(Photo PC)
Joël-Denis Bellavance et André Noël - Le Parti libéral a acquis la conviction que le crime organisé a tenté d'infiltrer le gouvernement Harper à la suite des révélations de La Presse au sujet des manoeuvres de Julie Couillard pour qu'une entreprise à laquelle elle est affiliée, Le Groupe Kevlar inc., obtienne un lucratif contrat du ministère des Travaux publics.
Le député libéral Ujjal Dosanjh, qui a déjà été solliciteur général de la Colombie-Britannique, estime que ces manoeuvres sont conformes avec celles utilisées par les membres du crime organisé comme les Hells Angels.
Et à la lumière de ces révélations, les troupes libérales de Stéphane Dion réclament maintenant rien de moins que la tenue d'une enquête publique afin d'éclaircir toute cette affaire qui ne finit plus de connaître de nouveaux rebondissements.
«Nous croyons reconnaître dans l'histoire de Julie Couillard une tentative d'infiltration du gouvernement. Au nom de qui, pour qui? Bonne question! () Infiltration, cover up, pression indue, chantage peut-être? Qu'est-ce que le premier ministre attend pour mener une enquête publique?» a demandé hier à la Chambre des communes le député libéral Denis Coderre.
Mme Couillard a eu des relations amoureuses avec quatre individus liés au monde interlope, dont deux hommes qui étaient membres des Hells Angels dans les années 90.
Le Groupe Kevlar inc., auquel Mme Couillard est affilié depuis au moins un an, est une société immobilière active à Montréal et à Québec. Il tente depuis plus d'un an d'obtenir un contrat du gouvernement fédéral de plusieurs millions de dollars pour construire un édifice dans la Ville de Québec pour accueillir 750 fonctionnaires fédéraux d'ici 2010.
La Presse a révélé cette semaine que Mme Couillard a exercé des pressions sur l'ancien ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier, durant leur idylle pour tenter d'influencer le gouvernement conservateur de Stephen Harper pour qu'il retienne la proposition de Kevlar à Québec. Mme Couillard faisait valoir à M. Bernier que le succès de cette transaction lui permettrait d'empocher une somme d'argent importante. M. Bernier n'est pas intervenu comme elle le souhaitait.
La Presse a aussi révélé que Mme Couillard a également eu une liaison amoureuse avec Bernard Côté, qui était un proche collaborateur du ministre des Travaux publics, Michael Fortier, à Montréal. Durant cette relation, Mme Couillard a aussi fait des pressions sur M. Côté en faveur de Kevlar alors qu'il s'occupait du dossier du déménagement des fonctionnaires fédéraux dans la région de Québec. M. Côté a démissionné de son poste après que La Presse eut enquêté sur cette affaire mardi.
Enfin, c'est un dirigeant influent du groupe immobilier Kevlar, Philippe Morin, qui a présenté Mme Couillard à Maxime Bernier, alors qu'il était ministre de l'Industrie, dans la soirée du jeudi 26 avril 2007 au restaurant-bar Cavalli, rue Peel, à Montréal. Ce restaurant est fréquenté par des membres des Hells Angels à l'occasion.
M. Morin et le Groupe Kevlar ont continué d'observer le plus grand mutisme hier relativement à cette affaire.
Témoignant devant le comité de la sécurité publique plus tôt cette semaine, Michel Juneau-Katsuya, ancien employé du SCRS et expert en matière de sécurité, a soutenu qu'il s'agit clairement d'une tentative d'infiltration du gouvernement par le crime organisé.
Gilles Duceppe, a soutenu hier que tous ces faits sont suffisamment troublants pour que le premier ministre Stephen Harper vienne témoigner devant le comité de la sécurité publique la semaine prochaine. Le premier ministre a décliné cette invitation, tout comme le ministre de la Sécurité publique, Stockwell Day et M. Bernier.
Le leader du gouvernement en Chambre, le ministre Peter Van Loan, a répondu à la demande d'une enquête publique du Parti libéral en affirmant que les libéraux cherchaient surtout à savoir si d'autres conservateurs avaient «couché avec Julie Couillard».
Par ailleurs, Kevlar a délié les cordons de la bourse en 2006 au profit de deux partis politiques. Kevlar a versé 392$ à l'association du Bloc québécois de Louis-Saint-Laurent le 1er novembre 2006 et a contribué 1000$ à la caisse de l'association du Parti conservateur de Mont-Royal le 23 novembre de la même année. L'entreprise a aussi donné 771$ au Parti libéral en 1999 et 1000$ en 1998.
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