Lisée abdique et couronne Péladeau

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Son agonie ne fait que commencer

Le député franc-tireur Jean-François Lisée abandonne « avec regret » la course à la direction du Parti québécois. À ses yeux, la longueur d’avance de Pierre Karl Péladeau est insurmontable.

« Techniquement, la course à la direction du Parti québécois n’est pas encore commencée. Politiquement, cette course est terminée », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse vendredi après-midi au quartier général du PQ à Montréal.

Les membres du PQ seront appelés aux urnes seulement à la mi-mai afin de choisir le successeur de Pauline Marois à la tête de leur formation politique. Les aléas de la course à la chefferie n’y changeront rien : ils ont arrêté leur choix, est convaincu le député de Rosemont. « Le Parti québécois veut vivre son moment Pierre Karl Péladeau jusqu’au bout. Il faut l’accepter et souhaiter que ce moment nous mène à des victoires », a-t-il ajouté.

M. Lisée en est venu à cette implacable conclusion jeudi soir après le caucus présessionnel du PQ à Saint-Jean-sur-Richelieu. « J’ai regardé tous les scénarios : scénarios d’alliances, scénarios de mobilisation […] Il n’existe aucun scénario qui ferait en sorte qu’[il] y ait un renversement de tendance », a-t-il insisté, flanqué des membres de son équipe de campagne.

L’élu péquiste dit être « évidemment » disposé à travailler dans un PQ dirigé par Pierre Karl Péladeau. « Je travaillerai avec le chef », a-t-il affirmé aux médias, disant croiser les doigts afin que l’électorat québécois soit prêt à confier les rênes du pouvoir à M. Péladeau lors des élections générales de 2018. « Je l’espère. »

Pas là pour donner un «bon show»

La cueillette des 2000 signatures de membres du PQ, résidant dans au moins 50 circonscriptions, ainsi que les 10 000 dollars requis par l’état-major du parti politique n’a pas été une tâche facile pour l’équipe de campagne de M. Lisée, selon différentes sources consultées par Le Devoir. « Notre équipe fut la troisième à déposer au parti les 2000 signatures de membres requis. Nous en avons récolté au total 2400 », a pris soin de préciser M. Lisée.

Il a recueilli « un peu plus [que les] 10 000 $ en dons » exigés, mais a effectué des dépenses oscillant autour de 20 000 $ jusqu’à ce jour. « On doit ramasser encore au moins 10 000 $ pour couvrir nos dépenses. Si vous avez 100 $, on en aurait besoin », a-t-il lancé à la blague. L’élu aurait dû dire adieu à la somme de 10 000 $ s’il avait fait le choix de poursuivre tête baissée sa campagne à la direction du PQ. Il aurait alors été confronté à une dette de quelque 20 000 $. En effet, les frais d’inscription de 10 000 $ exigés par le parti politique sont non remboursables, a indiqué le porte-parole du PQ, Dominic Vallières.

M. Lisée sera absent des débats, notamment ceux devant être organisés par le PQ au cours des prochaines semaines, ce qui risque d’être accueilli avec un soupir de soulagement dans le camp de M. Péladeau. « Je sais que vous [les journalistes] vouliez que je sois là aussi. Mais, un moment donné, à quoi bon, à quoi bon ? », a-t-il fait valoir.

Il dit se retirer à ce moment-ci afin de ne pas altérer la « force » et la « cohésion » du principal véhicule pour réaliser l’indépendance du Québec, le PQ. « Je ne suis pas là-dedans pour donner un bon show […] Le but de l’exercice, c’est de faire l’indépendance du Québec. »

M. Lisée s’était heurté à l’hostilité de militants du PQ après avoir mis sur la sellette le grand favori de la course, Pierre Karl Péladeau. Le magnat de la presse constitue une « bombe à retardement » pour le PQ, avait-il lancé. L’ex-ministre s’était par la suite attiré une volée de bois vert de membres du caucus pour avoir relaté dans son livre Le journal de Lisée son intention, à l’hiver 2014, de claquer la porte du Conseil des ministres si le projet de charte de la laïcité de son confrère Bernard Drainville avait été mis aux voix sans modifications. « Je suis content d’avoir dit ce que j’ai dit », a-t-il indiqué, ne cachant pas que « des fuites qu’[il n’a] pas voulues […] ont augmenté le degré de difficulté » de sa campagne.

Par le biais d’un court message sur sa page Facebook, M. Péladeau a pris soin de « réitérer [son] souhait le plus profond de continuer à travailler [avec M. Lisée] afin d’atteindre [leur] objectif ultime de faire du Québec un pays ».

«Montrez que j’ai tort !»

Les autres prétendants au poste de chef du PQ, Martine Ouellet, Alexandre Cloutier, Pierre Karl Péladeau et Bernard Drainville ont déjà déposé leur bulletin de mise en candidature, assorti des 2000 signatures et du chèque de 10 000 $ requis, au président d’élection Jacques Léonard. Pierre Céré devra les imiter d’ici le vendredi 30 janvier, à défaut de quoi il sera exclu de la course à la chefferie. « Moi je veux déposer vendredi prochain et prendre par surprise bien du monde », a dit M. Céré dans un entretien téléphonique avec Le Devoir. Il a en main les signatures requises, mais « travaille [toujours] très fort » à amasser les 10 000 $ exigés par le PQ. « Ce n’est pas des peanuts », a-t-il souligné.

Jean-François Lisée s’est gardé vendredi d’inviter ses confrères à l’imiter afin de permettre à Pierre Karl Péladeau d’être couronné chef du PQ, ce qui est de toute façon « inévitable », selon lui. « S’ils ont l’espoir plus généreux que le mien [je leur dis] : “ Allez-y ! Allez-y ! Montrez que j’ai tort ! ” »

Il s’est aussi abstenu d’appeler ses sympathisants à rallier le camp de l’un ou l’autre des cinq candidats toujours en lice. « Ils sont libres. »

Martine Ouellet, Alexandre Cloutier, Bernard Drainville et Pierre Céré croiseront le fer lors d’un débat mercredi prochain à l’Université de Montréal. Pierre Karl Péladeau, qui sera en pleine tournée à travers le Québec à ce moment-là, propose d’y prendre part, mais par visioconférence.


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