Lors de sa comparution hier à l'étude des crédits du ministère des Finances, en réponse à une question d'un député péquiste portant sur sa tentative passée de vendre BCE à des intérêts ontariens, le nouveau PDG de la Caisse de dépôt et placement, Michael Sabia, y est allé d'un long plaidoyer émotif - mais qu'on sentait tout de même préparé d'avance - sur ses «racines» québécoises, son grand-père italien arrivé au Québec avec rien, etc., etc., etc...
De l'art de faire dévier un débat. Ou de le faire glisser de l'essentiel au superficiel...
Parce qu'au-delà des pertes de 40$ milliards de la Caisse en 2008 - dont 10 pour cause de mauvaise gestion -, l'essentiel porte encore et toujours sur la MISSION de la Caisse, modifiée par le gouvernement Charest en 2004 et faisant passer les rendements AVANT l'obligation de contribuer à l'économie québécoise. (Depuis 1965, ces deux composantes de la mission de la Caisse avait été traitées de manière plus équitable.)
Le fait que M. Sabia soit «allophone», anglophone ou martien ne change rien au fait qu'il semble toujours dépourvu d'une réelle compréhension du rôle MOTEUR de la Caisse dans l'économie québécoise. À moins, bien sûr, qu'il le comprenne parfaitement bien, mais qu'il n'en a rien à cirer. Ce qu'il partage d'ailleurs avec Jean Charest, un homme aux racines québécoises longues et profondes!
Résultat: la Caisse n'investit plus qu'à peine 10% de ses avoirs au Québec. Alors, qu'on lâche cette histoire ridicule de «racines». Cela n'a rien à voir!
Confirmant son manque de sensibilité, M, Sabia répondait d'ailleurs hier sur un ton moqueur à ce débat pourtant fondamental: «Je suis catholique, mais je ne suis pas jésuite!». Comme si cette question n'était qu'un débat trivial alors qu'il participe d'un CHOIX politique et économique. Bref, d'un choix de société.
Voici ce que j'écrivais le 13 mars sur cet alignement parfait de Michael Sabia et de Jean Charest sur cet abandon graduel du rôle moteur de la Caisse au Québec:
http://www.voir.ca/blogs/jose_legault/archive/2009/03/13/vendredi-13-pour-la-caisse.aspx
Pourtant, le portrait est clair: moins la Caisse investit au Québec et plus elle «diversifie» son portefeuille, maintenant à hauteur de 90% de nos avoirs placés à l'étranger, plus ses rendements chutent. Cherchez l'erreur.
De fait, cette communauté de pensée entre messieurs Charest & Sabia est impressionnante.
Il fallait entendre Michael Sabia hier refuser de remettre en question la nouvelle Loi de 2004, refuser le moindre retour du sous-ministre des Finances sur le CA de la Caisse, refuser tout retour au mandat originel de la Caisse, refuser que le gouvernement légifère une nouvelle politique de bonis pour les cadres. Et j'en passe.
Pis encore, en justifiant son refus d'intervenir pour préserver ici certains sièges sociaux, il a carrément insulté l'intelligence des Québécois en parlant de l'importance primordiale de l'«écosystème» environnant, soit les services de santé et d'éducation...
Traduction: pas besoin d'intervenir, ce qui protège les sièges sociaux serait cet «écosystème»... En anglais, je crois qu'on appelle ça de la bullsh...
On le sentait. On le voyait. Maintenant, c'est confirmé. Ce nouveau régime à la Caisse est fort mal parti.
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