Les clauses de confidentialité qui rendent malade

Tribune libre

L'usage des clauses de confidentialité
Les clauses de confidentialité dans les contrats signés par les employés et les contractants existent pour protéger les entreprises de la fuite d’informations sensibles. La protection des renseignements s’avère nécessaire particulièrement en recherche et développement, mais aussi en marketing et en bien d’autres aspects entrepreneuriaux pour permettre le développement concurrentiel sur les marchés de plus en plus compétitifs.
Le poids du silence
En signant un contrat de travail, l’employé autant que le contractant ignorent à quoi ils s’engagent vraiment. Ce n’est qu’au fil du temps qu’ils s’initient progressivement aux pratiques et aux secrets inhérents à leur environnement de travail. Ils prennent la mesure et le poids de leur silence qu’après avoir déposé les livrables dans le cas des pigistes.
La confidentialité et la fonction publique
En acceptant les clauses de confidentialité des contrats réalisés pour le compte du gouvernement et de ses agences, les travailleurs ne s’attendent pas à devenir dépositaires de secrets insoutenables, et de devoir taire des éléments qui affectent leurs valeurs et leur sens commun. En plus d’avoir été un contributeur involontaire à l’implantation d’une pratique qu’ils jugent douteuse, voici que les travailleurs deviennent prisonniers de secrets qu’ils préféraient ne pas savoir.
Fracture sociétale
Porteurs d’une connaissance qu’ils ne peuvent partager, une part de leur identité se soustrait de leurs échanges avec les amis et le réseau social. D’un côté, il y a les gens qui connaissent des secrets gouvernementaux, de l’autre côté les gens qui ne savent pas comment fonctionne « la patente». C’est le début de l’aliénation mentale des travailleurs gouvernementaux et d’une fracture profonde dans la société.
Ceux qui assument les contraintes de ce climat de travail peuvent évoluer et mener une longue et fructueuse carrière au sein de l’appareil gouvernemental. Ils contribuent à valoriser le détournement du bien commun les missions des organismes et des ministères québécois.
Confidentialité et maladies mentales
Ceux qui souffrent de la malveillance qu’ils ont observée ont le sentiment de trahir leurs amis, leurs proches et toute la société en respectant leurs engagements de confidentialité. Parmi eux, plusieurs choisissent de continuer à travailler pour gagner leur vie et subvenir aux besoins de leur famille et payer leurs comptes, en prenant la dose requise d’antidépresseurs pour passer par-dessus leur conscience. Le gouvernement porte d’ailleurs une attention particulière à ces travailleurs blessés. Il suffit de visiter le site La dépression fait mal et de lire ou d’écouter Maxime-Olivier Montier pour s’en convaincre. Quelques-uns préfèrent préserver leur identité personnelle et leur liberté de parole, ils changent d’emploi en souhaitant un milieu de travail plus sain et plus en accord avec leurs valeurs.
Dénonciation et représailles
Puis, il y a ceux, rarissimes, qui dénoncent et pour qui la malversation doit être mise au jour. En dévoilant les abus, ceux-là s’exposent aux représailles des organisations à qui profitent le détournement de l’appareil gouvernemental et des richesses des Québécois. La mairesse de l'arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau, et tous travailleurs qui ont témoigné à l’émission Enquête à la SRC en sont des exemples.
La corruption qui imprègne les institutions gouvernementales a été possible grâce à la participation plus ou moins volontaire de milliers de travailleurs. Le grand ménage de la fonction publique pourra être entrepris et réalisé avec succès lorsque tous leurs témoignages auront été entendus. Seule l’accumulation des dénonciations fera basculée la tendance de l’abus de pouvoir vers le respect des valeurs sociales communes.
Gratification et estime personnelle
Le travail n’a pas être malpropre, surtout pas au gouvernement où la mission première est la promotion du bien-être des citoyens. Travailler pour le bien-être de son prochain est normalement une source de gratification et d’estime personnelle et non un chemin vers la dépression ou d’autres maladies mentales. Nous avons le choix! «Parlez-en à votre médecin» comme dit l’annonce, il vous prescrira un antidépresseur et vous pourrez continuer à contribuer à l’érosion de nos institutions. Ou, parlez-en ouvertement et guérissez votre conscience affligée par le poids du silence.
Danielle Gagnon


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    13 juin 2014

    C'est un texte qui date de 2011, et il est toujours en vigueur.
    Augustin Barruel a écrit deux volume sur le Jacobinisme.
    Le silence que demande la Franc-maçonnerie n'est pas nécessairement dans l'intérêt du bien commun. Mais la consigne de la loge l'emportera sur le bien commun. Peu importe le poids de la sincérité ou des bons vœux du fonctionnaire.
    Gérard Langlois après avoir publié « Le saut du bouc » a vu son imprimerie flamber 3 fois en 195??. Ne parlons pas de Faurisson, dévisagé et massacré.
    Regardons simplement sur Wiki à propos du Canada. Il est question des pères de la Confédération dite canadienne fabriquée en Angleterre. À ce compte-là, les coloniaux américains auraient fait une guerre d'indépendance pour absolument rien. En 1889, lord Thring rappelle qu'un dominion est une colonie, et toutes ses composantes aussi, chacune une colonie. Référendons et votons à deux mains.
    Tout ceci n'est pas que sincère ignorance vêtue de silence.