À première vue, le dernier sondage Léger-Le Devoir a tout pour plaire à Alexandre Cloutier, qui part avec deux longueurs d’avance dans la course à la succession de Pierre Karl Péladeau. C’est avec lui que le PQ aurait les meilleures chances de battre les libéraux, et il est de loin celui qui est le mieux perçu par les caquistes et les solidaires.
Quelque chose devrait pourtant le faire sourciller. Compte tenu de la marge d’erreur, les 27 % d’intentions de vote des électeurs péquistes dont il est crédité le placent sensiblement au même niveau qu’à l’issue de la course de l’an dernier (29,2 %). Cela signifie qu’il n’a rien récupéré des appuis que Pierre Karl Péladeau avait reçus au congrès de mai 2015 (57,6 %).
Soit, le sondage n’a pas été mené auprès de membres en règle du PQ, qui sont seuls habilités à voter pour le choix du chef, mais l’expérience enseigne qu’ils se comportent généralement comme les électeurs péquistes.
On peut penser que les 15 % recueillis par Bernard Drainville correspondent grosso modo au résultat qu’il aurait obtenu s’il avait terminé la course l’an dernier, plutôt que de se rallier à M. Péladeau, mais il est maintenant acquis qu’il ne sera pas sur les rangs.
Les 14 % de partisans de Jean-Martin Aussant, qui a coupé court aux spéculations sur sa possible candidature, sont sans doute en grande partie des orphelins de PKP, qui doivent aussi être nombreux parmi les 22 % d’indécis. Vers qui se tourneront-ils ?
Plusieurs l’avaient appuyé en se bouchant le nez, voyant en lui un sauveur qui les conduirait à la terre promise même si son passé antisyndical heurtait leurs valeurs sociales-démocrates. Alexandre Cloutier est sans aucun doute un social-démocrate, mais Véronique Hivon et Martine Ouellet peuvent aussi revendiquer cette étiquette.
Ceux qui se préoccupent d’identité pouvaient facilement se reconnaître en Pierre Karl Péladeau ou en Bernard Drainville. Ils doivent se sentir moins d’affinités avec Alexandre Cloutier ou Véronique Hivon, qui se réclament plutôt d’un nationalisme civique.
La charte de la laïcité était peut-être une mauvaise expression de l’identité québécoise et une bourde stratégique, qui a permis au camp fédéraliste de se présenter en défenseur des droits et libertés, mais l’identité demeure la pierre d’assise du projet souverainiste. Abandonner ce terrain à la CAQ serait une grave erreur.
Plusieurs ont dû être surpris que Véronique Hivon obtienne la faveur de seulement 11 % des électeurs péquistes, alors que son nom est sur toutes les lèvres. Même si elle a été louangée pour son rôle dans l’adoption de la loi sur l’aide médicale à mourir, sa notoriété demeure relativement faible. C’était aussi le cas d’Alexandre Cloutier quand il s’est lancé dans la course à la succession de Pauline Marois. Plusieurs le tenaient pour quantité négligeable, y compris ses adversaires.
Mme Hivon n’a pas eu l’occasion de se prononcer sur des sujets autres que ceux dont elle était responsable au sein de l’aile parlementaire. En quoi se distingue-t-elle de M. Cloutier, dont elle vantait les qualités il y a un an ? La compassion est une belle qualité, mais elle ne constitue pas une plateforme ni une garantie de leadership.
La longueur de la dernière course avait bien servi M. Cloutier, qui avait eu le temps de se faire connaître. L’approche des élections et la nécessité de tenir un congrès d’orientation risquent de priver Mme Hivon d’un temps précieux. Ceux qui définiront les règles du jeu devront être conscients qu’elles pourraient avoir un impact sur l’issue de la course.
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