La victoire de Barack Obama s'avère une addition de primeurs: premier Noir à être élu président; premier sénateur, tous partis confondus, à remporter la mise depuis Lyndon B. Johnson; premier locataire de la Maison-Blanche ne venant pas du sud, de l'ouest ou du centre des États-Unis. Quoi d'autre? Premier chef de l'exécutif à être confronté, depuis des lunes, à des défis énormes sur tous les fronts.
Le succès d'Obama, ainsi que celui des candidats démocrates au Congrès, présente une série de caractéristiques saisissantes. Géographiquement, Obama a combiné le raz-de-marée dans les États qu'il a remportés à un nombre appréciable de voix dans les États où John McCain a obtenu les grands électeurs. Autrement dit, l'homme de Chicago va hériter de bases électorales somme toute solides dans un éventail appréciable d'États jusqu'alors réputés pour être républicains dans tous les azimuts.
Sur un plan sociologique, son triomphe est tout aussi singulier. Un, les cols bleus, qui lui avaient donné bien du fil à retordre lors des primaires et qui se disaient enclins à accorder leurs faveurs au champion des républicains, se sont rangés derrière lui en masse. À preuve, la Pennsylvanie, où McCain a essuyé un échec plus que cuisant.
Deux, les Hispaniques ont créé la surprise partout où ils sont présents. En Floride, au Colorado et au Nouveau-Mexique, ils ont voté dans le sens contraire à celui observé lors des deux dernières présidentielles dans des proportions parfois étonnantes, comme en témoignent les données afférentes au Nouveau-Mexique.
Ces évolutions géographiques, ces retournements sociologiques, sont autant de mises en relief du désir marqué des Américains pour le changement. Pour dire les choses brutalement, ils ont manifesté leur ras-le-bol. On peut les comprendre. Car, au terme de ses deux mandats, Bush laisse le pays dans un état lamentable: les indicateurs sont négatifs sur tous les plans.
Économiquement, la première puissance du monde est plongée dans une récession que tous les initiés aux choses chiffrées prédisent plus dure, plus violente que celles qui ont marqué l'histoire du pays depuis la Seconde Guerre mondiale. Et alors? McCain a commis l'erreur énorme de s'engager à poursuivre en la matière les politiques conçues par Bush, conçues pour les riches d'entre les riches. Au contraire, Obama a promis de réformer l'architecture fiscale en y injectant une forte dose de justice, d'égalité devant l'impôt. À noter que, pour les deux tiers des citoyens, le malaise économique trônait en haut de leurs priorités.
En ce qui concerne maintenant les affaires internationales, ou plus précisément les deux conflits dans lesquels le pays est plongé, là aussi, McCain a défendu des positions que même certains gradés jugeaient et jugent intenables. En clair, ces derniers estiment que, entre l'Afghanistan et l'Irak, l'armée est pour ainsi dire surexploitée. Elle est au bout du rouleau.
Or, pour ce qui est de l'Irak, McCain s'est refusé à inscrire à l'agenda un retrait à moyen terme du contingent. Obama? Une fois à la Maison-Blanche, il va ordonner un retour des «boys» dans les seize mois. L'Afghanistan? McCain était favorable à une augmentation du nombre de soldats sans changer la donne en Irak. Obama? Il envisage une addition coordonnée avec la soustraction en Irak.
Cela étant, il faut souligner, retenir et répéter que Bush, ainsi que le vice-président, Dick Cheney, s'emploie actuellement à pourrir, il n'y a pas d'autre mot, la tâche qui attend Obama. De quoi s'agit-il? Au cours des récentes semaines, et alors que l'attention de tous était captée par la campagne, le duo infernal de l'histoire moderne des États-Unis s'est appliqué à démolir l'héritage environnemental de Bill Clinton, à poursuivre leur travail de sape des libertés civiles sans oublier d'accorder aux banques plombées par des véhicules financiers toxiques des... congés fiscaux!
Il était temps, grandement temps, que le peuple américain renvoie dans les câbles une formation politique devenue méprisable.
Les primeurs d'Obama
Il était temps, grandement temps, que le peuple américain renvoie dans les câbles une formation politique devenue méprisable.
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