Le moins que l’on puisse dire à propos de cette loi (que ses auteurs considèrent la loi sur la laïcité du Québec), c’est qu’elle est une très mauvaise loi : insidieuse, tendancieuse, et je crains de l’écrire, plus dangereuse que bienfaisante.

Cette loi n’a rien réglé; bien au contraire. Elle soulève les passions comme pas une, risquant de mettre à nouveau le feu à ce baril de poudre des religions qu’on avait pourtant pris des décennies à respecter sans qu’elles nous maudissent tous en enfer par leurs croyances et leurs diktats.

C’est que nous avons oublié que l’évolution des mentalités par la raison prend des siècles; nous avons oublié cette vérité religieuse et sa communion des esprits. Ce n’est pas une mauvaise loi avec ses menaces d’excommunication qui viendra nous faire comprendre ce qu’est la laïcité d’un peuple.

Ce ne sont pas les enfants qui souffrent de la vue de signes religieux ostentatoires; ce sont des adultes offusqués et obsédés de vengeance qui s’agenouillent devant ce papier mal écrit qui bafoue nos premières lois du pays et qui laisse les religions et les sectes garder leurs avantages fiscaux et leurs congés d’impôts fonciers.

Nous avons mis des décennies à faire taire le prosélytisme de certaines religions; n’avions-nous pas compris que l’endoctrinement à leurs croyances venait de ses "preachers" et non de leurs signes ostentatoires?

François Legault n’arrête plus ses incantations et ses prières auprès des fédéralistes du Canada afin qu’ils ne déboutent pas inconstitutionnellement sa loi 21. Souvenons-nous que cette loi 21 fut adoptée sous le bâillon en 2019 à l’Assemblée nationale du Québec et par l'utilisation de la clause "nonobstant" de la Charte canadienne des droits et libertés.

Le 2 décembre dernier, deux de ses partisans offusqués d’une publicité de l’Association musulmane canadienne ont exprimé leurs frustrations dans le journal « Le Nouvelliste » de Trois-Rivières; leur texte présentait des affirmations gratuites, ainsi que de grossières contradictions justement en lien direct avec la Charte des droits et libertés. Ils faisaient là une démonstration éloquente que cette loi est une erreur grave : elle ne rassemble absolument pas la nation du Québec autour d’une vraie laïcité de l’État; c’est tout le contraire : certains la désavouent complètement alors que d’autres trouvent qu’elle ne va pas assez loin!

Si nous souhaitons vraiment la paix et la liberté de pensée dans un état laïc, la loi 21 n’est certes pas l’outil législatif à cette fin : elle n’est qu’un instrument de discorde. Le législateur doit humblement s’en conscientiser et refaire ses devoirs avant que d’autres événements tristes ne viennent encore assombrir le ciel du Québec. N’avons-nous pas suffisamment souffert de nos haines insensées?