Patrimoine

Le sort réservé à la maison natale de Lionel Groulx dénoncé

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Contre les promoteurs, il faut défendre le patrimoine


La Fondation Lionel-Groulx, Héritage Montréal et la Fédération Histoire Québec déplorent le mauvais sort fait à la maison natale de Lionel Groulx, cet historien en soutane qui à sa mort, en 1967, était encore considéré comme « l’historien national » du Québec. La Fondation Lionel-Groulx, vouée à la promotion de l’histoire, va jusqu’à parler, dans une lettre qu’elle vient d’adresser à la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, d’un « saccage du site du patrimoine de la Maison-du-Chanoine-Lionel-Groulx érigé en 1872 ». Cette maison paysanne, conservée avec ses bâtiments agricoles d’époque, est située dans la municipalité de Vaudreuil, à proximité du lac des Deux-Montagnes.


Par le passé, pour préserver de tels bâtiments, la ministre Roy a souvent affirmé que les municipalités avaient aussi, en vertu de la loi, des pouvoirs pour citer et encadrer. La Fondation Lionel-Groulx estime que cela, à l’évidence, ne suffit pas. Car bien que cité par la municipalité, le site champêtre fait désormais l’objet d’un morcellement qui rend possible la construction domiciliaire.


La citation de la municipalité, indique la Fondation, devrait assurer « la protection de l’enveloppe extérieure des constructions et du terrain, ce qui n’est malheureusement pas le cas comme nous pouvons le constater ».


La lettre de la Fondation est appuyée par une vingtaine de signataires, dont Lisa Baillargeon, directrice de l’Institut du patrimoine de l’UQAM, Léopold Beaulieu, président de l’Institut québécois des métiers patrimoniaux du bâtiment, Yves Bergeron, titulaire de la Chaire sur la gouvernance des musées de l’UQAM, Louis Tremblay, président des Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec, de même que l’avocat Maxime Laporte, président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal.


Ces signataires pressent la ministre Roy d’agir. « Le temps presse puisque la subdivision acceptée par la ville n’a pas encore reçu l’approbation de votre ministère. Voilà pourquoi nous vous demandons de surseoir à cette décision et, du même souffle, de rapatrier la responsabilité de la préservation du site du patrimoine de la Maison-du-Chanoine-Lionel-Groulx au ministère de la Culture et des Communications en modifiant le statut du site pour qu’il soit désormais classé patrimonial, plutôt que cité. »



Le temps presse puisque la subdivision acceptée par la Ville n’a pas encore reçu l’approbation de votre ministère




 

L’urgence d’agir


La Fédération Histoire Québec (FHQ) dénonce de la même façon cette situation de son côté. Dans une autre lettre adressée à la ministre de la Culture, la FHQ indique que « la valeur patrimoniale du site tient au milieu naturel qui l’entoure et aux bâtiments agricoles situés à proximité, formant un tout qui lui conserve son cachet ancien ». La FHQ s’appuie sur près 300 sociétés membres qui, dans toutes les régions du Québec, se consacrent à l’histoire et au patrimoine.


Héritage Montréal insiste aussi sur l’urgence d’agir. Elle indique que la Ville de Vaudreuil a été sollicitée à plusieurs reprises pour contribuer à la sauvegarde de ce site qu’elle a pourtant elle-même cité. Or, « la propriété a été laissée à l’abandon pendant les cinq dernières années sans que la Ville se soucie du fait qu’il s’agissait d’un bien patrimonial cité », écrit Héritage Montréal dans une mise à jour publiée sur son site.


Toujours selon Héritage Montréal, la municipalité de Vaudreuil a désormais autorisé une subdivision du terrain « sans considérer que de nombreux arbres devront être abattus afin d’y construire deux nouvelles résidences, très près de la maison patrimoniale, ce qui en détruirait complètement le cachet et les caractéristiques de ce site d’exception protégé ».


Pour sa part, la Fondation Lionel-Groulx souligne que plusieurs organismes voués à la promotion et à la défense de l’histoire et du patrimoine du Québec s’interrogent sur le manque d’attention porté jusqu’ici à ce rare ensemble qui constitue un marqueur historique. Elle signale que même l’ancien député de la région, Paul Gérin-Lajoie, connu pour avoir occupé le tout premier fauteuil de ministre de l’Éducation, avait dénoncé le mauvais sort fait à cette maison par les pouvoirs publics.



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