Léonidas et le combat pérenne pour l'indépendance

Crise de l'euro


Autour du 26 juillet, j'étais au musée archéologique de Grèce situé à Athènes quand je suis tombé sur un relief de marbre qui avait été déterré en bordure du mur de Thémistocle à Kerameikos, tout près de l'acropole d'Athènes. C'était une plaque de marbre qui aurait servi de façade à la base d'un kouros funéraire marquant l'endroit où un athlète avait été enterré dessous, datant de 500 ans avant notre ère.
Je me suis empressé de montrer ça à mon fils et à ma conjointe. Sur la plaque descriptive, on pouvait lire en grec et en anglais que « six jeunes athlètes jouent à un jeu semblable au hockey moderne, frappant une balle avec des bâtons recourbés. » C'est une activité à laquelle mon fils s'adonnait tout juste avant notre départ pour Athènes.


Le lendemain, nous avons fait une excursion guidée vers la plaine de la Thessalie, encadrée par des montagnes majestueuses parmi lesquelles on peut distinguer le mont Olympe. En roulant d'Athènes vers les monastères haut-perchés de la vallée des Météores, notre guide nous a fait débarquer aux Thermopyles, à un arrêt routier où on retrouve un monument commémorant une bataille légendaire menée en 480 avant notre ère. C'est une bataille où s'illustra Léonidas, le roi des Spartes, venu combattre l'empire perse de sa lointaine Mycènes, soutenu par les Thespiens et abandonné par les Thébains. Les Spartes étaient mieux armés que les soldats venus de l'empire achéménide du roi Xerxès et ils n'étaient pas plus de 1000 à contrôler le passage des Thermopyles et à tenir tête à une force perse de quelques dizaines de milliers d'hommes.

Finalement, Léonidas est trahi par Éphialtès, fils d'Eurydémos de la cité de Malia. Éphialtès indique aux Perses le chemin pour contourner l'armée grecque en leur faisant emprunter le sentier d'Anopée. Pris entre deux armées, Léonidas résiste avec les 300 hoplites Spartiates, ainsi que les 700 soldats de Thespies, pour donner aux autres Grecs le temps nécessaire afin d'organiser leur défense et à l'armée de se retirer en bon ordre. Les Grecs résistèrent héroïquement autour du roi spartiate et ils furent tous massacrés sur ordre de Xerxès. Ce combat emblématique est gravé dans la culture populaire grecque depuis maintenant deux millénaires, tant pour commémorer la résistance des Grecs dès lors unifiés face à l'envahisseur que pour l'esprit de sacrifice des Spartiates.

Au parlement d'Athènes on peut retrouver un relief moderne qui évoque la chute du roi Léonidas qui s'est sacrifié pour toute la Grèce. Dans la photo ci-dessous on peut voir ce relief encadré dans le marbre à droite.

À Londres le 3 février 1830, le sultan Mahmoud II reconnaît l'indépendance pleine et entière de la Grèce et entérine les protocoles qui définissent ses frontières. Le seul hic, c'est que la longue et sanglante guerre qui a mené à l'indépendance a été menée par les Grecs… avec le soutien des Occidentaux.
Libéré de l'empire ottomane qui était menacé à son tour par l'empire russe, les Occidentaux excluent la possibilité d'une république grecque et imposent un monarque pur sang, le prince Othon de Bavière. Celui-ci est « élu » à Nauplie le 8 août 1832.
Un an après l'intronisation imposée par l'occident, la Grèce se donne un drapeau. Il porte les couleurs de la Bavière, pays d'origine du souverain, le bleu et le blanc, une croix qui évoque la religion officielle du pays qui est l'orthodoxie chrétienne et neuf bandes qui rappellent les syllabes de la phrase grecque « éleuthéria i thanatos » (la liberté ou la mort).
Pendant ma visite de deux semaines, j'ai constaté que ce pays demeure convoité par la nouvelle aristocratie corporative de l'occident et de l'orient. On ne pourrait pas dire de ce pays qu'il est tout à fait indépendant. Après un coup d'État en 1967 instaurant une dictature, un régime des colonels portant la signature de la CIA, l'élimination de la monarchie en Grèce n'a eu lieu qu'autour de 1973. En 1974, Constantin Caramanlis revient de Paris et il est élu président en 1980. Les Grecs adhèrent à la Communauté européenne en 1981. Depuis son adhésion à la Communauté européenne, on peut dire que la Grèce se trouve à nouveau colonisée tant par la monnaie adoptive, l'euro, que par les gros joueurs de la zone Euro.
Les Grecs sont devenus, ni plus ni moins, les païens de la zone euro. Ce qui est un peu semblable, comme situation, à ce que les Grecs avaient vécu voilà 2000 ans quand les Chrétiens sont débarqués pour chasser Athena, Apollon, bref le panthéon hors du temple pour y inscrire malicieusement leur croix qui se trouve encore aujourd'hui à ressortir comme un graffiti sur leurs monuments ancestraux.
***
Alors, ceci dit, lorsque vous rencontrez une descendante ou un descendant grec sur la rue, que ça soit dans la région de Montréal ou ailleurs au Québec, si il ou elle prétend que le débat sur l'indépendance du Québec est dépassé, faites-leur un bref rappel de l'histoire de leur pays d'origine tout en leur expliquant qu'en absence de liberté, un peuple doit se battre pour son indépendance, ou disparaître.
En conclusion, on peut faire le constat suivant : quand un pays d'un peu moins de 13 millions de personnes se fait imposer des mesures d'austérité budgétaire et que son pseudo-gouvernement socialiste de Georges Papandréou accepte des emprunts du FMI et de d'autres bandits pour rembourser les pays occidentaux qui leur ont si facilement prêté de l'argent dans les dernières années, on est peut-être un peu mieux en mesure de comprendre, à la lumière de leur longue histoire, pourquoi il y a eu tant de manifestations et des grèves dans ce pays depuis les derniers mois.
J'ai vu là la même dynamique de meute de loups corporatifs qui se positionnent pour mettre ce pays en tutelle et s'accaparer certaines des ressources naturelles, comme ce qui se passe avec notre gouvernement fantoche qui brade nos ressources minières et nos ressources hydro-électriques et qui s'apprête à faire la même chose pour les ressources gazières et pétrolières du golfe du Saint-Laurent, au profit d'escrocs cravatés bien tenus à l'abri des tempêtes fiscales qu'ils savent optimiser.
Daniel Sénéchal
Montréal


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1 commentaire

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    14 août 2010

    Bonjour Monsieur Sénéchal, merci de nous rappeler combien le Passé peut nous aider sur les chemins remplis d'embûches et d'aspérités de notre Présent.. Mais aussi combien en posant le pied sur le sol hellène nous sommes tous terriblement touchés, en ressentant combien ce magnifique pays a apporté au reste du monde .
    Léonidas roi de Lacédémone ( Sparte) va aller en effet affronter les Perses pensant les arrêter aux Thermopyles. mais ne partiront avec lui que seuls les soldats ayant déjà une descendance .. Malgré leur infériorité numérique ils vont résister, ils vont faire preuve d'un courage inouï, et même lorsque tout semblera perdu et que Xerxès injonctera Léonidas : "Rends tes armes " Léonidas répondra :Viens et prends-les" (phonétiquement" Molow Labe")
    A la fin de cette bataille des Thermopyles en 480 avant J.C, Léonidas sera tristement décapité par ordre de Xerxès, tous les combattants encore vivants seront tués et l'invasion des Perses ne sera pas arrêtée pour autant, les portes de l'Attique sont ouvertes, Athènes ne pourra se défendre et la glorieuse cite sera pillée et brûlée par les Perses, le Parthénon en bois complètement brûlé lui aussi !
    Thémistocle fait armer les navires, la lutte va malgré tout se poursuivre sur mer.
    De la Grèce libre ne restera que le Péloponnèse, la lutte va continuer avec tout autant de courage et de détermination sur mer, et il faudra attendre la victoire grecque de la bataille de Salamine pour que Xerxès abandonne le combat, devant les Grecs néanmoins assez surpris de cet abandon soudain !
    Plus tard le poète Simonide écrira quelques vers gravés sur la plaque qui se trouve sur la colline du courage :
    " Passant va dire à Sparte que ses guerriers sont morts pour obéir à la loi " .
    Plus tard, beaucoup plus tard encore, Jean-louis David fera son célèbre tableau, pour caractériser et mettre en exergue ce sentiment extraordinaire des Grecs, pour l'Amour de leur Patrie.