Le 5 août dernier, le premier ministre François Legault annonçait sa participation au défilé de Fierté Montréal, le 18 août prochain. Cette nouvelle a été accueillie avec plaisir par l’ancien vice-président de Fierté Montréal, Jean-Sébastien Boudreault. Le discours soi-disant apolitique de ce dernier a déjà été critiqué par le passé ; aujourd’hui, sa posture quant à la présence de M. Legault est reçue avec scepticisme par certaines personnes de la communauté LGBT.
En effet, l’initiative communautaire « Let go of Legault ! » somme le premier ministre de se retirer du défilé, par le biais d’une pétition, et demande aux personnes d’exprimer leur désaccord à Fierté Montréal afin que l’organisme retire l’invitation faite à M. Legault. Si ce dernier se présente, il sera hué.
Pourquoi ? À première vue, sa participation ainsi que sa promesse d’accorder 1,6 million de dollars à Fierté Montréal laissent croire que le premier ministre soutient les communautés LGBT. Or, M. Legault n’est pas un allié. Depuis 2015, lui et son parti bloquent les avancées dans la reconnaissance légale des adultes et enfants trans citoyens (projet de loi 103), des personnes trans non binaires et des personnes trans non citoyennes. Autrement dit, M. Legault et son parti entravent l’égalité juridique d’un pan de la communauté LGBT et, par ce fait même, contribue à sa marginalisation.
De plus, M. Legault et la CAQ sont responsables de l’adoption sous bâillon du projet de loi 21, dénoncé comme outil de racisme systémique nuisant particulièrement aux femmes musulmanes. Cet enjeu peut paraître distinct des revendications des personnes LGBT, rappelons toutefois qu’il existe des personnes LGBT de toutes les religions, de toutes les ethnicités et de tous les genres qui auront à choisir entre une facette de leur identité et la nécessité de travailler pour subsister. Par ailleurs, l’abandon de 18 000 dossiers d’immigration implique que certaines personnes LGBT « perdent tout espoir de rencontrer leurs proches en sol québécois ».
Enfin, le premier ministre a récemment exprimé sur Facebook son appui au livre L’empire du politiquement correct, de Mathieu Bock-Côté. Le livre en question qualifie le mouvement pour les droits des personnes trans de « loufoque » et avance que la modernité est en chute libre en raison de la « figure du queer ». Selon le journaliste Jonathan Montpetit, l’appui à un livre présentant les groupes minoritaires comme des menaces par le premier ministre atteste d’une idéologie conservatrice rigide et inquiétante.
Bref, si M. Legault tient à marcher avec nous, qu’il revisite ses politiques et discours à notre égard. En attendant, nous nous passerons volontiers de sa présence.