Lettre ouverte à Jean-François Lisée

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Lisée doit affronter le régime fédéral s'il veut dynamiser la campagne du PQ

Permettez, cher M. Lisée, que je partage avec nos lecteurs ces quelques mots qui vous sont destinés.


Je ne milite plus au sein du PQ, mais je reste souverainiste.


Forcément, les difficultés du seul parti authentiquement souverainiste sur la scène québécoise me chagrinent.


Changement


Ces difficultés vous attirent beaucoup de critiques injustes.


Pourtant, écarter tout référendum à court terme était le bon sens même.


Vous avez aussi d’immenses qualités personnelles.


Ceux qui vous reprochent d’être trop ceci ou pas assez cela n’ont, pour la plupart, jamais exercé la moindre fonction élective.


Ils n’ont aucune idée de ce que c’est que d’être chef du PQ.


Dans les circonstances actuelles, votre abnégation est encore plus admirable.


Cela dit, si des élections avaient lieu demain, que resterait-il du parti fondé par René Lévesque ?


Autour de moi, des nationalistes de toujours songent à voter pour la CAQ.


Ils le feraient sans enthousiasme, simplement pour se débarrasser d’un PLQ qui fait du tort au Québec depuis trop longtemps.


Vous savez quoi ? Je ne peux les blâmer.


Alors je pose la question : que faire ?


Il reste six mois.


Il est vrai que les campagnes électorales sont plus imprévisibles que jadis. Mais elles obéissent encore à une ligne de force centrale : le goût (ou non) du changement.


Or, les Québécois veulent du changement... et le PQ n’incarne pas le changement.


L’incarnera-t-il plus dans six mois ?


La CAQ est plus aguerrie que jadis, et M. Legault a déjà montré sa pugnacité.


Le PLQ, lui, doit faire le plein du vote non francophone. Vous et M. Legault serez traités de racistes.


C’est ignoble.


Le PLQ doit aussi se redresser chez les francophones. Il fera le coq devant Ottawa.


C’est risible.


Mais ces gens n’ont aucune décence et sont prêts à tout.


Si les Québécois pensent que nos problèmes sont uniquement liés au parti au pouvoir, alors changer de parti de gouvernement leur paraîtra suffisant.


À ce jeu, la CAQ a une énorme longueur d’avance sur vous.


Si, par contre, vous montrez qu’une partie de nos problèmes – langue, migrants irréguliers, identité, pétrole, etc. – sont liés au régime politique canadien, alors vous amenez le débat sur un terrain où ni le PLQ ni la CAQ ne peuvent vous suivre.


Audace


Connaissant votre acuité, vous avez dû y penser, surtout maintenant que la Cour supérieure vient de confirmer la validité de la loi 99.


Autour de vous, on objectera sans doute que viser le régime fédéral, à six mois des élections, pourrait être mal reçu.


Le résultat n’est pas non plus garanti.


Mais ces objecteurs proposent quoi de mieux ?


Continuer sur la lancée actuelle ? Quelle lancée ?


Vous devez ouvrir un nouveau front.