a des plattes formes dans la mer du Nord, entre la Norvège et l'Écosse. Oui, des accidents arrivent. Mais l'accident du golfe du Mexique, c'est par 1,5 km d'eau. Ça commence à être creux pour des casiers de homards, vous trouvez pas ? Ça en fait de la corde !! Le golfe n'est pas aussi creux. On parle pas mal plus de cas simmilaires à la mer du Nord. Pas Deepwater Horizon.
Vous parlez d'hibernia ? J'en rêve. Car Deepwater Horizon était flotante. Un peu comme un bateau. Hibernia, au contraire, repose sur le fond, avec ses centaines de tonnes de béton et d'acier, remplis d'eau de mer, conçus pour résister aux Icebergs. Aux Icebergs!!! Est-ce que ça prend feu, du béton ? Ou que ça s'effondre sur le fond océanique?
1 Hibernia, et la population des Iles atteindra 50,000 habitants. Vous aurez 3 traverses, la Gaspésie sera florissante, l'Ile du Prince Édouard va surchauffer. Plus de BS, plus charité, un peuple acadien fier (ils le sont déjà) et prospère.