Le tigre de papier dont Trump devrait se débarrasser

86d4cfd4940459bdc9330363fe706916

Ce qui reste de l'OTAN

Lors d’une interview accordée à The Times en janvier dernier, le Président US Donald Trump a qualifié l’OTAN d’« obsolète ». L’opinion du Président reflète celle de plusieurs générations de gens aux USA et en Europe, qui, depuis la chute de l’Union Soviétique, s’interrogent sur le but de cette alliance militaire. À Bruxelles et à Berlin, pourtant, comme des singes dans la jungle, bureaucrates et intérêts particuliers s’agitent frénétiquement pour sauver la protection d’un tigre de papier.


L’OTAN est un tigre de papier, savez-vous ? Mais permettez-moi tout d’abord de préciser ce que veut dire cette expression pour les lecteurs trop jeunes pour l’avoir déjà entendue. « Tigre de papier » vient de la phrase chinoise zhilaohu (紙老虎), qui signifie « chose à l’aspect menaçant, mais creuse, sans pouvoir et inapte à relever un défi ». C’est le cas de l’Organisation du Traité de l’Amérique du Nord (OTAN). Depuis sa création en 1949, cette alliance militaire n’a prouvé qu’une chose, son inefficacité en tant que force de maintien de la paix, sa totale incapacité à servir le but pour lequel elle était destinée. Pour l’OTAN, ses membres dépensent 70% de l’argent alloué à l’armée et à la défense, et cette organisation n’a jamais gagné une guerre ou empêché le chaos. L’OTAN est surtout un asile pour guerriers futiles en fauteuil et un club de loisirs pour bureaucrates inutiles.


Le premier secrétaire général de l’OTAN, Lord Ismay, l’assistant militaire en chef de Winston Churchill, déclara en 1949 que l’objectif de l’organisation était « d’empêcher les Russes de venir, garder les Étasuniens dedans et maintenir le contrôle sur les Allemands. » Peu de choses ont changé en presque sept décennies, sauf que les Allemands sont les plus forts et la plupart des Européens faibles. Ah ! et aussi le fait que les USA puissent bientôt sortir. Quant à la Russie qui veut venir, aucune preuve convaincante ne montre qu’elle a besoin d’une chose européenne, à part l’argent du gaz. Par ailleurs, l’histoire de l’efficacité de l’OTAN en matière militaire est douteuse. Au mieux, dans la pire situation, l’OTAN mène à la catastrophe. Permettez-moi de clarifier cela pour vous.


Les civils qui entendent aujourd’hui les noms fantaisistes des missions et des manœuvres, pensent probablement que les rôles de défense de l’OTAN et du CENTCOM sont des scénarios hollywoodiens. Mais les manœuvres et les noms aux sonorités énigmatiques ont toujours fait partie de la mystique de l’OTAN. Mainbrace fut la première manœuvre commune. Elle réunissait 200 navires et plus de 50 000 soldats pour des exercices de défense du Danemark et de la Norvège. Ensuite, il y a eu les manœuvres Grand Chelem et Longstep. Plus tard, quand la Yougoslavie a été détruite, l’Opération Deny Flight. La toute dernière opération, Unified Protector, a vu le régime de Libye changé. Si l’OTAN a mené à bien des missions de guerre, ce sont les nettoyages de la Yougoslavie et de la Libye qui ressemblent le plus à des réussites. L’OTAN a été fortement développée juste avant le déclenchement de la guerre de Corée, mais comme elle est supposée être une alliance de défense, elle n’a eu dans son histoire aucun rôle actif dans un conflit majeur. À toutes fins pratiques, l’alliance des forces armées n’a pas d’expérience approfondie du champ de bataille. Pour surmonter cela, c’est la puissance militaire US qui fait l’OTAN, avec des jeux de guerre amusants et galvanisant dans les campagnes d’Europe de l’Est. Aussi peu fier que cela puisse paraître, je vous assure que c’est la chose la plus proche de la vérité que vous entendrez à l’extérieur du bureau ovale de Trump.


La plupart des gens ne savent pas que l’Union soviétique a vraiment demandé de rejoindre l’OTAN en 1954, mais elle a été repoussée. Peu de lecteurs savent que l’alliance du Pacte de Varsovie des États soviétiques n’existait même pas avant que l’OTAN n’intègre l’Allemagne de l’Ouest en 1955. Et je parie qu’aucun lecteur de cet article ne connaît la résolution 48 de l’OTAN. Ce document dit que l’OTAN doit utiliser les armes atomiques dès le début d’une guerre avec l’Union soviétique, que les Soviétiques aient ou non choisi de les utiliser d’abord. Ce que cela signifie, mes amis, c’est que s’il y a un vague sentiment de déclaration de guerre, les membres de l’OTAN peuvent lancer une première attaque nucléaire contre la Russie. Toute incursion de quelque nature que ce soit, des mesures contre l’Ukraine, par exemple, peut être prise pour une agression de guerre. Mais, bien sûr, j’utilise ici un cas de scénario libéral. Bien que mon point de vue soit bien établi.


Tous ces billions de dollars dépensés en uniformes, chars, avions, navires, artillerie, munitions, gaz et voyages dans le monde entier du commandement de l’OTAN, l’ont été en pure perte ! L’OTAN ne peut pas arrêter une vraie invasion de l’Europe par les Russes – pas sans une réponse nucléaire massive. C’est la vérité la plus garantie que vous aurez lu au cours des trois dernières années, je vous l’assure.


C’est par ses actions que l’OTAN a entamé et déclaré le début de la guerre froide. Bien que les intentions et les actions soviétiques avant l’expansion de l’OTAN n’étaient certes pas amicales, rien n’indiquait qu’ils voulaient la guerre à tout prix. À l’Ouest, les intentions honorables de quelques-uns furent manipulées afin de perpétuer les conflits dans le monde. C’est ma conviction. C’était aussi celle de l’ancien commandant des alliés pendant la Seconde Guerre mondiale. Il devient plus tard le Président Dwight D. Eisenhower, et il exprima sa pensée lors de son fameux discours d’adieu, en janvier 1961. Lors de cette allocution exceptionnelle, l’ancien président et général cinq étoiles mit en garde la nation et le monde contre la puissance du « complexe militaro-industriel ». Cette allocution télévisée est entièrement disponible ici. Le président Eisenhower a aussi alerté contre d’autres dangers que nous voyons se manifester aujourd’hui, mais je vous suggère de regarder son discours tout entier et de le mettre en corrélation avec les problèmes actuels. La question ici, c’est que l’OTAN est le bras du complexe militaro-industriel, et personne ne peut prouver le contraire.


L’OTAN provoque des conflits, au lieu de les raréfier ou de les résoudre. Le fait qu’une « solution nucléaire » ait toujours été sa seule vraie défense, nous indique que nos dirigeants ont toujours su l’inutilité des forces conventionnelles. Nous voyons aussi cela se manifester dans le bouleversement de la stabilité du fait des USA, et leur rôle déloyal en soutenant l’OTAN. Mais la situation de dépendance envers les USA est bien pire que ce que voudraient nous voir penser les grands médias ou la plupart des dirigeants européens. Nous avons tous été subtilement alertés par le dysfonctionnement de l’armée allemande, par exemple, après que la chancelière Angela Merkel a promis que des avions de reconnaissance participeraient à la bataille contre ISIL, et que de rares avions utilisables ont pu être trouvés pour le faire. Ainsi, quand le quotidien Bild a révélé que six des jets Tornado allemands envoyés en Syrie ne pouvaient pas voler la nuit, à cause de la lumière dans le poste de pilotage, trop forte pour les yeux des pilotes, il est devenu clair que les jours de gloire de la puissante Luftwaffe allemande sont depuis longtemps révolus.


Je m’en prends à l’Allemagne à cause de sa situation particulière dans l’UE. L’Allemagne est la nation la plus prospère de l’UE et c’est aussi le plus grand fournisseur d’armes de la région. Que nous indique le fait que le troisième plus grand exportateur d’armes du monde possède une armée aussi pitoyable ? L’année dernière, Hans-Peter Bartels, l’ombudsman parlementaire allemand chargé de superviser les forces armées du pays, a déposé un rapport sur la Bundeswehr allemande. Il disait qu’elle est « faible, démoralisée et remplit péniblement ses missions avec un équipement défectueux. » Bartels a aussi constaté que parmi les 114 avions Eurofighter, les jets de haute technologie allemande, à peine 38 sont encore opérationnels, et parmi les 93 chasseurs Tornado du pays, seulement 29 sont en état de voler.


Ainsi, quand le ministre de la Défense allemande, Mme Ursula von der Leyen, a demandé à l’OTAN et aux USA d’adopter une approche commune à l’égard de la Russie, sa déclaration était plus un prétexte pour conserver son job que concernant nos « intérêts, principes et valeurs communs. » Ces bureaucrates, chargés de jeter de la poudre aux yeux en adoptant des postures bidons sur la défaite ISIL et le maintien à distance de l’ours géant russe, ne font rien, à part parler. De son point de vue de businessman, le Président Trump sait que l’OTAN est obsolète – l’argent pourrait être dépensé pour de meilleures armes nucléaires et davantage de routes. Voilà la simple réalité. L’OTAN est obsolète, elle l’a toujours été. Cette entreprise humaine ne sert absolument à rien, si ce n’est l’holocauste nucléaire dont a eu toujours besoin la défense de l’Europe.


NEO, Phil Butler


Phil Butler, est chercheur et analyste en politique, politologue et expert sur Europe de l’Est, exclusivement pour le magazine en ligne New Eastern Outlook.


Original : journal-neo.org/2017/03/13/nato-a-paper-tiger-trump-should-dump/

Traduction Petrus Lombard



Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé