« La chanson française a peu d'avenir »

Les festivals programmés pour la fragmentation nationale

Chansons québécoise et anglobalisation


Mardi, le Festival international de jazz de Montréal prenait fin avec un genre de mardi gras. Le public a pu voir et entendre Zachary Richard à la tête d'un défilé de chars allégoriques sur la rue Ste-Catherine. La prestation de M. Richard s'est transportée sur scène et il a été suivi par le Soul Rebels Brass Band, Trombone Shorty et Allen Toussaint. Le petit texte qui accompagnait une photo de festivalières capturée lors du défilé du spectacle de clôture, à la une du journal Le Devoir du mercredi 7 juillet, mentionnait que « Montréal avait des allures de la Nouvelle-Orléans ».
Sur la une du journal Le Devoir du jeudi 8 juillet, le titre d'un article annonçait que « La chanson française a peu d'avenir ». Sous le titre, on pouvait lire que « Ici ou en France, les jeunes, peu importe le style musical choisi, chantent en anglais », constate la responsable de la programmation du Festival d'été de Québec.
Il semble que les groupes français et québécois sont de plus en plus nombreux à choisir l'anglais et la responsable de la programmation, Dominique Goulet, affirme qu'il suffit de jeter un coup d'œil à la programmation du Festival d'été de Québec pour le constater. « Sur la poignée d'artistes français invités cette année, trois chantent en français ».
Plus loin, cette programmeuse de la déréalisation langagière affirme qu'« Il faut réaliser que la chanson française ne semble pas être la voie de l'avenir, du moins pour l'instant. Est-ce que c'est la mort de la chanson d'expression française ? Non, pas nécessairement. Mais ce qu'on est en train de remarquer, que ce soit ici ou en France, c'est que les jeunes, peu importe le style musical choisi, chantent en anglais ».
On apprend donc de ce texte d'Isabelle Porter que sur onze têtes d'affiches programmées sur les Plaines, seulement trois chanteront en français. Dominique Goulet soutient que « Le problème avec les artistes français, c'est qu'ils préfèrent souvent rester en Europe, parce qu'il y a une offre très imposante d'événements. » En guise d'apologie pour son manque d'initiatives ou de créativité dans le recrutement des groupes francophones et l'imposition de d'autres langues à ce festival du vide culturel érigé en dogme, elle en rajoute en signalant que « Je sais que les Francos ont eu du mal à aller chercher un certain nombre d'artistes et ont eu un certain nombre de refus. Ils voulaient faire Jacques Dutronc et ça n'a pas fonctionné parce qu'il a décidé de rester de l'autre côté. Moi, j'ai voulu faire Charlotte Gainsbourg, qui elle aussi chante en anglais la plupart du temps, mais finalement elle a décidé de tourner du côté européen ».
Mme Goulet dit qu'elle a fait une offre spéciale à des amis lors d'un dîner où elle leur aurait dit : « Je vous offre 100$ si vous trouvez un artiste francophone qui pourrait remplir les Plaines ». La question serait restée sans réponse et Mme Goulet conclut qu'« Il n'y en a pas beaucoup. Ce n'est pas parce qu'on n'en veut pas. »
Le Festival d'été de Québec porte mal son nom en ce sens qu'il fait fi de la langue de la majorité et que son organisation met très peu en valeur les artistes d'expression française d'ici et d'ailleurs. Ce festival du vide identitaire ne devrait pas disposer de fonds gouvernementaux ou de commanditaires comme Hydro-Québec et Loto-Québec.
Avec une langueur tibétaine, la communauté artistique et politique de la majorité tarde toujours à s'imposer pour faire en sorte que le Festival d'été de Québec soit dirigé par une équipe qui aurait le souci et l'imagination nécessaire à une programmation francophone originale. Il faut botter le cul à ces parvenus du vide identitaire qui se trouvent à la tête du Festival d'été de Québec et leur faire part, ainsi qu'au maire Régis Lembaumé, que le Québec n'a pas besoin de leurs groupes fossilisés qui viennent polluer l'espace culturel du Québec, surtout à l'extérieur de Montréal.
En concluant, on peut mettre de l'avant que Montréal est un cas d'espèce. Chaque année, sa louisianisation est consacrée au festival de jazz et encouragée par un autre type de programmeur de l'anglais, le festivalier richissime Gilbert Rozon qui fait si éloquemment dans le « Juste pour rire de nous autres », avec son ami, le sénateur Michaël Fortier. À ce niveau de discours cynique et méprisant, ça se dit et se ça se comprend tellement mieux en anglais. Avec ce qui se passe aux festivals de la ville de Québec et suite au 400e de Québec, Sir Paul McCartney et d'autres groupes anglophones ont su paver la voie dorée en $ US de la langue anglaise aux festivals de Québec. Le constat que je fais, c'est que la marée noire anglo-américaine a complètement intoxiqué ces programmeurs de festivals du vide identitaire et de l'effacement national qui sévissent aussi à Québec.
Daniel Sénéchal
Montréal


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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    11 juillet 2010

    Dans tous les états du monde copmme au Québec nous assistons à '' l,EFFET WEB'' qui empèche les élus de tromper leur électeurs .
    Et Charest en finançant avec nos impôt ce festival d'anglicisation du Québec va frapper un mur.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    9 juillet 2010

    @ Pierre Cloutier:
    Oui, vous avez raison. Nos jeunes artistes continueront d'être attirés par l'anglais.
    Cependant, quand ils se tournent vers l'anglais, ces «artissses», obtiennent des résultats bien variables...
    Par exemple, le Pascale Picard Band, n'obtient pas de succès commercial, présentement, en dehors du Québec.
    Inversement, le groupe Malajube, qui chante uniquement en français, a suscité beaucoup d'intérêt à certains endroits aux États-Unis. Notamment, chez les amateurs de rock alternatif de Chicago.
    On peut choisir l'anglais, mais ce n'est pas la clef du succès assuré! Et heureusement.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 juillet 2010

    Même dans un Québec indépendant, le marché va continuer à s'exprimer en anglais. L'Ordre marché amène avec lui la liberté individuelle et menace les États partout où il passe, pour le meilleur et pour le pire.
    Avec l'indépendance, l'État québécois aura cependant en mains tous les outils pour que le visage public du Québec soit français, au lieu de subir les politiques d'assimilation tranquille de l'État canadien. Mais cela n'empêchera pas les jeunes artistes d'être attirés par les forces du marché.
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    8 juillet 2010

    Salut M.Sénéchal
    Il y a pas si longtemps, le Groupe Corus de Toronto qui a avait acquis le joyau québécois radiophonique CKAC, l'a saboté puis remis en vente. J'étais un de ceux qui écoutait Bonjours la nuit, avec Jacques Fabi, qui s'exprimait dans un excellant français, dans mes nuits d'insomnie.
    Aujourd'hui, il est fréquent dans un court interval de temps( une demi-heure), que je sois obligé de changer de postes de radio fréquémment dans la régoin de Québec, incapable de supporter davantage les commanditaires horribles de Meubles Futura annoncés par le député de Porneuf André Arthur ou la cacophonie musicale genre Smoke on the water, de l'Ouest canadien. Comment en vouloir à nos jeunes qui n'ont jamais connu autre chose que les radios-poubelles?
    http://www.youtube.com/watch?v=ixnOV7vsLmc

  • Archives de Vigile Répondre

    8 juillet 2010

    Nous n'avons qu'à les boycotter. Les rapaces qui les organisent en auront moins à se mettre dans leurs poches.
    Mais ça...

  • Archives de Vigile Répondre

    8 juillet 2010

    Un incroyable ambassadeur du Québec :
    « Cela devient une habitude dans "La France a un incroyable talent" les clashs entre Smaïn et Gilbert Rozon!
    Hier soir, c'est un numéro de "charmeurs de feu" qui a déclenché cette dispute entre les deux jurés, qui ont d'ailleurs quitté chacun leur tour la table.
    Finalement, c'est Gilbert Rozon qui a quitté le plateau.
    Smaïn, énervé, lance un "Celui-là, il travaille à l'américaine ! Un peu de coeur , merde !"
    Avant d'ajouter: "C'est ignoble d'avoir des préjugés comme ça !"
    Gilbert Rozon revient alors sur le plateau furtivement et lance à Smaïn : "Ta gueule! " »
    http://www.jeanmarcmorandini.com/article-33596-incroyable-talent-gros-clash-entre-smain-et-gilbert-rozon.html