L’année 2008 tire à sa fin. Elle vient tout juste de commencer et voilà qu’elle s’envole tout aussi rapidement qu’elle est venue. La nouvelle année se pointe et voilà que le monde oubliera vite qu’elle est arrivée et que bientôt elle s’en ira, elle aussi, tout aussi vite qu’elle est apparue. L’euphorie du nouvel an s’estompera rapidement. Dès le 2 janvier, la vie routinière reprendra ses droits. Chacun s’apercevra, une fois de plus, que le temps d’un nouveau commencement n’était en fait que la poursuite de ce qui était déjà là.
«Qu’est-ce donc que le temps, disait le philosophe africain Saint-Augustin, mort en 430 ? Si personne ne m’interroge, je le sais; si je veux répondre à cette demande, je l’ignore. Et pourtant j’affirme hardiment, que si rien ne passait, il n’y aurait point de temps passé; que si rien n’advenait, il n’y aurait point de temps à venir, et que si rien n’était, il n’y aurait point de temps présent. Or, ces deux temps, le passé et l’avenir, comment sont-ils, puisque le passé n’est plus, et que l’avenir n’est pas encore? Pour le présent, s’il était toujours présent sans voler au passé, il ne serait plus temps; il serait l’éternité. Si donc le présent, pour être temps, doit s’en aller en passé, comment pouvons-nous dire qu’une chose soit, qui ne peut être qu’à la condition de n’être plus? Et peut-on dire, en vérité, que le temps soit, sinon parce qu’il tend à n’être pas?»
Le temps est une dimension de l’être humain. Il exprime la situation éphémère de la créature humaine. S’attacher aux choses de ce monde coulées dans le temps ne peut qu’engendrer déception, car les choses de ce monde ne sont qu’écoulement vers le néant. L’être humain, dans le temps, aspire à plus que ce que le temps lui offre. Le but du pèlerinage sur terre n’est pas d’amasser des choses puisque toutes ces choses finiront pas ne plus être et tomber dans l’oubli ou la décrépitude. Tendu vers quelque chose de permanent, l’être humain cherche un Absolu qu’il arrive bien difficilement à définir. Il lui manquera du temps pour arriver à bien le circonscrire.
Jadis, le temps du Nouvel An permettait, à l’intérieur de la famille, de signifier, l’espace d’un instant, ce permanent qui échappait au temps. Les embrassades familiales, contenaient un espace ouvert sur autre chose que la grisaille du temps présent. Nos ancêtres se souhaitaient «le paradis à la fin de leurs jours». C’était dire, en mots simples, que le temps s’ouvrait sur autre chose que l’anéantissement du monde des choses. Les «vieux» en savaient bien plus sur le monde à venir que bien des gens, aujourd’hui, bien instruits mais enfermés dans un présent qui leur échappe, un passé qu’il regrette et un futur incertain.
Les prédictions pour 2009 sont mauvaises, très mauvaises. Les temps seront-ils mauvais? Soyons bons et les temps seront bons. Car nous sommes le temps.
Le temps fuit…
Les prédictions pour 2009 sont mauvaises, très mauvaises
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2 commentaires
Jean-François-le-Québécois Répondre
4 janvier 2009Vous avez bien raison, monsieur Turcotte: tempus fugit...
Mais, suis-je inquiet, face aux prédictions concernant 2009...?
Comment vous dire... je suis dans un état d'esprit tel, depuis que j'ai vu de près le 400e de Québec nous être volé (vivant à Québec), que je pense que 2008 était une année charnière. Une année décisive. Probablement plus que ne le sera 2009, je le crains.
Est-ce que c'est parce que je pense que 2008, fut le début de la fin? Pas exactement...
Non, c'est qu'après notamment que Harper ait réécrit notre histoire à sa façon, alors que Michaëlle Jean se servait de nous comme d'un vrai marche-pied, et que John James Charest ait déclenché des élections dont personne ne voulait... nous avons donné un troisième mandat à ce dernier personnage!!! J'avais peine à la croire!
Je me dis que 2008, ce fut l'année où beaucoup de Québécois ont abandonné le combat, pour les uns, ou se sont enfoncés plus profondément dans l'incompréhension, pour les autres.
Il semble à mes yeux, qu'un certain processus fut entamé. On dirait que nous avons perdu la capacité de nous indigner; de nous rallier; je ne sais trop, mais on dirait que les choses ne sont plus comme elles étaient, à l'époque où, jeunot, je participais à la manifestation sur la colline parlementaire, à l'automne 1992...
Je crois toujours que nous devrions nous donner à nous-mêmes un pays! Je vais continuer à voter en ce sens. Mais je me sens las... J'ai presque envie de lancer la serviette...
Ça fait tellement mal, quand tu vois ton peuple participer à sa propre extinction progressive...
Archives de Vigile Répondre
31 décembre 2008Il nous faut donc revenir à l'essentiel, ce qui veut dire
l'Existence et l'Être. Pour le nouvel an, je recommande
l'ouvage suivant aux intellos du monde qui s'accrochent
encore à l'absolu de l'abstrait:
Martin Buber: Je et Tu. Chez Aubier. C'est un ouvrage qui
se lit un paragraphe à la fois.
Salutations
René Marcel Sauvé