Lysiane Gagnon soutient dans une chronique publiée le jeudi 29 novembre que la réforme électorale prévue par le gouvernement Harper lésera l’Ontario. “En vertu de la formule retenue par le gouvernement, l’Ontario qui comptera 39,4 % de la population canadienne en 2011, n’aura que 35, 2% des sièges à la Chambre des Communes.” Lysiane Gagnon n’oublie cependant pas les doléances du Québec. Elle les attribue à une réaction outrée et accuse le Bloc Québécois de paranoïa.
Du point de vue de Lysiane Gagnon, le Québec n’a pas à se plaindre des estimations de la réforme puisque sa population diminue par rapport au Canada. Lysiane Gagnon ne s’inquiète pas de la minorisation du Québec. Elle convie la population à ne pas se laisser prendre à l’hameçon du mécontentement. S’il y en a un qui doit se plaindre c’est l’Ontario qu’elle nomme affectueusement “le voisin le plus proche”.
Pourquoi se plaindre en tant que Québécois?, demande Lysiane Gagnon. À propos de la décroissance de la représentation du Québec, elle affirme qu’elle est sans conséquence puisque l’appui du Québec détermine si les gouvernements au Fédéral seront minoritaires ou majoritaires. C’est pour elle un point qui atteste totalement de la primauté du poids politique du Québec. Si l’Ontario était habité par des forces aussi réactionnaires qu’au Québec, poursuit-elle, cette province crierait constamment au génocide.
Le concept même de minorisation lui échappe. Qu’est-ce qui se trouve en voie de minorisation? Un instinct de classe? Une confrérie? Une nation? À quoi bon se formaliser. Jean Chrétien, lexicologue patenté et improvisé, vient d’affirmer que le terme “nation”, quand il s’agit du Québec, veut tout dire et ne rien dire à la fois.
Le Québec, nous avertit Lysiane Gagnon, “ne sera pas davantage sous-représenté que les provinces de l’Ouest qui, elles, ne se plaignent pas.” Le Québec est une partie du Canada, un pourcentage canadien donc, une fraction. La représentation du Québec est une valeur mathématique et non pas proprement morale. Qui oserait bafouer la règle du ratio proportionnel? Il n’y a, à ses yeux, qu’une grandeur mathématique occupant une partie de l’est du Canada. Vu sous cet angle, Lysiane Gagnon, semaine après semaine, découvre les règles valables pour tous.
Comme Jean Chrétien, elle est fière d’être Québécoise et Canadienne. Comme Jean Chrétien, cette double fierté n’accorde à la nation québécoise que ce qui la cadre et ce qui la fonde dans le système canadien. La juste place à occuper dans l’assemblée canadienne, le geste à faire, le mot à dire, le moment de les dire et de la faire pour être aussi égal que les autres, tel est le nerf de sa fierté québécoise.
Nous sommes importants au Canada, insiste Lysiane Gagnon. Aux prochaines élections c’est nous qui choisirons entre Stéphane Dion et Stephen Harper. Les deux veulent confirmer la justesse du fédéralisme dans sa nouvelle étape. La grande nation aidera le Québec à rattraper le Canada sur les fronts où il tire de l’arrière.
Le Québec ne sera pas représenté comme nation? Et puis après?, demande Lysiane Gagnon, puisque ce concept est une nullité symbolique. Ce qui est réel au Canada, c’est la possibilité d’entamer des luttes d’influences et de former des ligues au sein des partis politiques fédéralistes, une perspective bien satisfaisante, bien conforme au credo de Lysiane Gagnon.
Pour Lysiane Gagnon, le Québec est une division administrative, un domaine canadien. C’est la seule réalité qui ne soit pas creuse au Canada, la seule réalité que Lysiane Gagnon respecte, la seule à laquelle elle se soumet. Le Québec perd de son poids démographique que par un pourcentage minime, écrit-elle. Elle accuse Jean Charest de gonfler l’affaire au-delà de toute décence.
Lysiane Gagnon peut bien écrire dans une autre chronique que le Québec est quelque chose d’exceptionnel. Il reste à épiloguer, si ce quelque chose est négatif, si ce quelque chose mérite d’être reconnu. Pour Lysiane Gagnon, les péquistes sont des doctrinaires, des gens qui veulent se faire du beurre. Lysiane Gagnon, elle, séjourne dans la pureté du fédéralisme, sans liste d’épicerie, parmi les techniciens, les spécialistes administratifs du Canada.
Lysiane Gagnon raisonne pour que le Québec dépasse une bonne fois la phase de la déception généralisée qui a suivi les accords du Lac Meech: que le Québec se voue enfin au grand bonheur canadien en tant que division administrative. Elle est donc fort prisée par la grande presse canadienne. Là-bas, on la reconnaît car elle est portée par toutes les idées qui jouent un rôle d’unification idéologique.
Elle rappelle dans ses chroniques que le monde extérieur n’est pas hostile au Québec. Ce dernier peut participer à un domaine officiel qui a toutes les caractéristiques et les dimensions massives des institutions canadiennes. Le Québec peut y prendre la parole en son nom propre, écrit Lysiane Gagnon, c’est-à-dire parler comme fraction de la souveraineté canadienne, les deux étant synonymes. En somme, tout l’art politique au Québec consiste à participer à la puissance gouvernementale canadienne et à rendre ses règles encore plus obligatoires chez lui.
D’habitude, Lysiane Gagnon écrit en doctrinaire fédéraliste, sans camouflage. Parfois elle écrit que le Québec doit devenir important, un point qu’elle élucidera dans d’autres chroniques complaisantes envers le personnel politique canadien. On ne sait plus si on a affaire à de la chronique ou à de la publicité.
Des changements grandioses prennent place au Canada, écrit-elle. Ces changements, comme il va de soi, s’évaluent à l’échelle qui lui est propre, l’échelle canadienne. Et pendant ce temps, écrit-elle en devançant l’actualité, les indépendantistes ont une sale affaire sur le dos. Ils veulent réduire le Québec à l’intérieur de ses frontières et ils veulent empêcher une mobilité accrue des travailleurs entre les provinces.
Si les travailleurs québécois vont dans les autres provinces, ce sera une nouvelle victoire du fédéralisme pour Lysiane Gagnon. L’anglicisation? Vous ne trouverez pas une ligne là-dessus dans sa chronique. Lysiane Gagnon vous répondra que le travailleur francophone va renforcer sa position sociale ailleurs. Cela en fait, en toute logique, un franco plus fort. Ou encore, elle vous pondra un pourcentage qui prouvera hors de tout doute qu’en se soumettant aux lois générales de la société canadienne, selon certains critères, il n’y a aucune diminution des francophones.
Ou elle écrira qu’on n’est pas seulement francophone et qu’on participe à un conglomérat de groupes sociaux. Presque toutes les personnes mobiles ont exercé un pouvoir accru dans les cellules de la société canadienne. Ou, sinon, elle écrira: “Le Québec ne fait pas d’enfants? À qui la faute?”
Une autre chroniqueuse, Diane Francis, l’a écrit: Les Québécois ne font pas d’enfants pour satisfaire leur soif irresponsable de la bagatelle. Lysiane Gagnon fait écho à la chronique canadienne mais elle a parfois des bretelles de rechange. Pour faire bonne mesure, elle peut parfois dénoncer un écart dans le commentaire canadien. Il le faut bien après avoir écrit pendant trente semaines que les péquistes sculptent au bulldozer.
Lysiane Gagnon, elle, connaît la finesse du jugement canadien. Il faut penser en grand, des projets divisibles, incluant provinces et territoires. Ayant refait les calculs, Lysiane Gagnon découvre qu’il n’y a pas de problème de minorisation du Québec. La belle province s’en tire toujours à l’aide des nombres décimaux.
André Savard
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
4 décembre 2007je vous invite à voir le site internet de monsieur Pierre Paquette, député du Bloc Québécois, leader parlementaire, qui a fait un dossier complet sur la représentation électorale et qui dénonce ce projet de loi.
http://www.pierrepaquette.qc.ca/index.jsp?p=34
bonne journée
Nancy GAgnon
adjointeparlementaire de Pierre Paquette
paquep@parl.gc.ca
Raymond Poulin Répondre
4 décembre 2007Bref, Mme Gagnon est aussi fiable que Jean Chrétien, ce qui n'est à l'honneur ni de l'un ni de l'autre. Mme Saulnier nous interdisant désormais l'usage de "fédérastes", que diriez-vous de "fédépathes"? De l'injure politique à l'aspect clinique, il faut admettre qu'il y a progrès.