Malgré l’échec évident de la plupart des « réformes » Barrette en santé et services sociaux, le premier ministre Philippe Couillard s’entête à ne rien voir. Déposé hier, le rapport annuel de la nouvelle Protectrice du citoyen en offre pourtant une énième confirmation.
Le rapport constate en effet un « nivellement vers le bas, particulièrement en matière de soutien à domicile. Des personnes qui recevaient un certain nombre d’heures de services apprennent qu’elles subissent une coupe ou qu’elles n’y ont plus droit alors que leurs besoins n’ont pas diminué ». Les aidants naturels, lorsqu’il y en a, écopent bien entendu en bout de piste.
Et ça ne s’arrête pas là. Les délais d’accès à un médecin de famille et à des examens diagnostiques sont encore trop longs. Mal outillées et peu encadrées, les ressources d’hébergement privées pour nos aînés se multiplient par manque de ressources publiques.
Fermer les yeux
Quant aux ressources d’hébergement pour personnes handicapées intellectuelles et/ou physiques — les plus vulnérables de la société —, la Protectrice du citoyen rapporte de graves lacunes dans nombre d’entre elles. Incluant de la négligence, de la maltraitance, du personnel insuffisant et mal formé, voire même des cas de dénutrition.
Le tout, pendant que les pouvoirs publics et des bureaucrates bien payés, lesquels en ont pourtant la responsabilité, ont tout simplement fermé les yeux. Du moins, jusqu’à ce qu’une visite du bureau de la Protectrice du citoyen les oblige à les ouvrir momentanément. Bref, on se croirait au tiers-monde.
Pendant ce temps, le Québec nage dans les surplus, les fonds publics pleuvent sur Bombardier et la rémunération des médecins continue d’exploser. Cherchez l’erreur.
Questionné sur le rapport, quelle fut la réponse du premier ministre ? En plus de nier l’existence même de ses propres politiques d’austérité, il a plutôt choisi d’y voir le signe d’un gouvernement qui se dirige « nettement dans la bonne direction ». C’est à y perdre son latin... ou peut-être pas.
Sur quelle planète ?
Car n’est-ce pas là, justement, qu’apparaissent la véritable vision, les vraies priorités et les « vraies affaires » pour ce gouvernement ? L’entêtement de M. Couillard et de son ministre de la Santé à voir des « progrès » là où les régressions et les injustices sociales se multiplient en est la preuve vivante.
Depuis quelques semaines, Philippe Couillard annonce que sous sa gouverne, le Québec entrait dorénavant dans une phase sibylline de « transformation ». Ce qui, selon lui, commanderait entre autres le développement de ce qu’on appelle l’« intelligence artificielle » en communications.
On veut bien le croire. Mais à la lumière d’un bilan de plus en plus sombre en santé et services sociaux — tout particulièrement chez les plus vulnérables — bien des Québécois voudraient surtout voir leur premier ministre faire enfin preuve d’intelligence émotionnelle et humaniste envers ceux et celles dont les besoins sont réels et criants.
En tout respect, à force de voir le premier ministre nier toute réalité dérangeante dès qu’elle contredit son discours officiel, c’est à se demander sur quelle planète il vit. La planète des autruches, peut-être...