On le sait d’expérience, quand les grands médias du monde anglo-saxon prétendent s’intéresser au Québec, ils n’en comprennent pas grand-chose.
En bonne partie parce que de leur point de vue, le nationalisme des petites nations cache toujours une forme de tribalisme. En bonne partie, aussi, parce qu’ils s’alimentent auprès de la presse canadienne-anglaise pour savoir quoi penser du Québec, et qu’elle entretient à notre endroit des préjugés coloniaux.
Anglo-saxons
En gros, le monde anglo-saxon nous prend pour une incongruité archaïque – au mieux, pour une incongruité sympathique.
Il faut avoir tout cela en tête quand on apprend que The Economist, le magazine de référence des élites mondialisées, a cru bon de classer François Legault dans la famille politique des populistes occidentaux. On le compare même à demi-mot à Donald Trump.
Et pourquoi ? Parce qu’il entend réduire de 20 % les seuils d’immigration et proposer un test d’intégration minimal aux immigrés au Québec. Mais apparemment, selon nos savants journalistes de Londres, il n’en faut pas plus pour devenir un populiste – en d’autres mots, un infréquentable, peut-être même un type d’extrême droite.
Leçons
On en retiendra trois leçons. La première, c’est que le mot « populisme » est utilisé à tort et à travers aujourd’hui, même par ceux qui s’en prétendent experts. Il sert à étiqueter tous ceux qui dérangent un peu les valeurs multiculturalistes du système médiatique.
La deuxième, c’est que les Québécois devraient globalement se ficher du regard condescendant des Anglo-Saxons à leur endroit. Ils ne parviennent tout simplement pas à comprendre ce que veut dire être une petite nation francophone dans une fédération qui la nie et sur un continent qui est celui de l’empire américain.
La troisième, c’est qu’on devrait aussi se ficher de ce que les élites mondialisées pensent de nous. Pour elles, les peuples sont de trop dans le monde, et tant qu’ils existeront, on leur reprochera d’exister.