L’adhésion de Pierre Karl Péladeau au Parti québécois, accompagnée d’une vigoureuse profession de foi souverainiste, a créé une profonde onde de choc politique et provoqué le retour de la polarisation entre fédéralistes et souverainistes et entre la gauche et la droite.
Rarement l’entrée d’une personnalité sur la scène politique aura eu un tel effet. Il aura suffi d’à peine quelques heures à Pierre Karl Péladeau pour détourner le cours du débat. On ne connaît pas encore la suite des choses, mais on est tenté de comparer son arrivée à celle des « trois colombes » au Parti libéral du Canada en 1965, comme on avait surnommé les candidatures des Pierre Elliott Trudeau, Jean Marchand et Gérard Pelletier. Sauf que Pierre Karl Péladeau n’est pas vu comme une colombe. Aux yeux de la gauche comme des fédéralistes du Québec et du reste du Canada, il serait plutôt un faucon qui par sa seule présence vient troubler la quiétude des uns et des autres.
Comme pour les trois colombes, l’adhésion de l’ancien président de Québecor au Parti québécois est porteuse de symboles. Les trois colombes étaient des militants progressistes qui, d’une part, se joignaient à un parti politique centriste et qui, d’autre part, adhéraient à une vision du Canada que les Québécois commençaient à rejeter par ailleurs. Pierre Karl Péladeau vient à l’opposé apporter un appui au mouvement souverainiste et à un parti progressiste honni pourtant par le grand capital dont il est issu.
Ce seul geste n’est toutefois pas de nature à changer le cours des choses de façon marquante, même si ces six derniers jours il y a eu un effet PKP. En réalité, la profession de foi souverainiste de l’homme d’affaires a pu susciter un fort degré d’enthousiasme chez les souverainistes et marquer le retour au bercail des « souverainistes déçus », mais elle n’a pas créé un nouvel appétit des Québécois pour la tenue d’un référendum. Les résultats du sondage Léger-Le Devoir publiés ce samedi montrent un raffermissement du vote péquiste, mais aucune variation significative par ailleurs quant à l’appui à la souveraineté ou à la tenue d’un référendum. Par contre, elle a provoqué un retour manifeste de la polarisation entre souverainistes et fédéralistes qui a profité au Parti libéral.
Les stratèges péquistes ont sans doute surévalué les effets de la candidature de M. Péladeau, et mal préparé son arrivée. Le montre la perte de contrôle de l’ordre du jour passé aux mains des partis d’opposition et des médias avec la controverse autour des conflits d’intérêts potentiels dans lesquels il pourrait se retrouver une fois devenu ministre. La première ministre Pauline Marois l’a compris en tentant de ramener, sans trop de succès, l’attention sur « les vraies affaires » que sont le développement économique, la santé, l’éducation.
Le véritable effet PKP ne se mesurera qu’à moyen terme. Il lui faut d’abord revêtir les habits de l’homme politique qu’il est devenu. Son statut de vedette, à qui on a sans doute promis un superministère, ne peut que déranger, tout comme sa vision des enjeux socio-économiques qui n’est pas conforme à la culture majoritaire de son parti. Il lui faut s’imprégner de la culture de son nouveau parti, dont une partie des militants gardera envers lui une part de méfiance en raison de ses origines, ce qu’a vécu François Legault lorsqu’il était péquiste.
L’ambition de Pierre Karl Péladeau de faire du Québec un pays passe par une exigence très prosaïque qui consiste à se faire élire et à contribuer à faire réélire le Parti québécois. Si on lit bien les résultats du sondage Léger, le temps presse. La perception qu’ont les Québécois de Philippe Couillard ne s’est pas tant améliorée ces derniers jours, mais le Parti libéral a gagné quelques points. Son insistance sur « les vraies affaires » lui rapporte. Une victoire libérale, sans être acquise, n’est pas à écarter.
PARTI QUÉBÉCOIS
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